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C’est un vrai coup de gueule qu’Alexandra (prénom d'emprunt car elle veut garder l'anonymat), aide à domicile depuis 23 ans dans la province de Liège, a voulu faire passer en déclenchant le bouton orange Alertez-nous. Elle regrette que son travail, pourtant ô combien nécessaire pour le quotidien des personnes dont elle s’occupe, ne soit pas valorisé davantage en ces temps d'épidémie de coronavirus en Belgique.
En effet, sa profession fait partie des métiers de contacts médicaux et paramédicaux considérés comme nécessaires à la protection des besoins vitaux de la Nation (repris à l’annexe de l’Arrêté Ministériel, CP 330). Elle doit donc continuer à être exercée pendant ce confinement décrété pour limiter la propagation du coronavirus, renseigne le site du SPF (Service Public Fédéral) Santé.
Mais en quoi consiste la fonction d’aide à domicile?
Concrètement, cette jeune quadra dynamique nous raconte rendre visite régulièrement à environ une douzaine de foyers différents par semaine pour lesquels elle livre des prestations de différentes natures.
Elle nous décrit son quotidien : "Je m'occupe directement de la toilette des personnes, j’aide à la préparation des repas, j’aide les personnes à se rendre aux toilettes ou à changer leurs protections hygiéniques. Je dois régulièrement conduire des personnes à leurs rendez-vous médicaux dans mon véhicule personnel et me munir d’un équipement de protection. Nous sommes aussi un appui administratif, psychologique, moral. Nous travaillons la semaine et les week-ends, jours fériés inclus", insiste la jeune femme.
Elle nous décrit les profils des bénéficiaires de ces services: "Ce sont des personnes isolées, âgées, handicapées, frappées par la maladie ou la précarité, mais aussi parfois des personnes en convalescence ou en situation post-opératoire. Notre travail permet, entre autre, de désengorger les maisons de soins", assure l'aide familiale.
Ils sont nombreux à nous demander pourquoi les petits-enfants ne viennent plus
Un soutien important qui comporte des risques pendant cette pandémie
Selon Alexandra, pendant cette pandémie, le soutien psychologique assuré aux bénéficiaires doit être d’autant plus important. "Ils sont nombreux à nous demander pourquoi les petits-enfants ne viennent plus. On entend parfois : "On ne m’aime plus". C’est très prenant. Certains ne comprennent pas pourquoi leurs familles ne leur rendent plus visite."
Quand je prends une personne dans mes bras pour la mettre sur la toilette, la distanciation sociale ne peut pas être respectée
"Et ce n’est pas tous les jours évident pour les aides familiales non plus", déplore Alexandra. "Quand je prends une personne dans mes bras pour la mettre sur la toilette, la distanciation sociale entre elle et moi ne peut pas être respectée et je prends des risques", estime la Liégeoise, qui regrette que le message du port du masque ne soit pas passé parmi les bénéficiaires.
"On parle des aides ménagères, des infirmières qui sont en première ligne et qui s'inquiètent de leurs conditions de travail face au coronavirus. Et quid des aides à domicile?", déplore Alexandra qui estime faire partie des oubliées de cette pandémie. "J’exerce ce métier depuis 23 ans et me rends dans différents domiciles chaque jour, le risque que j’encours est grand car nos contacts avec les différentes personnes sont directs et nous nous retrouvons non-stop dans la même pièce que d’autres personnes. Des aides à domicile, on n'en parle très peu dans les médias, comme si nous n'existions pas. Tous les jours, je pars travailler la peur au ventre et j’ai peur de ramener le virus dans mon foyer. Donc de grâce, pensez un peu aussi aux aides à domicile qui bossent dans l'ombre et qui pourtant risquent aussi leur santé et celle de leurs proches…"
Alexandra espère qu'une prime d'encouragement sera également octroyée pour sa profession par le gouvernement.