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Les coulisses d'une comédie musicale, "c'est comme un stand de Formule 1"

De "42nd street" en décembre à "West Side Story" en 2023, le Théâtre du Châtelet à Paris relance les spectacles façon Broadway dont il a le secret, grâce à une équipe en coulisses digne d'un stand de Formule 1.

Sur le plateau du théâtre parisien, quelques jours avant la reprise ce mercredi "de 42nd Street" (jusqu'au 15 janvier), des danseurs s'échauffent pour leurs "taps" - les numéros de claquettes qui a rendu ce spectacle emblématique -, des machinistes roulent des éléments de décors sur des chariots mécaniques, tandis que dans une loge, côté jardin, des danseuses enfilent leurs costumes à paillettes.

Cette version signée du Britannique Stephen Mear avait été ovationnée à sa création par le théâtre en 2016 (elle devait reprendre plus tôt mais a été annulée pour cause de pandémie).

La comédie musicale originale, créée en 1980 à New York, est une adaptation d'un film culte outre-atlantique de 1933. Il s'agit d'un "backstage musical", soit une histoire qui raconte le montage d'un show.

"C'est un vrai +musical+ à l'américaine, avec une grande quantité de changements de décors, on en est à une trentaine qui se succèdent toutes les cinq, dix minutes", expliquent à l'AFP Lucia Goj, directrice technique du Châtelet.

Pas moins de 300 costumes et presque autant de paires de chaussures, une cinquantaine de personnes mobilisées pour l'habillage et le maquillage, sans compter les accessoiristes et les perruquiers.

"On parle de 40 artistes et plus qui, en même temps, se changent tous pour la scène d'après", ajoute-t-elle.

- "Une grosse machine" -

Si durant les répétitions l'ambiance est plutôt détendue, il n'en sera pas de même au moment du spectacle.

"Un changement de costume, c’est comme pour la Formule 1: quand la personne arrive au +stand+, tout le monde sait ce qu'il faut faire", affirme Sylvie Ayrault, cheffe du service habillage. "C'est une ruche qui se met en place".

Elle inspecte les chaises de chaque artiste sous lesquelles se trouvent des paniers remplis de chaussures de danse.

Tous les vêtements et chaussures sont pensés de manière à être enlevés et enfilés très vite (pas de boutons, pas de lacets), car les changements ne durent parfois qu'une minute à peine.

Au-dessus de ce ballet incessant de machinistes et d'artistes dans les coulisses, l'ambiance est plus feutrée mais pas moins intense dans les cintres.

Quinze tonnes de toiles et d'éléments de décors sont accrochées grâce à des dizaines de porteuses.

"Par rapport à d'autres productions, il y a beaucoup de décors suspendus", indique Romain Lejbowicz, cintrier et machiniste qui manipule le système de pilotage informatisé. "C'est une grosse machine, il faut faire attention".

Le feu d'artifice chorégraphique et ce va-et-vient de costumes chatoyants et de décors scintillants sont une des clés de succès du spectacle, qui rend hommage au genre disparu de la grande revue américaine à paillettes.

"Ca en met plein les yeux, ça met de bonne humeur, ça claquète tout le temps", sourit la directrice technique.

Cette version de "42nd Street" été produite par le Châtelet durant le mandat de Jean-Luc Chopelin (2003-2016), qui a relancé le genre de la comédie originale en VO à Paris. En cette fin d'année, de nombreuses comédies musicales sont à l'affiche, certaines sont prolongées comme "Les Producteurs".

"Les gens disaient que ça ne marcherait jamais en France", explique à l'AFP Jean-Luc Chopelin, qui avait même co-produit avec Broadway "An American in Paris" en 2014, repris à Londres et récemment en Australie.

Et ce n'est pas un hasard si le Lido, réinventé sous le nom Lido2Paris, a nommé à sa tête le même M. Chopelin et rouvert ses portes avec le célèbre "Cabaret", dont l'histoire se situe dans un club berlinois en pleine montée du nazisme.

"On a enfermé trop vite la comédie musicale dans le pur divertissement mais ne pensons pas qu'elle est sans message", affirme-t-il.

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