La décision de Delhaize de franchiser ses magasins inquiète Colruyt: l'entreprise dénonce une "concurrence déloyale"

Le choix du groupe Delhaize de "franchiser" ses magasins inquiète le groupe Colruyt. Dans une lettre au ministre du travail, il dénonce un risque de "concurrence déloyale", entre les chaînes de supermarchés, notamment au niveau des coûts salariaux. Pour éviter cela, Colruyt plaide donc pour une réforme, en profondeur, du secteur de la grande distribution.

En plus de la direction et des syndicats, un nouvel acteur fait son apparition dans le conflit chez Delhaize. L'un de ses principaux concurrents: le groupe Colruyt. Il critique donc la décision de Delhaize de franchiser ses 128 magasins. "Cette situation est préjudiciable aux véritables petits indépendants: le boulanger, le boucher, le petit détaillant indépendant, mais aussi aux chaînes intégrées", peut-on notamment lire dans la lettre.

En Belgique, le commerce de détail est régi par cinq commissions paritaires différentes, avec chacune ses spécifiticités. Par exemple: un employé dans un supermarché franchisé (dans la commission paritaire 201) gagnera 2300 euros brut par mois. A poste égal, dans un magasin intégré (commission paritaire 202), il gagnerait 2700 euros brut. Colruyt souhaiterait réduire ces différences.

"Colruyt a un handicap au niveau de la charge sociale car il travaille avec des magasins intégrés où la totalité du coût social, donc ce que paie la société, pèse entre 25 et 30% plus cher", explique Pierre-Alexandre Billiet, spécialiste de la grande distribution.

Colruyt, dernier acteur belgo-belge de la grande distribution, exploite la grande majorité de ses magasins dans un modèle intégré. C'est moins le cas de ses concurrents. En Belgique, 621 Carrefour sont franchisés (sur 705 magasins), 48 des 73 Albert Heijn du pays aussi. 

La tendance va-t-elle s'étendre à l'ensemble du secteur? "Certains types de supermarchés s'y prêtent beaucoup moins à la franchise, c'est-à-dire le hard-discount, le modèle allemand (Aldi et Lidl), qui est plutôt un modèle militaire où il y a peu s'espace pour l'entrepreunariat, la liberté, la créativité", indique Pierre-Alexandre Billiet

Colruyt appelle à harmoniser les différentes commissions paritaires qui régissent la grande distribution en Belgique. Une réforme qui nécéssiterait un accord des interlocuteurs sociaux (fédération patronale et syndicats). Les négociations sectorielles s'ouvrent dans un peu plus de deux semaines.