Accueil Actu Belgique Société

Signé Giltay: l'ancien évêque pédophile Roger Vangheluwe réduit à l’état laïc, "C’est bien tard, trop tard"

La réduction à l'état laïque, ou plutôt le renvoi de l'état clérical, comme le dit le droit canon, est la plus grave sanction que peut appliquer l'Église catholique à un prêtre. C'est extrêmement rare, surtout pour un évêque. 

Le précédent le plus connu est celui du cardinal américain Theodore McCarrick, renvoyé en 2019 pour des abus sexuels contre mineurs.

En avril 2010, quand il a reconnu avoir abusé sexuellement de son neveu, entre 1973, il avait alors 5 ans, et 1986, l'évêque de Bruges a présenté sa démission au pape Benoît, qui l'a acceptée. Une enquête judiciaire a été ouverte, mais en avril 2011, le juge d'instruction belge a dû reconnaître que les faits étaient prescrits. De même, au Vatican, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, l'ancienne inquisition, a estimé également que les délais étaient dépassés pour un procès canonique. Il décide néanmoins que l'évêque déchu doit quitter la Belgique, suivre un traitement psychologique et un accompagnement spirituel. Il va donc s'en aller et résider successivement dans deux abbayes en France, principalement celle de Solem dans la Sarthe. Il ne peut plus lire la messe ni exercer son sacerdoce publiquement. Il garde néanmoins son titre d'évêque et son salaire versé par la Belgique, un traitement équivalent à celui d'un gouverneur à la retraite. 

Dès 2010, des voix s'élèvent pour demander une sanction plus sévère. Les victimes de prêtres pédophiles se mobilisent, mais rien n'y fait. 

En 2013, dès son élection, le pape François est mis au courant, mais rien ne bouge et les années passent. Même si les enquêteurs pontificaux et ceux de la justice belge racontent que lors de ses auditions, le prélat a toujours minimisé les faits, estimant que son neveu était consentant. Il a même déclaré à une chaîne de télévision flamande : "Je n'ai pas du tout l'impression d'être pédophile. C'était comme une petite relation. Naturellement, je savais que ce n'était pas bien et je l'ai confessé plusieurs fois"

Mais l'opinion publique, elle, ne lui a pas accordé l'absolution. L'affaire a été relancée quand d'autres victimes se sont manifestées. À partir de 2017, les évêques de Belgique, puis Alexandre De Croo, le Premier ministre, ont demandé son renvoi. Et finalement, le pape François a pris cette décision le 11 mars. Pour les victimes, c'est bien tard. Trop tard.
 

 

 

 

À lire aussi

Sélectionné pour vous