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De YouTube à la scène, Marie s'infiltre montre son culot

Trash, drôle et dérangeante, Marie s’infiltre a conquis un large public grâce à ses happenings vidéo sur YouTube. Un maître mot: le culot, comme art de tout oser pour s'affranchir de la honte et du regard des autres.

"Vous voulez de la gênance ?", lance-t-elle au public de la salle Pleyel, à Paris. "Et bien vous allez en avoir !", dit-elle, avant de dézipper sa fermeture éclair, montrer ses fesses et se lancer dans une version live de son clip "Culot". Tonnerre de cris de joie et d'applaudissements.

Après avoir accumulé des millions de vues sur ses vidéos sous le nom de Marie s’infiltre, Marie Benoliel présente depuis le début d’année son spectacle "Culot" et s'apprête à faire une tournée des Zénith.

"Le culot, c'est quelque chose que je m'impose dans ma vie personnelle et professionnelle", déclare à l'AFP l'artiste de 33 ans.

"C'est le fait de passer à l'acte en sortant de son ego, du regard des autres, en se libérant de son surmoi pour prendre plaisir dans tout ce qu'on fait, sans cet espèce d'excès de sérieux qui nous retient".

- "Bousculer le spectateur" -

A l’image de cette entrée en scène, les deux heures qui suivent font passer le public par toute une gamme d'émotions: rire devant les shows burlesques, gravité quand l’artiste évoque la mémoire de son amie décédée, sans oublier le malaise, pierre angulaire du spectacle: les blagues sur l'origine ou le physique, parfois grasses, pleuvent sur les premiers rangs qui en prennent pour leur grade.

"C’est important de bousculer le spectateur, de le déranger, de ne pas être dans la flatterie", déclare celle qui n'hésite pas à vider le sac d'une des spectatrices sur scène, à chiper le manteau d'une autre, avant de maquiller un autre infortuné avec le nécessaire trouvé dans ses poches.

"Mais tout ce que je fais, sur scène ou dans la vie, je le fais avec amour", ajoute-t-elle, "Même quand je mets le public à l’épreuve, que je le tourne en ridicule, c’est avec amour".

Passée par Sciences Po, la jeune femme rêve de théâtre mais se fait un nom grâce à ses pastilles vidéos, où on la voit s’incruster en caméra cachée sur la scène d'un défilé Chanel, se travestir en supportrice de la Manif pour tous ou du Front national, pour mieux les tourner en dérision - doigts d’honneur à l’appui, ou encore se moquer des influenceurs à Dubaï dans un clip vu plus de 880.000 fois.

En 2022, elle monte sur la scène des César et montre ses fesses au public avant de s'emparer d'un micro pour réciter un discours en "-cul", générant un buzz important et de vives critiques.

"En réalisant ces vidéos, mon but était de montrer que la société nous impose quelque chose de très lisse, de très construit. C’est une chose que j’avais envie d’affronter, pour montrer qu’on peut s’en affranchir".

- Joie de vivre -

Depuis, elle multiplie les happenings et les formats, monte sur scène en 2018 pour présenter un premier spectacle, fait la tournée des plateaux télé.

"C’est difficile de me ranger dans une case, et j’adore ça. Si on doit me définir comme un objet à vendre, je ne suis ni chanteuse, ni réalisatrice, ni humoriste, mais j’incarne plutôt une sorte de liberté, de joie de vivre".

Ce succès se traduit dans la tournée de son spectacle, plus de trente dates en France, en Suisse et en Belgique, dont beaucoup affichent complet. Les spectateurs en ressortent souvent essorés mais ravis.

Parallèlement, celle qui se définit comme un bourreau de travail évoque un projet de film, un documentaire sur ses racines juives et tunisiennes, deux albums qu'elle a commencé à écrire pendant le confinement.

Un rythme effrené, mais pas de quoi effrayer la jeune femme: "Je connais ma chance, mais au fond de moi, je suis persuadée que j'aime ce métier plus que les autres", dit-elle, en riant.

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