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Le président de la compagnie de croisières Holland America, qui exploite deux navires transportant quatre morts et des dizaines de patients avec des symptômes du coronavirus, a averti mardi que le bilan pourrait s'alourdir si les bateaux n'étaient pas autorisés à accoster en Floride.
"Quatre passagers sont déjà morts et je crains que davantage de vies ne soient en danger", a écrit Orlando Ashford dans une lettre ouverte au journal local Sun Sentinel, alors que le gouverneur de Floride n'est pour l'instant pas disposé à accueillir les navires.
"Au 30 mars, 76 passagers et 117 membres d'équipage" du Zaandam, l'un des deux bateaux, "souffraient de maladies pseudo-grippales", a-t-il précisé. "Ce sont des âmes malheureuses ayant été involontairement prises dans les restrictions sanitaires, politiques et frontalières qui ont rapidement balayé le monde".
"Les nations se sont concentrées à juste titre sur la crise du Covid-19 qu'elles traversent", a-t-il ajouté. "Mais ils ont tourné le dos à des milliers de personnes qui dérivaient en mer".
Le président américain Donald Trump s'est engagé mardi à intervenir auprès du gouverneur de Floride. "Je vais faire ce qui est juste. Pas seulement pour nous, mais pour l'humanité", a-t-il déclaré.
Le navire de croisière Zaandam et son navire adjoint Rotterdam, envoyé à sa rescousse pour séparer les passagers en deux bateaux, veulent accoster jeudi à Fort Lauderdale, à 50 kilomètres au nord de Miami.
Mais les autorités locales s'y opposent et le gouverneur Ron DeSantis a dit lundi ne pas vouloir que les personnes contaminées à bord des navires lui soient "refourguées".
Son principal argument est que les comtés de Miami-Dade et de Broward, où se trouve Fort Lauderdale, concentrent 60% des plus de 5.000 cas de coronavirus de l'Etat et ont besoin d'équipes hospitalières pour prendre soin de leurs résidents.
La Floride ne peut pas permettre à "des non-résidents d'être déversés ici (...) pour utiliser nos précieuses ressources", a-t-il avancé.
- "Quelle galère" -
Confiné seul dans sa cabine depuis huit jours, Yves, un Français de 73 qui ne souhaite pas donner son nom, commence à "tourner en rond".
"C'est un coup on débarque, un coup non", raconte-il à l'AFP, déplorant le manque d'informations. "C'est insécurisant au possible, on ne sait jamais ni où, quand, comment..."
Quant à sa santé, il a été jugé en bonne forme après "un coup de thermomètre sur le front", mais serait rassuré par un vrai dépistage. "Comment voulez-vous savoir si vous toussez parce que vous avez le coronavirus ou à cause de la climatisation?", interroge-t-il, la voix enrouée.
Pour tenter de convaincre les autorités de Broward de laisser accoster les navires, William Burke, vice-président de la société Carnival qui exploite Holland America, leur a présenté mardi un plan d'action.
Il a proposé de transférer les passagers sans symptômes, dont beaucoup voyagent actuellement dans le Rotterdam, vers des vols à destination de l'Europe et de la côte ouest des Etats-Unis, et de continuer à s'occuper de ceux qui sont malades à bord du Zaandam, jusqu'à ce qu'ils guérissent.
"Nous avons plusieurs respirateurs artificiels, de l'oxygène supplémentaire, nous avons le bon équipement", a-t-il déclaré, précisant disposer également de médecins et d'infirmières. Il a ajouté que 11 tests de coronavirus avaient été effectués et que neuf étaient positifs.
Les autorités du comté de Broward devraient prendre jeudi matin une décision concernant l'amarrage des bateaux, en coopération avec les autorités portuaires, a annoncé le maire Dale Holness.
"Laissez sortir ces gens aussi rapidement que possible", a plaidé une élue locale Barbara Sharief. "Ils méritent d'être traités avec humanité".
Selon Orlando Ashford, il y a 1.243 passagers, dont 305 Américains et 257 Canadiens, et 1.247 membres d'équipage sur les deux navires, qui naviguent à travers les Caraïbes sans destination sûre après que plusieurs ports latino-américains leur ont refusé toute assistance.
Le Zaandam est parti de Buenos Aires le 7 mars avec environ 1.800 personnes de plusieurs nationalités à bord, en destination du Chili.
Il a franchi le canal de Panama ce weekend et devrait arriver au large de la Floride mercredi soir ou jeudi. "Quand on a traversé le canal, on nous a demandé de fermer les rideaux et d'éteindre les lumières", raconte Yves, sans savoir l'origine des directives. Et de souffler: "Dans quelle galère a-t-on embarqué..."