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Fête de Noël sans mesures sanitaires à Downing Street: une vidéo compromettante met à mal Boris Johnson

La pression monte sur le Premier ministre britannique Boris Johnson, sommé de s'expliquer après la diffusion d'une vidéo compromettante où des collaborateurs plaisantent sur une fête de Noël supposément organisée à Downing Street l'an dernier, malgré les restrictions anti-Covid.

Depuis une semaine, Boris Johnson est accusé par la presse britannique d'avoir assisté à deux fêtes en décembre 2020 à Downing street, alors qu'il était strictement interdit dans la majorité du pays de se retrouver en intérieur.

Fortement critiqué, le Premier ministre britannique s’est excusé ce mercredi, tandis que sa conseillère a démissionné. "Je m'excuse sans réserve pour l'offense que (cette vidéo) a causée dans tout le pays et je m'excuse pour l'impression qu'elle donne", a-t-il déclaré lors de la séance hebdomadaire de questions au Parlement. Se disant "furieux", il a réaffirmé qu'il lui avait "été assuré à plusieurs reprises" depuis le début de l'affaire qu'"il n'y avait pas eu de fête" et qu'"aucune règle" n'avait été enfreinte.

Alors que certains députés ont réclamé sa démission, le dirigeant conservateur a annoncé une enquête interne menée par le plus haut fonctionnaire britannique, Simon Case, et promis des "conséquences" pour ceux qui n'auraient pas respecté les règles.

La conseillère de Johnson démissionne

La vidéo, diffusée par la chaîne ITV News, montre l'attachée de presse de l'époque du Premier ministre, Allegra Stratton, préparant avec d'autres conseillers des réponses à d'hypothétiques questions de journalistes, le 22 décembre, sur une supposée fête de Noël à Downing Street quatre jours plus tôt. Cette vidéo a désormais été visionnée par des millions de personnes.

Cette ex-journaliste de 41 ans, devenue depuis la porte-parole du gouvernement pour la COP26, a démissionné mercredi, en larmes, disant qu'elle regretterait "toute (sa) vie" ses propos. Dans la vidéo, un collègue lui demande, se faisant passer pour un journaliste, s'il y a bien eu une fête, ce à quoi elle répond en riant "Je suis rentrée chez moi" avant de botter en touche.

Sur le ton de la plaisanterie, Allegra Stratton précise ensuite que "cette fête imaginaire était une réunion d'affaires et il n'y avait pas de distanciation sociale". Quand de nombreux Britanniques étaient privés l'an dernier de la possibilité de voir leurs proches à Noël, cette "Christmas party" aurait réuni une quarantaine de personnes.

"Je comprends la colère de tout le pays en voyant le personnel du 10 (Downing Street) sembler prendre à la légère les restrictions, je comprends à quel point ça doit être exaspérant", a concédé Boris Johnson.

Pas d’enquête prévue "à ce stade"

En début de soirée, la police londonienne a annoncé qu'elle n'ouvrirait pas d'enquête "à ce stade", évoquant l'absence de preuves et sa "politique de ne pas enquêter rétrospectivement sur les violations" des règles anti-Covid.

Cette affaire met tout de même à mal le gouvernement, déjà mis en cause par le passé pour d'autres violations aux restrictions anti-Covid. Deux sondages disent les Britanniques majoritairement favorables à une démission de Boris Johnson. "Le Premier ministre a passé la semaine à dire au public qu'il n'y avait pas eu de fête", a dénoncé au Parlement le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, estimant qu'il est "pris la main dans le sac". Et de poursuivre : "Des millions de personnes pensent maintenant qu'il les a pris pour des idiots."

Même au sein du Parti conservateur, la colère gronde. Pour le dirigeant des conservateurs écossais, Douglas Ross, il faut que l'exécutif dise "pourquoi ça a été autorisé alors que c'était totalement contraire aux directives".

Ces révélations embarrassent d'autant plus le gouvernement que Boris Johnson a dû annoncer mercredi un durcissement des restrictions afin d'enrayer la propagation du variant Omicron du coronavirus au Royaume-Uni, dont le retour au télétravail et l'introduction du passeport vaccinal dans certains lieux.

Un des pays d’Europe les plus touchés par le Covid

Le Royaume-Uni, un des pays d'Europe les plus touchés par la pandémie avec presque 146.000 morts, compte désormais plus de 45.000 contaminations quotidiennes. Un total de 131 nouveaux cas du variant Omicron ont été reportés mercredi.

Face à ce bilan, le ton jovial employé dans la vidéo ne passe pas, un an jour pour jour après le lancement de la campagne de vaccination au Royaume-Uni. "Il est bouleversant et honteux d'entendre l'équipe de Boris Johnson plaisanter sur la violation des règles qu'ils ont édictées", a déploré dans un communiqué une association de familles ayant perdu des proches durant la pandémie.

Pour Matthew Taylor, qui dirige une confédération d'organisations de santé publique, ces révélations sont un "coup au moral" des soignants.

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