Partager:
La Poste va reprendre la distribution de 5 millions de plis de propagande électorale confiés à l'origine à la société Adrexo, au moment où le gouvernement essaie d'éteindre la polémique déclenchée par les ratés de l'acheminement des courriers du premier tour des régionales.
Pour le second tour, "à la demande de la société Adrexo, et après accord du ministère de l’Intérieur, La Poste travaille à la reprise de la distribution de 5 millions de plis supplémentaires qui relevaient des zones d’Adrexo", indique mercredi un communiqué du groupe postal.
"Malgré les difficultés inhérentes à l’exécution de cette prestation dans des conditions extrêmement contraintes, La Poste et les facteurs se mobiliseront, comme ils l’ont toujours fait, afin de contribuer au meilleur déroulement possible des opérations du second tour des élections régionales et départementales 2021", ajoute-t-il.
Adrexo, chargé de distribuer les professions de foi dans 51 départements de sept régions, estime à 9% le nombre de plis électoraux non acheminés à leurs destinataires pour le premier tour, a indiqué mercredi devant le Sénat le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. La Poste annonce un chiffre équivalent.
"Nous regarderons au ministère de l'Intérieur" si ce chiffre a été "minoré", a ajouté le ministre.
Adrexo et La Poste, désignés prestataires pour la distribution à la suite d'un appel d'offres, se sont faits vertement épingler en fin de campagne. Samedi, les collectivités locales (Association des maires de France, Assemblée des départements de France et Régions de France) ont déploré une "défaillance inacceptable", qui "ne peut qu'alimenter l'abstention".
Adrexo, spécialisée dans la distribution d’imprimés publicitaires, assure avoir remis 44 millions de plis pour le premier tour, mais a fait état d'une attaque informatique pour expliquer ses difficultés. Pour le second tour, elle demande ainsi le "renfort" de La Poste "pour garantir le meilleur service de distribution à l’ensemble des électeurs".
- Commission d'enquête -
"Alors que plus de 20.000 collaborateurs d’Adrexo étaient mobilisés au premier tour pour assurer cette mission sur sept régions, force est de constater que l’attention politique et médiatique portée ces derniers jours, en jetant le discrédit sur cette activité et ses acteurs, a augmenté fortement le risque de désistement d’une partie du personnel de distribution", justifie Adrexo.
"C‘est pourquoi, en conscience et en entreprise responsable, Adrexo a souhaité faire appel au soutien de son confrère pour assurer la distribution dans les zones où des tensions sont à craindre", ajoute la société.
Le Sénat doit acter formellement jeudi la création d'une commission d'enquête sur cette affaire, les oppositions dénonçant "un scandale", "une faute" du gouvernement.
Auditionné par les sénateurs, Gérald Darmanin s'est dit favorable à ce qu'il n'y ait "pas de concurrence" dans la distribution des documents électoraux: "La difficulté principale, c'est le principe de la mise en concurrence par appel d'offres avec une société (Adrexo, ndlr) qui manifestement n'était pas à la hauteur du marché", a-t-il dit.
"Si demain le Parlement souhaitait que nous reprenions en régie un certain nombre de choses, notamment pour assurer le service public des élections, personnellement je n'y verrais pas d'inconvénient", a-t-il ajouté.
Depuis une loi de 2005 transposant deux directives postales européennes, la distribution des documents électoraux est soumise à la concurrence.