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Lous and the Yakuza, sabre au clair sur le r'n'b

Thèmes forts - viol, prostitution, cancer - dans un coffrage r'n'b, soul et trap: Lous and the Yakuza, Marie-Pierra Kakoma à la ville, a dévoilé en résidence aux Trans Musicales de Rennes son futur album, prévu pour 2020 et très attendu.

"Dilemme" (plus d'un millions de vues sur YouTube) et "Tout est gore" (livré vendredi), les deux premiers singles, ne sont que des amuse-bouches. Les spectateurs de Rennes - cinq soirées programmées - ont déjà goûté à la chanson-choc, "4 heures du matin", sur le viol, où l'artiste épouse d'une voix puissante le point de vue de l'agressée et de l'agresseur.

L'audience reste scotchée. "Dans la salle, il y a des pleurs ou un silence incroyable, de marbre, je ne sais jamais quoi dire après ce morceau, ça me touche +de ouf+ la façon dont les gens ramassent cette histoire brute", commente pour l'AFP la chanteuse de 23 ans.

"J'écris mes textes très spontanément, je me suis dit: +est-ce que je vais faire un couplet sur le violeur?+ Oui, j'ai voulu mettre de la lumière sur le mal, sinon on ne le soigne pas. C'est comme pour le racisme, sinon tu vas refaire les mêmes erreurs encore et encore", poursuit-elle, du haut d'un parcours heurté qui nourrit ses textes, à l'instar d'un Stromae.

- "Galères", "à la rue" -

"Il y a la volonté de dire la vérité, avec de bonnes chansons, ce qui prend plusieurs formes musicales, comme +4 heures du matin+, où j'ai besoin de puissance dans la production, alors qu'+Amigo+ parle du cancer, ce que personne ne remarque car il y a une ambiance festive, mais c'est voulu".

Nul misérabilisme chez cette jeune femme lumineuse sur scène - elle fait danser un public au départ assis dans des fauteuils-cinéma - comme en interview: "Mon chemin fait chier (rires), il faut toujours 40 lignes dans les articles de presse pour décrire le contexte de l'artiste (rires)".

"Ma famille a fui la guerre en 2000 au Congo, je suis arrivée en Belgique à 4 ans, puis j'ai quitté la Belgique en 2005 pour le Rwanda, retour en Belgique en 2011". Puis viendront les "galères" - "finies vraiment il y a un an et demi" - quand elle se retrouve "à la rue" après un clash avec ses parents.

"C'était surtout à cause de mon entêtement, pas à cause d'eux, ils ont juste essayé d'être les meilleurs parents du monde - ils le sont d'ailleurs, extrêmement intelligents, hors normes, je les adore - mais quand j'ai 18 ans, ils sont médecins, auraient préféré que je fasse médecine, pas d'autre option, moi c'est la musique et c'est le premier gros +non+ qu'ils se prenaient, c'était quelque chose..."

- "Pas de hargne ni vengeance" -

La situation s'est normalisée en mode famille nombreuse, famille heureuse. "On est quatre enfants, plus tous les autres que mes parents n'ont pas pondu ! On est des enfants +forceurs+, chaque enfant invite ses deux-trois meilleurs potes: les vacances à six - deux parents, quatre enfants - ça n'existe pas, on est toujours 45 ! (rires)".

Et puis, il y cette chanson, "Courant d'air", qui traite de la prostitution, "un truc qui me suit depuis longtemps". "J'ai interviewé, comme un journaliste, beaucoup de prostituées quand j'étais à la rue, j'ai toujours été très intriguée, surtout dans leur rapport avec leur enfant", confie-t-elle.

Reviennent les méandres de son passé. "J'étais pauvre, à la rue, +comment je fais pour manger?+ L'idée m'a traversé l'esprit. J'avais déjà épuisé toutes mes combines de deal de drogues et le stress qui va avec. Et quand tu es tout en bas, tu tombes dans des milieux où +Tout est gore+ (nouvelle chanson) et c'est là qu'on te fait ce genre de propositions".

Tient-elle sa revanche aujourd'hui? "Non, j'ai toujours voulu +niquer le game+ (réussir). Pas de hargne ni vengeance, mes intentions sont amour, bonté, vérité. Les trucs négatifs sont dans mes textes. Dans la vie, les plus gros combats sont pour les plus grands soldats".

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