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Crainte de débordements aux centres d'examen pour le permis de conduire à Bruxelles ce vendredi: pourquoi?

Après la Flandre et la Wallonie, c'est au tour de Bruxelles de lancer la réforme du permis de conduire pour le mois de novembre. Et ça passe par l'application du test de perception des risques dès le 2 novembre. Ce test devient donc une étape supplémentaire dans l'obtention du permis. Sauf que quelques problèmes sont déjà pointés du doigts.

Après la Flandre et la Wallonie, la réforme du permis de conduire est d'application en région bruxelloise à partir du 1er novembre, donc pratiquement de ce vendredi 2, le premier étant férié pour cause de Toussaint. Cette réforme met en place le fameux test de perception des risques qui a déjà fait grincer des dents un grand nombre de candidats dans le sud du pays (au vu notamment de la quantité de messages reçues à notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous). Concrètement, le permis passe de deux à trois étapes. "Ça risque de poser beaucoup de problèmes", estime un moniteur d’auto-école en région bruxelloise qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous.


Crainte de débordements le 2 novembre

Ce test de perception des risques doit être présenté AVANT de passer l’examen pratique sur la voie publique. Ceci devrait poser des problèmes le premier jour de l'application de la réforme, ce vendredi 2 novembre. Pourquoi ? "Il n’y a aucun système mis en place pour permettre aux candidats de le passer un autre jour précédant le permis pratique pour tous les candidats du 2 novembre. Conséquence: vous arrivez au centre pour passer l’examen, vous passez d’abord par le test, si vous le réussissez c’est très bien, mais si vous le ratez… Là c’est compliqué. Déjà vous perdez votre première chance au permis pratique sans même être allé sur la route. Ensuite, si vous venez avec votre guide qui a pris une journée de congé, c’est une journée de perdue. Pire, si vous avez payé une voiture de l’auto-école et un moniteur, c’est de l’argent jeté par la fenêtre", s'inquiète un moniteur d'auto-école. Les centres d’examens bruxellois s’attendent donc à de longues files pour le 2 novembre et également à quelques débordements.

Devant un centre d’examens de la capitale, un instructeur qui souhaite garder l’anonymat explique que des agents de sécurité ont été engagés afin que le personnel ne se fasse pas agresser physiquement ou verbalement par des candidats mécontents. "Ce qui est déjà trop souvent le cas. Alors, ce jour-là, on s’attend au pire." Notre moniteur complète: "Le législateur n’a pas prévu de permettre de faire passer ce test avant le 1er novembre et ce sont donc les centres d’examens qui doivent gérer les problèmes organisationnels des premiers jours."

Pour les candidats qui passent leur permis plus tard, il est conseillé de venir passer leur test de perception des risques au moins une ou deux semaines avant. De cette manière, il est possible d’avoir une seconde chance en cas d’échec au premier test et de pouvoir encore annuler l’examen pratique en cas de second échec. Pour rappel, cette annulation doit se faire minimum une semaine avant la date de l’épreuve pratique.


Le test de perception des risques dure 30 minutes

Du côté de la Région, Pierre Migisha, responsable communication de Bianca Debaets, secrétaire d’état chargée de la sécurité routière, explique que ce test est constitutif du permis de conduire. "C’est aux centres d’examens de l’organiser. Lorsque les candidats ont pris rendez-vous, ils ont dû s’organiser pour qu’ils puissent passer ce test AVANT le passage sur la voie publique. Dans tous les cas, tout candidat ne peut recevoir son permis de conduire sans ce test."

"Ce test dure 30 minutes. Mais c’est une condition d’accès à la voie publique", explique la porte-parole du GOCA, le groupement des entreprises de permis de conduire, Marie Debacker. "De deux étapes (permis théorique et pratique), on passe à trois étapes."

Le test de perception des risques peut faire des mécontents, mais il est utile pour le secteur. Il est d’application en Flandre depuis le 1er mai 2017 et en Wallonie depuis le 1er juillet 2018. "À Bruxelles, notre volonté n’est pas de toucher au portefeuille des candidats. En Wallonie, le test coûte 15 euros en plus du permis pratique qui coûte 36 euros. A Bruxelles, le test est inclus dans les 36 euros de l’examen pratique", rassure Marie Debacker.


Formation de premiers secours obligatoire

Notre moniteur d’auto-école ajoute qu’il y a d’autres problèmes avec l’arrivée de cette réforme. "Ceux qui iront chercher leur permis provisoire à partir du 1er novembre se verront dans l’obligation de suivre une formation aux premiers secours à la Croix Rouge." Une bonne nouvelle a priori, sauf qu’aucune information concernant cette formation n’est disponible actuellement. "Il n’y a même pas d’inscription possible avant le 1er novembre. Et ce qui pose également un gros problème c’est que la formation se donne uniquement en français ou en néerlandais: pas d’allemand, pas d’anglais. Le législateur n’a rien prévu et n’a pas demandé à la Croix Rouge de prévoir des traductions alors que nous parlons au minimum quatre langues dans notre pays."

Le cabinet de Bianca Debaets confirme. "Il n’y a pas de traduction prévues à ce stade", selon le responsable communication, Pierre Migisha. "Nous allons voir avec la Croix Rouge comment se passent les premières semaines de formation. Nous allons voir quelle est la demande pour l’anglais et l’allemand et ensuite nous nous adapterons. Après, il faut savoir qu’il n’y a pas d’examens. Il s’agit d’être présent aux formations et de suivre l’apprentissage en ligne, mais c’est plus visuel que textuel. C’est plus souple. C’est considéré comme un atout supplémentaire pour les candidats."


Incompréhension entre le fédéral et le régional

Un troisième problème est mis en lumière avec l’arrivée de cette réforme à Bruxelles. La délivrance du permis est une compétence fédérale, mais l’écolage est une compétence régionale. Au niveau fédéral, un permis provisoire est valide durant 36 mois, mais en régions, il prend fin après 18 mois. "Le problème, explique le moniteur d’auto-école, c’est que lorsque le candidat réussit son examen théorique, on ne lui parle que des 36 mois et pas des 18. Du coup, pour ceux qui n’ont pas présenté l’épreuve pratique dans les 18 mois, il n’y a pas de deuxième chance en cas d’échec. Normalement, une personne qui rate son permis pratique a droit à une seconde chance avant de devoir suivre obligatoirement 6h d’auto-école. Dans le cas où le candidat n’y va pas avant les 18 mois, il perd sa deuxième chance et doit d’office suivre les 6h avant de retenter sa chance et encore 6h à chaque échec. Ça fait beaucoup, mais ça non plus, on ne leur dit pas."

À cela, Pierre Migisha explique que, depuis la 6ème réforme de l’état, ce sont les régions qui sont compétentes en la matière. "Selon le fédéral, le permis provisoire est valide durant 36 mois. Par contre, selon une décision régionale: une personne ayant réussi son permis théorique a 18 mois pour présenter l’examen pratique. Là-dessus, la décision régionale prime sur la fédérale. D’ailleurs, les trois régions se sont mises d’accord sur le principe des 18 mois. Nous avons demandé au fédéral d’ajuster sa législation et de passer à 18 mois au lieu de 36."

Dans tous les cas, des adaptations sont prévues par le cabinet. Pourtant, ce sont les centres d’examens qui risquent de payer les pots cassés de la mise en application de cette nouvelle réforme. Par la suite, les choses devraient rentrer dans l’ordre comme ça a été le cas en Flandre et en Wallonie. Enfin, si cette réforme arrive seulement maintenant à Bruxelles, c’est parce que le test de perception des risques a dû être adapté aux réalités de la circulation dans la capitale.

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