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Hong Kong: un manifestant déterminé "à rester" dans le campus assiégé

Au cours des derniers jours du siège de l'Université polytechnique de Hong Kong, un manifestant a continué à hanter les longs couloirs désertés, déterminé à défier jusqu'au bout les autorités.

Cet homme, se faisant appeler "Michael", appartenait à la dizaine de manifestants pro-démocratie demeurés reclus dans le campus.

La PolyU a été le théâtre, il y a deux semaines, d'affrontements d'une extrême violence entre la police et les protestataires.

Au cours des 13 jours de siège du campus qui ont suivi, certains occupants ont réussi à s'évader au moyen de cordes ou par les égouts. Mais Michael était déterminé à rester jusqu'au bout, estimant n'avoir commis aucune crime et avoir parfaitement le droit de demeurer sur le campus.

"J'ai eu de nombreuses occasions de m'échapper mais j'ai choisi de rester", a-t-il expliqué à l'AFP dans les derniers jours du siège.

"Nous n'avons rien fait de mal", soutenait-il, au milieu d'un couloir désert et couvert de graffitis.

Au fil des jours, les conditions de vie sur le campus, cerné par un cordon de police, se sont détériorées.

- cafards et vers -

Les distributeurs automatiques de nourriture de cette prestigieuse Université ont été pillés. Une odeur nauséabonde se dégageait des cuisines où des déchets grouillaient de cafards et de vers.

Michael avait élu résidence dans une salle de réunion dans laquelle il avait constitué une réserve de boîtes de conserves et de bouteilles se mêlant à des détritus.

Ce profond désordre ne semblait pas le gêner lorsque, assis derrière un petit bureau, la tête couverte d'une capuche, il sirotait du vin rouge provenant d'une bouteille volée.

Survivre dans des conditions de plus en plus difficiles constituait un vrai défi, notamment pour échapper aux équipes envoyées pour trouver les derniers occupants.

"Tous les jours, il faut faire face à un nouveau défi", a raconté Michael au onzième jour du siège, qui en a duré 13.

Il a passé des heures à trouver de la nourriture ou des produits nettoyants.

S'il est parvenu à se doucher dans le gymnase, il n'a pas trouvé de vêtements de rechange.

"C'est stressant, cela nécessite beaucoup d'énergie", a-t-il expliqué.

Au cours des derniers jours du siège, seule une poignée de protestataires demeurait cachée dans différentes parties du campus, vivant sous la hantise d'une intervention de la police.

Alors qu'il parlait à l'AFP, un bruit a soudain fait sursauter Michael. Aussitôt, il s'est précipité pour éteindre les lumières, redoutant l'arrivée de la police. Personne n'est venu.

- "Je vais bien" -

Michael n'a pas souhaité livrer beaucoup de détails sur son implication dans le mouvement pro-démocratie, né en juin du rejet d'un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

Il n'a pas non plus accepté de donner son âge ni de dire s'il étudiait à la PolyU.

"Nous nous battrons jusqu'à ce que ce qui est mal soit changé en bien. Je ne pense pas que ces Hongkongais capituleront un jour", voulait-il croire, tout en affirmant catégoriquement n'avoir jamais pris par aux violences.

Un soir, vers la fin du siège, Michael a conduit les journalistes de l'AFP à travers le labyrinthe des bâtiments du campus pour leur montrer un graffiti sur un mur blanc demandant: "Quel est l'intérêt d'aller en cours quand il n'y a pas d'avenir?".

A l'intérieur de la bibliothèque, quelqu'un a griffonné "protégez les livres". Cette requête a été respectée.

Au milieu du chaos dans lequel a été plongé le campus, cette salle, où l'ordre continue de régner, fait figure d'exception.

Après avoir parcouru du regard les étagères, Michael a pris un livre pour le lire entre deux vidéos retransmettant en direct les événements se déroulant à l'extérieur.

Dans les deux derniers jours de siège, il a complètement disparu et ne répondait plus aux messages.

Les responsables de l'Université ont annoncé que plus aucun manifestant ne se trouvait encore sur le campus. Mais où était donc Michael?

Quelques heures après la levée du cordon de police, vendredi après-midi, il est réapparu, sous la forme d'un bref message dans lequel était écrit: "Je vais bien, je suis en sécurité".

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