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Jean-Luc Crucke démissionne: il devient candidat MR à la Cour constitutionnelle

Le ministre wallon des Finances et du Budget, Jean-Luc Crucke (MR), a annoncé lundi avoir démissionné de son mandat. Si ses convictions sont libérales, elles ne sont "plus en pleine adéquation avec la ligne de (son) parti", a-t-il expliqué. Le juriste a accepté du président du MR, Georges-Louis Bouchez, le mandat qui échoira au MR dans quelques mois à la Cour constitutionnelle.

Dernièrement, le bouillonnant ministre, qui est également en charge des Infrastructures sportives et des Aéroports, avait une nouvelle fois été en butte avec son président de parti, mais aussi plusieurs députés MR, lors du passage au Parlement de sa réforme fiscale "pour un impôt plus juste".

"J'ai toujours eu des opinions qui étaient qualifiées comme 'à la marge' au sein de ma formation politique, notamment au niveau climatique, migratoire, énergétique, mais encore, et aussi désormais, fiscal. Jusqu'ici, ça faisait également ma force. Mais celle-ci met désormais mon parti, mais aussi par ricochet la majorité gouvernementale, parfois en difficulté. Je peux négocier, concéder, crier, bloquer, avancer? mais en aucune manière me diluer", a expliqué M. Crucke lors d'une conférence de presse, aux côtés de M. Bouchez.

L'ancien bourgmestre de Frasnes-Lez-Anvaing (Hainaut), poids lourd durant plusieurs années de l'opposition MR au Parlement de Wallonie, régionaliste partisan d'une Belgique à quatre, parfait bilingue (son nom avait déjà été cité dans les castings pour le Fédéral), était entré au gouvernement wallon en 2017, à la faveur de l'éjection du PS par le nouveau duo MR-cdH. Il avait rempilé après les élections de 2019, dans l'équipe tricolore (PS-MR-Ecolo) menée par Elio Di Rupo (PS).

L'affaire qui a précipité sa démission

Il fait partie d'une frange plus progressiste du MR. Son projet de décret pour "un impôt plus juste" avait fait vaciller le gouvernement wallon le mois dernier. On parlait alors déjà d'une possible démission, car le ministre avait été désavoué par son propre parti, qui avait renvoyé son texte à l'arriéré. Visiblement dépité, Jean-Luc Crucke parlait ouvertement d'un "échec".

Le texte visait à éviter les contournements de l'impôt sous différentes formes, mais allait entre autres toucher une classe moyenne chère au MR. Soutenu par les partenaires de majorité au sein du gouvernement, le projet de décret avait finalement fait son retour, amputé d'une disposition sur la rétroactivité en matière de donation manuelle. Il avait été approuvé au Parlement, lors d'un vote "au nom de la stabilité gouvernementale", avait commenté sans enthousiasme M. Bouchez.

Opposé à Georges-Louis Bouchez

Vice-président du MR pendant de longues années, Jean-Luc Crucke (59 ans) avait été parmi les mandataires les plus critiques envers le casting ministériel que Georges-Louis Bouchez avait choisi pour la formation du gouvernement fédéral, et qui visait à remplacer sa collègue wallonne Valérie De Bue par Denis Ducarme à la suite de la montée de Mathieu Michel au fédéral. Il a par la suite plusieurs fois critiqué les choix politiques de M. Bouchez et du parti, notamment sur le nucléaire, lui qui n'a jamais caché sa fibre verte. Finalement, "la crispation politique amenée par le décret 'impôt plus juste' m'a porté vers une conclusion très simple".

Jean-Luc Crucke a remis sa démission à M. Bouchez le 3 janvier dernier, en toute discrétion. Il en a averti ses équipes ainsi que le ministre-président wallon Elio Di Rupo (PS) ce lundi matin. Le chef du gouvernement wallon a remercié son ministre démissionnaire pour le travail accompli depuis plus de deux ans au sein du gouvernement wallon. "Je tiens à saluer ses compétences, ses grandes qualités morales, son honnêteté intellectuelle et sa sympathie. Je lui souhaite bonne chance dans ses projets futurs", a ajouté M. Di Rupo sur Twitter.

Candidat à la Cour constitutionnelle

S'il quitte la politique, Jean-Luc Crucke ne part pas sans assurance. C'est lui qui sera le candidat du MR à la Cour constitutionnelle à la fin du premier semestre 2022, comme le lui a proposé Georges-Louis Bouchez, selon ses dires. "Ce poste m'a toujours tenté, j'en avais parlé dès 2019 avec lui, on n'efface pas 30 ans de droit", a commenté le juriste. "J'ai beaucoup d'autres projets: enseigner, écrire, traverser l'Iran à pied, etc.", a-t-il ajouté, évoquant aussi sa famille.

La personne appelée à succéder à M. Crucke devrait prêter serment avant mercredi prochain au gouvernement wallon. Son nom sera annoncé mardi matin, lors d'une conférence de presse au siège du MR, a d'ores et déjà indiqué M. Bouchez, tout en remerciant Jean-Luc Crucke.

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