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L'Europe veut réduire l'usage de pesticides, encore très présents dans l'eau que nous consommons: la Fédération wallonne de l'Agriculture s'y oppose

L’Europe prévoit de réduire de 50 % l’usage de pesticides d’ici 2030. Mais pour la Fédération wallonne qui regroupe plusieurs associations environnementales, il faut aller plus vite, notamment en interdisant l’usage de ces pesticides dans les zones de captages.

Les captages d'eau souterraine, une ressource trop peu protégée. C'est du moins l'avis des défenseurs de l'environnement, qui réclament une interdiction de l'usage des pesticides dans ces zones particulières. "Chaque captage d'eau qui est destinée à la distribution d'eau publique est protégé par une zone dans laquelle toute une série d'activités sont limitées ou interdites. Mais il n'y aucune limitation à l'utilisation de pesticides, donc vous pouvez utiliser exactement la même quantité de pesticide dans cette zone qu'en-dehors de cette zone", déplore Agathe Defourny, chargée de mission "ressources" chez Canopéa et ingénieure hydrogéologue. 

En Wallonie, 7 des 34 masses d'eau souterraine présentent des concentrations de pesticides trop importantes. Un constat, particulièrement interpellant au nord du sillon Sambre et Meuse, où on trouve les grandes cultures. Mais pour la Fédération wallonne de l'Agriculture, une interdiction générale des pesticides dans les zones de captage n'est pas souhaitable. "C'est aussi important de garder le volet production. Au final, le but est quand même de produire et garantir le revenu de l'agriculteur. Donc, il faut que ce soit vraiment discuté et peut-être que ce n'est pas nécessaire d'interdire tout si ça ne concerne qu'une seule molécule. C'est déjà possible de venir avec certaines restrictions au cas par cas", développe Céleste Quaghebeur, conseillère en production "bio" et gestion de l'azot à la Fédération wallonne de l'Agriculture (FWA).

Actuellement, 16% du volume des eaux souterraines captées doivent être traités pour éliminer pesticide et nitrate. Limiter l'usage de ces produits serait donc une bonne chose pour les distributeurs. "Ces pesticides qui se retrouvent dans l'eau arrivent également dans les eaux de surfaces donc ça impacte les écosystème. Ça pose aussi des problèmes de gestion de la part du distributeur qui doit soit abandonner les captages, soit traiter l'eau qui s'y trouve, soit encore mélanger cette eau avec une eau d'une autre provenance. Tout cela génère des coûts qui sont évitables", explique Cédric Prévedello, conseiller scientifique d'Aquawal.

"Cela, pour nous, c'est vraiment un problème majeur que ce soit le consommateur qui paie pour la dépollution de cette eau alors qu'il n'est pas responsable pour la pollution initiale", rajoute Agathe Defourny, chargée de mission "ressources" chez Canopéa et ingénieure hydrogéologue.

80% de l'eau sortant du robinet provient de notre sous-sol. Sans remettre en cause sa qualité, les défenseurs de l'environnement réclament de transparence à son sujet.

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