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Coronavirus: le foot français "va souffrir" sur le plan économique

Diffuseurs sevrés de matches payés à prix d'or, opérateurs de paris sportifs sans cotes à proposer, joueurs au repos forcé: l'écosystème du foot professionnel français redoute les conséquences économiques du report de la Ligue 1 et Ligue 2 "jusqu'à nouvel ordre" en raison du coronavirus.

"Le football français n'est pas différent des autres acteurs économiques, il va souffrir. Il y a des supporters qui ne peuvent plus venir aux matches, des sponsors qui ne peuvent plus venir au stade, des diffuseurs TV qui ne pourront plus retransmettre, ce qui peut entraîner une baisse des droits TV", prévient auprès de l'AFP Francis Graille, président de l'AJ Auxerre (Ligue 2).

"Les pertes peuvent être énormes, considérables ou parfois définitives. Personne ne peut se préparer", a-t-il ajouté, alors que l'ensemble des activités indirectement liées au foot comme la restauration, l'hôtellerie, l'événementiel ou les transports, sont déjà sinistrées.

- "Match day": un mois de trésorerie en moins -

"Notre direction financière est en train de consolider l'ensemble des informations qui viennent des clubs pour estimer les conséquences économiques, notamment en matière de revenus +match day+" (revenus jour de match, NDLR), a annoncé vendredi Didier Quillot, directeur général exécutif de la Ligue (LFP). Avec quel manque à gagner ?

L'ensemble des revenus billetterie, loges et hospitalité, est crucial dans le modèle économique des clubs. A titre d'exemple, le PSG a estimé les pertes directes du huis clos contre Dortmund en Ligue des champions à environ 6 millions d'euros.

Mais la solution du report "est moins pénalisante que le huis clos généralisé car les matches auront lieu plus tard", estime auprès de l'AFP Jean-Pierre Caillot, président du Stade de Reims.

"Le réel problème immédiat, c'est la trésorerie car les rentrées financières n'auront pas lieu pendant au moins un mois. C'est là que sera la difficulté et qu'on verra quels sont les clubs qui sont bien gérés"", complète-t-il.

Les recettes "match day" en L1 ont pesé 201,1 millions d'euros sur un total de revenus de 2,564 milliards d'euros, sur la saison 2018-2019. Dans le cas où l'une des neuf journées restantes de L1 soit à huis clos, les pertes se chiffreraient à "500.000 euros" par match pour un club comme Strasbourg.

- Diffuseurs, abonnés à retenir et grilles à repenser -

"Ils sont en soutien de cette décision, on est dans une situation exceptionnelle, les diffuseurs comprennent", a assuré Didier Quillot. Les 4,6 millions d'abonnés directs de Canal+ et les 3,4 millions d'abonnés de beIN Sports en feront-ils de même ?

Pour éviter les désabonnements massifs, les rédactions sportives vont devoir se creuser les méninges pour alimenter leur grille TV.

A la place des matchs annulés, Canal+ prévoit par exemple des rediffusions, la priorité sera donnée au cinéma sur les tranches en crypté et aux documentaires de sport sur les tranches en clair.

Du côté de RMC Sport, qui diffuse notamment la Ligue des champions et la Premier League, "on va organiser nos chaînes autrement (...) en diffusant ou rediffusant des grands reportages et des documentaires et en s'appuyant sur notre catalogue", indique à l'AFP Hervé Béroud, directeur général délégué d'Altice Média, en charge de l'information et du sport. "Il faut être imaginatif en attendant que ça reprenne."

Du côté de beIN Sports, on mise également sur les rediffusions, notamment celle de la Coupe du monde 2018 remportée par la France en Russie. Les droits de la chaîne ont expiré mais la Fifa lui a donné un accord de prinicipe.

"Notre objectif, c'est de redonner un peu d'émotion", a expliqué Florent Houzot, directeur de l'antenne et de la rédaction de beIN, lors d'une conférence téléphonique, assurant ne pas craindre "La fuite des abonnés". "Nos abonnés connaissent la qualité de nos droits et savent très bien que ça va revenir", a-t-il dit, excluant tout geste commercial.

- Paris sportifs, la peur du vide -

"Toutes les compétitions sont annulées, sur quoi je vais parier moi maintenant ?": le Youtubeur Mohamed Henni, plus grand influenceur de paris sportifs de France, va voir son secteur d'activité frappé de plein fouet.

En cas de fuite massive des parieurs durant la période, le potentiel manque à gagner serait énorme pour ces opérateurs: en 2019, le produit brut des paris sportifs en ligne représentait 62% du total du produit brut des jeux en ligne, soit 868 millions d'euros sur 1,4 milliard, selon l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel).

Un secteur en hausse de 27% par rapport à 2018, qui verrait sa croissance à deux chiffres ralentie pour le prochain exercice...

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