Accueil Actu Belgique Société

Procès des attentats de Bruxelles: l'audience suspendue à deux reprises durant 2 heures ce mardi

Si la journée de mardi a permis aux procureurs fédéraux d'achever la lecture de leur acte d'accusation, long de près de 500 pages, devant la cour d'assises de Bruxelles, elle aura aussi et surtout été marquée par deux longues suspensions d'audience, en matinée et en après-midi. Depuis une semaine, dix accusés - dont un fait défaut et est présumé mort - sont jugés pour leur participation présumée aux attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, qui avaient fait 32 morts.

L'audience a débuté mardi matin, vers 09h30, par le constat de l'absence de deux accusés détenus, Salah Abdeslam et Bilal El Makhoukhi. La présidente de la cour a expliqué que ces accusés avaient refusé de quitter la prison et qu'elle avait demandé à la police d'user de psychologie pour les convaincre d'assister tout de même aux débats. Une stratégie qui n'a donc pas fonctionné.

Si la police est autorisée à utiliser une force nécessaire et proportionnée pour forcer des détenus à assister à leur procès, elle n'a pas souhaité en faire usage cette fois-ci, échaudée par l'incident de jeudi dernier, lors duquel l'accusé Ali El Haddad Asufi, qui avait raconté avoir été étranglé par un policier lors de son extraction de la prison de Haren en vue de son transfert au bâtiment Justitia.

Après avoir fourni quelques explications juridiques quant à l'ordonnance de prise de corps aux jurés, la présidente a ensuite refusé de donner la parole à Mohamed Abrini, accusé dans ce procès, mais également à Me Nicolas Cohen, avocat de Bilal El Makhoukhi, ayant compris qu'il souhaitait commenter ces explications de procédure. La présidente de la cour d'assises a ensuite suspendu l'audience vers 09h50, pensant que Bilal El Makhoukhi n'était plus représenté par un avocat. Face à ce qui s'est avéré être un malentendu, elle a demandé l'intervention du bâtonnier. Après entretien avec celui-ci et Me Nicolas Cohen, l'avocat de Bilal El Makhoukhi, la situation a finalement pu être réglée.

Après près de deux heures d'interruption, ayant permis à la présidente de s'entretenir avec l'ensemble des avocats de la défense et des parties civiles, le procès avait finalement pu reprendre peu avant midi, permettant aux procureurs fédéraux de finir de dresser le portrait des frères Farisi, les deux accusés comparaissant libres dans ce procès. L'après-midi devait être consacrée à la lecture de l'acte de défense de Delphine Paci, qui défend Salah Abdeslam, ainsi qu'aux déclarations d'autres avocats de la défense. Les procureurs fédéraux devaient également revenir sur certains points de leur acte d'accusation, apportant des précisions à la suite de décisions judiciaires tombées cette année concernant les attentats commis à Paris le 13 novembre 2015, par la cour d'assises spéciale de Paris et le tribunal correctionnel de Bruxelles.

Si Me Paci a pu prendre la parole, demandant au jury de "ne pas confondre Paris et Bruxelles" et esquissant sa stratégie axée sur le fait que son client était incarcéré au moment des attentats du 22 mars 2016, et que le procureur fédéral a pu entamer son sujet d'accusation, la présidente a une nouvelle fois interrompu l'audience vers 15h30. En cause : le procès-verbal dressé à la suite de l'absence de MM. Abdeslam et El Makhoukhi à l'audience. Ce PV a été rédigé de manière anonyme et une enveloppe fermée y a été jointe, contenant les noms des policiers impliqués dans la procédure de transfert des deux accusés détenus.

La présidente de la cour a demandé aux procureurs fédéraux s'ils souhaitaient tout de même verser cette pièce au dossier, malgré l'enveloppe. Ces derniers lui ont répondu par l'affirmative et Laurence Massart s'est donc exécutée, rendant de facto les documents accessibles aux différentes parties au procès. Quelques dizaines de minutes plus tard, ayant des doutes sur l'interprétation des procureurs fédéraux, elle a finalement décidé de suspendre l'audience afin de vérifier certains articles du code d'instruction criminelle.

Après près de deux heures de suspension, la présidente a finalement prononcé une ordonnance, plaçant sous scellés cette enveloppe, restée fermée. Elle ne sera donc pas consultable par les parties, pour éviter que l'identité des policiers, membres des unités spéciales, ne puisse être révélée. Le PV reprenant l'audition a, lui, été joint au dossier. Au vu de l'heure, la présidente a ensuite décidé de suspendre l'audience, vers 17h30. Le procès reprendra lundi prochain, 19 décembre, avec la poursuite de la lecture du sujet d'accusation et les déclarations de défense.

Les audiences de mercredi et jeudi avaient en effet été suspendues en raison de la tenue d'un sommet européen à Bruxelles, qui nécessite une forte présence policière dans la capitale.

À lire aussi

Sélectionné pour vous