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JO-2018: une reconversion en hangar à poissons? Le casse-tête de l'avenir des sites oympiques

Des milliers d'amateurs de patinage de vitesse sont attendus le mois prochain à l'Ovale de Gangneung pour les jeux Olympiques en Corée du Sud. Mais une fois les athlètes partis, la structure futuriste servira-t-elle à stocker du poisson congelé?

Aucun projet définitif n'a été arrêté pour l'avenir de cette installation à 120 millions de dollars sur la côte orientale. Elle figure parmi plusieurs sites dont l'héritage, ou l'absence d'héritage, menace de ternir l'image des Jeux.

Une équipe de hockey sur glace aurait dû prendre en charge une arène avoisinante de 10.000 places mais ce projet a volé en éclats dans le sillage du scandale de corruption qui a coûté son poste à l'ex-présidente de la Corée du Sud Park Guen-Hye.

Le Comité international olympique lui-même est inquiet. Gunilla Lindberg, présidente de la commission internationale de coordination du CIO, a déclaré que la succession des JO devait être "une priorité".

La province de Gangwon, où se trouvent Pyeongchang (épreuves alpines) et Gangneung (épreuves sur glace), est l'une des plus pauvres et des moins peuplées de Corée du Sud.

Mais la province, qui a obtenu les Jeux après deux tentatives malheureuses, fut le moteur de la candidature de Pyeongchang.

Gangwon et les organisateurs ont construit six lieux spécialement dédiés aux JO et rénové six installations existantes, pour un total de 800 millions de dollars (670 M EUR).

- 'coup médiatique' -

Parallèlement, les pouvoirs publics ont déboursé plus de 10 milliards de dollars (8,4 milliards d'euros) pour des infrastructures comme des liaisons ferroviaires et routières.

"Ils y sont allés à l'aveugle et ont remporté le morceau", commente Yu Tae-Ho, professeur de sciences du sport à l'Université Korea. "Mais il n'ont aucun projet concret pour l'après Jeux".

S'agissant de l'Ovale, d'aucuns ont proposé qu'il soit transformé en centre de conventions, en parc à thème ou en terrain de football. Le projet d'en faire un centre d'entraînement au patinage de vitesse est tombé à l'eau à cause de la grande distance qui le sépare d'une infrastructure similaire à Séoul.

L'Ovale menaçant de se muer en éléphant blanc, une société d'entreposage a suggéré qu'il serve au stockage de conteneurs à poisson congelé pêché en mer du Japon.

"C'était un coup médiatique et nous n'avons pas pris cette proposition au sérieux", dit cependant à l'AFP Park Chul-Sin, membre des autorités provinciales chargé de la gestion de l'héritage olympique.

La descente de ski alpin de Jeongseon a été construite tout exprès dans une forêt jusqu'alors préservée, au grand dam des écologistes. Aucune des stations de ski existantes n'offraient le dénivelé de 800 mètres obligatoire pour tester les qualités des skieurs les plus rapides du monde.

La piste sera rasée et rendue à son état naturel. Mais on ignore si le gouvernement acceptera de payer la facture de 40 millions de dollars (33,5 M EUR) nécessaires à la réhabilitation de l'endroit.

Les organisateurs sont sûrs en revanche du sort qui sera réservé au Stade Olympique de 35.000 places flambant neuf de Pyeongchang.

- sports d'hiver pas populaires-

La structure pentagonale à 100 millions de dollars (83,7 M EUR) ne servira que quatre fois, aux cérémonies d'ouverture et de clôture des JO et des jeux Paralympiques. La tribune principale sera transformée en musée des Jeux, le reste démantelé pour créer un parc public.

Les problèmes post-olympiques sont une tradition, de Montréal en 1976, qui avait mis 30 ans à rembourser sa dette jusqu'à Rio en 2016. La note des derniers jeux d'hiver, à Sotchi en Russie, atteignait 50 milliards de dollars (41,8 milliards d'euros).

Ce genre de coût dissuade bien des candidats de se porter volontaires. Il ne restait que deux villes en lice, Pékin et Almaty, au moment de choisir le site des Jeux d'hiver 2022.

D'après You Ji-Gon, chercheur à l'Institut Corée pour les sciences du sport, la partie sera spécialement ardue pour Gangwon "à cause de son éloignement des zones peuplées et du faible nombre d'amateurs de sports d'hiver en Corée du Sud".

La province s'exposerait à des pertes annuelles minimum de 10 millions de dollars (8,4 M EUR) pour maintenir ouverts l'ovale de patinage de vitesse, la patinoire de hockey sur glace ou celle de patinage artistique, qui doit être transformée en centre de loisirs.

On aussi ignore aussi si les installations de saut à ski ou de bobsleigh continueront d'exister compte tenu du manque d'entrain local.

"Quels que soient ceux qui reprendront ces installations, il sera difficile de les rentabiliser" reconnaît M. Park, appelant Séoul à couvrir les frais. "Les sports d'hiver ne sont pas très populaires dans ce pays".

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