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Etienne Daho, cartographie intime en musique

"Je suis sensible à l'énergie des lieux": le nouvel album d'Etienne Daho, "Tirer la nuit sur les étoiles", a été enregistré à Saint-Malo, Londres et Paris, trois villes au cœur de son parcours.

"Saint-Malo, entourée de remparts, a un côté austère mais, une fois que tu y es et que les gens te donnent leur amitié, il y a un côté éternel", raconte l'artiste, rencontré à Paris, à l'AFP.

La Cité Corsaire, surnom de la ville, est clairement citée dans les chansons "Les derniers jours de pluie" et "Virus X" sur ce nouvel album à paraître le 12 mai.

L'ambiance portuaire malouine, entre quiétude et éléments déchaînés, inspire aussi les métaphores des morceaux "Le phare" et "30 décembre", dans un disque en grande partie dédié au sentiment amoureux (le premier single "Boyfriend" fut dévoilé le jour de la Saint-Valentin).

C'est à Saint-Malo -et dans les bourgades voisines de Saint-Lunaire et Dinard- que Daho avait écrit son célèbre deuxième album "La notte, la notte" (1984).

Cette commune fortifiée, sur le littoral de la Manche, le chanteur y allait en vacances enfant -arrivé gamin d'Algérie, il a grandi à Rennes, à une soixantaine de kilomètres- et, étudiant, y voyait se lever le jour après ses nuits de fêtes.

- "Mythologie" -

C'est de Saint-Malo qu'il a pris le bateau pour se rendre la première fois en Angleterre. "J'avais 14 ans, je voulais apprendre l'anglais, j'avais besoin d'argent pour m'acheter une mobylette, j'avais écrit à plusieurs hôtels pour travailler en saison, j'avais menti sur mon âge", se souvient-il.

"La cheffe du personnel de l'hôtel à Manchester qui m'avait répondu avait dans son bureau derrière elle des posters de magazines avec des mecs à poil en érection. C'était, comment dire, une espèce de climat...", s'esclaffe-t-il.

Musicien, il franchira les portes des célèbres studios Abbey Road à Londres à l'époque de "Corps et armes" (2000) et y reviendra ensuite régulièrement.

Moins sensible à l'empreinte laissée entre ces murs par les Beatles que par des figures plus importantes dans sa "mythologie" musicale, comme John Barry (compositeur connu pour la B.O. de "James Bond") ou Syd Barrett (l'âme damnée des premiers albums de Pink Floyd).

Abbey Road fut donc l'écrin de sessions de cordes pour l'album "Tirer la nuit sur les étoiles", geste fou prêté par la légende à Ava Gardner et Frank Sinatra en pleine romance tumultueuse et morceau-titre chanté en duo avec Vanessa Paradis.

- "Un petit frère" -

"Les murs de ce studio ont absorbé l'énergie des gens qui y sont passés", salue le sexagénaire.

Ce disque de haute couture pop, où l'on retrouve aussi des motifs electro évoquant l'album "Eden" (1996), est également passé par les consoles de Motorbass, lieu d'enregistrement parisien bien connu de Daho.

Son tube "Week-end à Rome" et tout "La notte, la notte" y avaient été mixés quand ce studio était connu sous le nom de Continental, avant de devenir Motorbass sous l'impulsion de Philippe Zdar, sorcier du son disparu accidentellement en 2019.

"C'était comme un petit frère pour moi. Après que Zdar soit parti, je n'arrivais pas à y retourner, c'était trop violent", confie Daho. "Mais sa femme m'a dit d'y aller, j'y ai fait une production pour (la chanteuse espagnole) Luz Casal et je m'y suis senti très bien, avec l'impression qu'il était partout, qu'il m'envoyait des clins d'oeil".

"Je me suis dit que c'était l'endroit idéal pour enregistrer ce disque. Et puis c'est à deux mètres de chez moi", conclut l'artiste, qui s'est renouvelé en arpentant des lieux si familiers.

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