Accueil Actu

Entré à l'hôpital pour le placement d'un pacemaker, Robert attrape le coronavirus: à 71 ans et après plusieurs problèmes, il a survécu

Il paraît que l'on a droit à un miracle durant son passage sur Terre. Un événement ou une expérience incroyable, par personne. Il semble que Robert ait eu le sien durant cette crise de coronavirus en Belgique. A 71 ans, et après de multiples ennuis de santé dont quatre opérations cardiaques, ce pensionné de Jemeppe-sur-Meuse a battu le Covid-19. Un cadeau du ciel raconté par sa fille, Angélique.

Le coronavirus en Belgique a touché plusieurs dizaines de milliers de personnes, d'après les chiffres officiels de l'institut de santé publique belge. La plupart l'a attrapé au contact d'autres citoyens, mais certains ont été infectés après un séjour à l'hôpital. C'est pourquoi le gouvernement a tout de suite demandé de ne pas engorger les urgences au début de l'épidémie, par exemple.

C'est le cas de Robert. Le "Miraculé". C'est ainsi que le personnel soignant du Centre Hospitalier Bois de l'Abbaye à Seraing le surnomme. Ce pensionné de 71 ans entrait à l'hôpital au début du mois de février pour le placement d'un pacemaker. Victime de problèmes cardiaques, ce stimulateur lui permettrait ainsi de diminuer le rythme de son coeur et de le stabiliser.

Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. Sa fille, Angélique, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour raconter son histoire.

4 opérations du coeur

Tout commence le 5 février, jour où Robert subit une opération chirurgicale pour placer un pacemaker. Une heure d'attente et d'angoisse pour une meilleure qualité de vie. Un mal pour un bien. "Mais il y a eu beaucoup de complications durant le premier mois", nous dit-elle. En cause: une sonde du pacemaker qui aurait été "mal attachée", assure-t-elle. Raoul Degives, directeur médical du Centre Hospitalier Bois de l'Abbaye, soumis au secret médical, ne peut entrer dans les détails mais évoque des "aléas thérapeutiques" suite à ce genre d'intervention: "En règle générale, il arrive qu'il faille repositionner après coup les sondes de façon à obtenir une stimulation électrique satisfaisante".

Le papa d'Angélique doit donc repasser sur le billard. Le rendez-vous est pris un mois plus tard. Un nouveau problème survient après l'opération, nous raconte Angélique. Robert entre en salle d'op' pour la troisième fois le lundi 9 mars. Elle affirme ensuite qu'une quatrième opération a eu lieu en fin de journée.

Et tout rentre finalement dans l'ordre. Angélique pousse un énorme ouf de soulagement. Son père va pouvoir rentrer chez lui et reprendre ses activités. Depuis qu'il est à la retraite, cet ancien fleuriste s'est découvert une passion pour la ferronnerie d'art... de jardin, évidemment. "Il est pensionné mais il se lève toujours à 5 heures du matin pour faire ses petits marchés et vendre ses produits (petites éoliennes, animaux et décorations de jardin mais aussi balustrades et barrières). Il a gardé son âme de commerçant. Profiter de sa pension? De toute façon, il ne sait pas rester sans rien faire".

Positif au coronavirus

Une semaine passe. Un laps de temps durant lequel Robert en profite pour se reposer et récupérer à la maison, auprès de son épouse. "Mais, c'était trop beau": "Le mardi, Maman m'appelle en urgence. Papa a plus de 40°C de fièvre et tousse sans arrêt. On décide de l’emmener aux urgences". Et là, plus de nouvelles jusqu'au samedi matin. Avant d'apprendre que Robert est atteint du coronavirus.

Raoul Degives, directeur médical du Centre Hospitalier Bois de l'Abbaye, explique qu'au vu de la "période d'incubation (temps entre la contamination et l'apparition des premiers symptômes, ndlr) de la maladie, le Covid-19 a pu être acquis soit à l'hôpital, soit à domicile puisqu'il n'y avait pas de confinement à ce moment-là. On ne le saura jamais". La période d'incubation pour le coronavirus se situe "entre 4 à 6 jours", a précisé Jean Ruelle, chercheur à l'Institut de recherche expérimentale et clinique de l'Université de Louvain-La-Neuve.

Angélique poursuit: "A l'hôpital, il a fait de la fièvre durant 8 jours environ. A des moments, il est monté jusqu'à des 41-42°C. Il a également fait une double pneumonie. Ils ont dû lui délivrer un choc par deux fois avec un défibrillateur". Un soir, elle reçoit un coup de téléphone de son papa. "Il m'a téléphoné en me donnant ses dernières volontés... Il m'a dit: 'Dis à maman que je l'aime'". Au vu de ses antécédents médicaux, on ne lui donne pas plus de 10 % de chance de rester en vie.

Caractère et... chloroquine?

C'était sans compter sur le caractère de Robert. Sa fille nous explique d'où il tire son incroyable force. "Il faut savoir qu'il a perdu son papa très tôt. Ça l'a marqué et surtout forgé. Au niveau santé, il vit avec un seul rein depuis plus de 30 ans. Et le rein qu'il lui reste a été opéré deux fois pour calculs rénaux. C'est génétique. D'ailleurs, moi aussi, j'ai ce problème. Je fais très attention à ce que je mange, à ce que je bois. Mon fils aîné a également ce problème. Mais on le vit très bien. Il nous a toujours appris à gérer le négatif et à le transformer en positif. On a appris avec la vie à ne pas s'apitoyer sur notre sort. C'est encore plus vrai depuis le suicide de mon frère il y a un an et demi...".

En 48 heures, Robert se rétablit. Angélique nous indique que le dimanche, il a été pris comme patient-test pour la controversée chloroquine. D'après elle, c'est ça qui a marché. "Je me dis qu'il y a quand même quelque chose. Il venait de subir 4 opérations du coeur et à 71 ans, il était clairement dans le groupe à risques...". Il faut cependant noter que les scientifiques du monde entier restent encore partagés sur le potentiel réel de cette molécule.

Angélique, professeur de religion, dit aussi avoir beaucoup prié pour son père. "J'ai une foi inébranlable mais je ne suis pas crédule. J'espère que mes prières l'ont sauvé. Même si je sais que la médecine a beaucoup joué...".

"J'ai déposé un monsieur plein de vie, j'ai récupéré un vieillard affaibli"

Robert est sorti de l'hôpital lundi 6 avril, un mois après sa première entrée pour le placement de son pacemaker, et désormais soutenu par deux béquilles. Il doit prendre beaucoup de repos. De toute manière, vu qu'il a été testé positif au Covid-19, il doit quand même rester encore une dizaine de jours en confinement total. "Il est très affaibli. Il doit se reposer, uniquement. Comment il le prend? Il a eu très peur, je pense. Il est également triste de la situation car lui s'en est sorti, mais lors de son séjour à l'hôpital, il en a vu beaucoup sortir les pieds devant... C'est très, très éprouvant psychologiquement pour lui aussi. Imaginez, j'ai déposé un monsieur plein de vie, et j'ai récupéré un vieillard affaibli". Après le confinement, Robert va devoir prendre des séances de kiné car beaucoup de vaisseaux sanguins ont éclaté dans les jambes, notamment.

Le mot de la fin revient à Angélique. "Mon papa, c'est mon héros. Mon complice de toujours. C'est de lui que je tiens mon caractère. Il m'a appris un tas de choses. Si j'en suis là aujourd'hui, c'est grâce à lui".

À la une

Sélectionné pour vous