Le 7 mai dernier, une collision entre deux trams faisait 8 blessés à Bruxelles. Un tram de la ligne 3 avait tamponné l'arrière d'un tram de la ligne 7 avant d'entrer dans le tunnel situé entre les arrêts Van Praet et Heembeek. Il y a eu quatre blessés hospitalisés, dont le conducteur, dans le tram de derrière, ainsi que deux autres voyageurs du premier tram qui ont dû être évacués vers un hôpital.
Via notre bouton orange Alertez-nous, un conducteur s'offusque. Selon lui, cette collision aurait pu être évitée avec une "meilleure communication" entre les conducteurs. "Ce qui se passe actuellement pour nous conducteurs, c'est un manque de communication et information du réseau", nous assure-t-il.
Une radio pour échanger entre le dispatching et les conducteurs
Afin de comprendre comment fonctionne la communication entre les conducteurs de tram, nous interrogeons la Stib. Comme nous l'explique sa porte-parole, Françoise Ledune, le système est bien rodé.
Les rames de métro et les trams sont équipés d'une radio. Cette dernière permet une communication entre le conducteur et le dispatching. En fonction des cas, il existe plusieurs types de communications, comme nous l'explique la société de transports. Il est possible d'échanger avec un seul véhicule ou vers les véhicules d'une ou plusieurs lignes. La communication peut également être écrite sur la console du conducteur, nous informe Françoise Ledune.
Peu avant 19h ce vendredi 7 mai, le tram de la ligne 7 s'était immobilisé entre les arrêts Heembeek et Van Praet. La raison de cet arrêt soudain reste à déterminer. Lorsqu'un tram se retrouve à l'arrêt pour une raison quelconque, la procédure est claire, comme nous l'affirme la société de transports.
Les conducteurs sont tenus d’adopter une conduite défensive
Lorsqu'un problème survient, les véhicules des lignes impactées sont avertis par le dispatching. Le conducteur du tram qui a percuté l'autre avait-il été averti d'un problème sur la ligne ? Françoise Ledune nous signale que seules 3 minutes séparaient les deux véhicules. Le conducteur n'a donc pu être prévenu, en amont, de l'immobilisation d'un autre tram. "Il y a un délai. C’est pourquoi les conducteurs sont tenus d’adopter une conduite défensive et d’adapter leur vitesse aux circonstances imprévues pouvant se présenter. Le tram en surface est exploité comme un bus ou une voiture, cela signifie que les conducteurs roulent à vue. A l’endroit où l’accident s’est produit, une limitation de vitesse est d’ailleurs d’application", précise la porte-parole.
Notre témoin estime que la récente collision aurait pu être évitée "si la radio avait été ouverte", autrement dit si tous les conducteurs avaient accès aux messages adressés au dispatching. "Les conducteurs auraient écouté l'information et auraient eu connaissance du problème. Une meilleure communication aurait pu aider", estime-t-il. Pour la Stib, opter pour une telle pratique n'est pas souhaitable.
Laisser un canal de communication ouvert en permanence avec autant de véhicules sur un réseau aussi dense aurait plus d’inconvénients que d’avantages
Des messages permanents pourraient perturber l'attention du conducteur
"Laisser un canal de communication ouvert en permanence avec autant de véhicules sur un réseau aussi dense, comptant autant de ligne et avec autant de communications vers et depuis le dispatching aurait plus d’inconvénients que d’avantages. Trop d’informations ne permet en effet plus de distinguer l’information utile de celle qui ne l’est pas. Tous ces messages permanents perturberaient l’attention du conducteur sur sa route et sur ses passagers, voire pousseraient certains à éteindre la radio, ce qui aurait l’effet inverse que celui escompté", souligne Françoise Ledune.
De plus, dans le cas de la collision qui s'est produite ici, cela n'aurait pas aidé. En effet, la porte-parole nous explique que le conducteur du premier tram a effectué un appel silencieux vers le dispatching. Cette pratique est utilisée lorsque le conducteur se sent en danger et souhaite appeler à l’aide discrètement. Le dispatching entend alors tout ce qui se passe dans le véhicule et le localise sans que le conducteur n’ait besoin de parler dans sa radio.
La plupart des conducteurs savent que l’endroit est accidentogène
Afin de comprendre comment cette collision a pu se produire, une enquête a été ouverte, comme c'est le cas "pour chaque accident", précise Françoise Ledune. Avant d'ajouter: "La ou les causes y sont examinées et les remédiations possibles étudiées".
Le conducteur qui nous a contactés affirme que le virage où la collision a eu lieu est dangereux. La Stib nous confirme qu'il s'agit d'un lieu arboré en courbe où la visibilité est limitée. Il y a quelques années, un accident s'était déjà produit. "Une signalisation est en place limitant la vitesse, et un élagage régulier des arbres est pratiqué afin d’améliorer la visibilité. La plupart des conducteurs savent que l’endroit est accidentogène et redoublent de prudence lorsqu’ils l’empruntent", soutient la porte-parole. Avant d'ajouter: "L’enquête en cours déterminera si d’autres mesures peuvent améliorer la situation, sachant que le facteur humain reste essentiel".

