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"On a l’impression que la grue va tomber": perché dans le ciel, Pierre exerce un métier exceptionnel et... en pénurie

Dans le secteur de la construction, 14.000 emplois sont à pourvoir. Parmi eux, celui de grutier. Un métier entre ciel et terre interdit à ceux qui sont sujets au vertige. Ce n’est pas le cas de Pierre que nous avons rencontré au sommet de sa grue.

Une grue domine le centre de Liège depuis des mois. Pour atteindre la cabine à plus de 30 mètres de haut, il ne faut pas avoir le vertige. Une montée périlleuse de 10 minutes pour passer les paliers d’échelles tous les 5 mètres. Arrivé au sommet, Pierre est enfin chez lui. "Je suis fatigué, mais ça va c’est une fois par jour", souligne le grutier, le sourire aux lèvres. 

Depuis 18 ans, il travaille perché dans le ciel. "On commence par se mettre à l’aise au maximum. Je vais rester assis toute la journée, donc il faut être le plus à l’aise possible. J’enlève mes chaussures pour ne pas salir toute la cabine. C’est exigu, donc c’est assez compliqué à nettoyer", souligne Pierre. 

"C’est très impressionnant les premières fois"

La formation de grutier dure 3 mois et l’emploi est garanti. "C’est très impressionnant les premières fois parce que les machines plient. Il faut leur faire confiance. On est très haut. Au début, on a en permanence l’impression que la grue va tomber. Et ce n’est qu’une question de confiance dans la machine évidemment et de confiance en soi aussi", explique le grutier. 

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"Cela affiche 800 kilos ici", indique Pierre à son collègue via un talkie-walkie. Le travail se fait en duo. Une liaison radio permet au grutier de rester en contact avec le sol pour un guidage au millimètre. Un exercice difficile lorsque la rue se trouve de l’autre côté du bâtiment. "Par chance, on a équipé la grue d’une caméra qui me permet de pouvoir voir à l’arrière du bâtiment ce que je suis en train de faire", explique-t-il. 

Pour son collègue Thierry, ancien maçon, la grue est essentielle sur un chantier pour éviter de porter des charges lourdes. "Une fois que c’est la grue qui porte, ce n’est plus moi, donc forcément cela ménage les articulations", confie l’ouvrier en souriant. 

C’est peut-être l’une des seules fois où j’ai vraiment eu peur

A l’aise dans ses chaussettes, ce père de famille de 43 ans, n’a pas la peur du vide. Il est la vigie du chantier. "J’ai le souvenir d’un très gros coup de vent qui est survenu soudainement dans une grue qui était très haute. Le problème, c’est que le vent, on ne le voit pas arriver et j’ai eu une rafale de 160Km/h devant qui a fait carrément un peu plier la grue. C’est peut-être l’une des seules fois où j’ai vraiment eu peur", confie le quadragénaire. 

Dans cette grue de dernière génération, le système de guidage intègre des zones d’exclusion, comme une cour d’école. 

14.000 emplois à pouvoir dans le secteur

Selon la fédération de la construction, il y a 14.000 emplois à pouvoir dans le secteur. Les filières de formation sont insuffisantes. "Le problème que l’on rencontre, c’est souvent un problème de motivation et de tenue sur la durée. On a des gens qui viennent parfois 2 jours et puis qui plient bagage. On est à la recherche d’électriciens, des mécaniciens. Tous des métiers dans lesquels on est en recherche quasi permanente", indique Brieuc Polet, directeur des ressources humaines chez Wust. 

Aujourd’hui, 8 entreprises sur 10 peinent à trouver des collaborateurs. Chaque poste est essentiel notamment le grutier. Son salaire varie entre 1.600 et plus de 2.100 euros nets en fonction de son expérience. Un revenu auxquel s’ajoute diverses primes. Un métier qui demande de la dextérité et l’esprit pratique.
 

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