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Il a habillé Jean Paul II et Lady Gaga: Jean-Charles de Castelbajac, considéré comme le plus pop des stylistes, nommé lundi directeur artistique de Benetton, secoue la mode depuis près de cinquante ans avec des créations joyeuses et colorées.
Pour l'inventeur des manteaux-nounours et des vestes taillées dans des couvertures de pensionnat, prendre les commandes du style Benetton est "l'un des plus beaux challenges de (sa) vie", a-t-il confié lundi à l'AFP.
"Avec Benneton, on a le même challenge: faire des produits de qualité, accessibles à tous pour un style pop et démocratique chargé de positivisme", a ajouté cet apôtre du détournement.
Depuis ses débuts en 1968 pour l’entreprise de confection Valmont, fondée à Limoges par sa mère, Jean-Charles de Castelbajac, né en 1949 à Casblanca, a créé des vêtements en s'associant à de nombreux artistes, de Ben à Robert Combas, et de multiples marques, de Weston, à K-Way en passant dernièrement par Rossignol.
"L'art a inspiré ma mode, aujourd'hui la mode inspire mon art", résumait en février dernier le créateur de 68 ans au regard facétieux, à l'occasion de l'exposition d'une centaine de ses oeuvres dans une galerie parisienne.
- "style et démocratie" -
Les marques sont omniprésentes dans son oeuvre - sculptures, peintures - qui exprime son goût pour les logos, notamment pour le travail de Raymond Loewy, père du design industriel. Une fascination que "JCDC", issu d'une famille noble de Bigorre, rapproche de son intérêt pour les blasons pendant ses années de pension dans un château.
L'héraldisme lui a inspiré ses couleurs de référence - rouge, jaune et bleu -, constantes dans sa mode. En 1978, il a fait sensation avec un blouson composé d'une accumulation de gants de cuir avant des peluches, quelques années plus tard.
Ami de longue date de la styliste britannique Vivienne Westwood, Jean-Charles de Castelbajac, qui a été aussi un proche de Keith Haring et Malcolm McLaren, manager des Sex Pistols, a décroché une notoriété internationale en concevant en 1997 les vêtements liturgiques des prêtres, évêques et du pape Jean Paul II lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Paris.
Dans les collaborations avec des artistes plasticiens il apprécie "le mélange de deux histoires" et le "choc des contraires qui donne quelque chose de presque dadaïste".
Une attirance pour les contrastes qui lui vient également d'un souvenir d'enfance: "Mon père m'avait emmené à une chasse en Angleterre quand j'avais douze ans. J'avais été stupéfait par l'élégance du maître des lieux, qui était habillé en tweed de Savile Row mais portait des gants Mapa roses pour tenir son fusil sous la pluie!"
En 2002, pour le transfert au Panthéon des cendres d'Alexandre Dumas, Jean-Charles de Castelbajac a imaginé les chasubles des quatre mousquetaires.
Avec sa célèbre palette à la Mondrian, ce créateur qui aime dessiner à la craie des angelots éphémères sur les murs lors de ses promenades, a réalisé en 2015 une fresque monumentale qui habille le bâtiment principal de l'aéroport d’Orly.
"Je n'aurais jamais voulu faire de la haute couture ou du prêt-à-porter de luxe au XXIe siècle. Il y a une urgence qui s'appelle le style et la démocratie", a-t-il dit lundi à l'AFP.
"Je suis un homme et un créateur libre", ajoute le styliste qui a vendu sa griffe en 2016 au groupe coréen Hyungji. "Elle continue son chemin sans moi".