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Les tests de Mathieu: ce speed pedelec est belge et coûte 10.000€, quelles sont les différences avec un vélo électrique ?

La mobilité douce, c'est tout un concept. Mais en Belgique, comme dans d'autres régions du monde avec une forte densité de population (courte distance entre les zones habitées et zones industrielles), et a priori avec un paysage peu accidenté (voire plat comme la Flandre et les Pays-Bas), utiliser un vélo comme moyen de déplacement principal est une réalité. 

Forcément, l'arrivée du vélo électrique bouleverse le marché, je vous en ai déjà parlé lors de mon entretien avec les fondateurs de Cowboy. Et vous en avez sans doute entendu parler: le speed pedelec essaie de se faire une place, avec des arguments différents. J'ai eu droit à une balade avec Stephen, un des responsables de Specter, un fabriquant basé dans la région de Gand. On vous explique tout. 

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Plus rapide, plus lourd, plus cher

Speed pedelec, un nom barbare qui sonne très mal en français, définit une catégorie de vélos permettant d'aller plus vite et donc devant respecter des règles différentes sur la route (vous noterez qu'il est même équipé d'une plaque d'immatriculation). Et vous connaissez les lois de la physique, identiques pour les voitures: pour aller plus vite, il faut des moteurs plus puissants, donc des batteries plus imposantes, qui sont forcément plus lourdes (donc il faut des moteurs plus puissants, etc... le serpent se mord un peu la queue par moment). 

Tout est donc une question d'équilibre et Specter, jeune entreprise basée dans la région de Gand, l'a trouvé. À travers le recours à la fibre de carbone, à la fois plus légère et plus facile à façonner afin de conférer au vélo une aérodynamique digne d'une voiture de sport. Mais... c'est plus cher, aussi. D'où la facture qui grimpe à 10.700€ (il existe des marques moins chères, mais tous les speed pedelec coûtent plusieurs milliers d'euros). Le prix d'un beau scooter électrique, plus robuste, plus endurant, plus à l'aise sur les grandes routes. "Les gens aiment le vélo, veulent faire du vélo, mais veulent aussi pouvoir se déplacer plus rapidement qu'avec un vélo électrique traditionnel", argumente un responsable de la marque.

Il est vrai que les vélos électriques normaux sont électroniquement et légalement limités à 25 km/h (l'assistance se coupe à cette vitesse, ce sont les jambes et la descente qui peuvent alors augmenter la cadence). Le Specter, lui, poursuit l'assistance électrique, donc le fait de transformer une poussée sur la pédale en impulsion pour le moteur, jusque 45 km/h. C'est pratiquement deux fois plus rapide, donc. 

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Plus dangereux ? 

45 km/h sur un vélo, c'est la vitesse moyenne sur une étape du Tour de France. Mais pour le cycliste occasionnel que je suis, c'est très rapide. Mais sincèrement, bien qu'il s'agissait de ma première expérience en speed pedelec, rien ne m'a semblé dangereux. Il faut bien sûr maîtriser son véhicule, comme toujours. Pas de coup de guidon, ça va de soi, mais c'est valable même avec très faible vitesse. De plus, étonnamment, j'ai trouvé que le vélo était très stable à 45 km/h, alors que nous avons parcouru des routes qui n'étaient pas dans un état irréprochable, et malgré l'absence de système de fourche de suspension. Les gros pneus se chargent en effet d'amortir une partir des secousses, même les zones abîmées d'une route rapide n'ont pas provoqué de secousse dangereuse. Donc selon mon expérience, ça n'est pas plus dangereux de rouler avec un vélo "normal" à 25 km/h qu'avec ce speed pedelec à 45 km/h. D'autant que le système de freinage est costaud, jamais pris en défaut lors de mon test, tout en étant progressif. Bref, c'est du haut de gamme. 

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Une autonomie allant de 55 à 120 km

Comme expliqué, les besoins en puissance étant plus importants, la batterie doit suivre. Avec la nouvelle version (la deuxième, pourrait-on dire) du Specter 1, baptisée long range (grande autonomie), une deuxième batterie vient gonfler l'autonomie de la bécane. Selon le mode de conduite sélectionné via le petit tableau de bord tactile (Range, Chill ou Fly), votre autonomie variera de 55 km à 120 km. C'est théoriquement suffisant pour un aller-retour domicile-travail. 

La différence entre ces trois modes se situe principalement dans la réactivité du moteur. En Range, où le but est de maximiser l'autonomie de la batterie, vous aurez une assistance comparable à celle d'un vélo électrique basique: il faudra pédaler plus fort et plus longtemps pour atteindre les 45 km/h, l'accélération est moindre. C'est bien entendu le contraire avec le mode Fly, où sans mettre beaucoup d'effort dans le coup de pédale, le Specter accélère et atteint rapidement sa vitesse de pointe, devenant un véritable moyen de transport rapide...

Un tableau de bord plutôt qu'une application: mauvais choix ? 

Alors que des ténors du secteur comme Cowboy ont rapidement compris qu'il valait mieux développer une bonne application sur smartphone et tout faire pour qu'il s'intègre bien dans le vélo (socle de fixation qui recharge le téléphone, par exemple), la jeune entreprise flamande Specter s'est lancé dans le développement d'un tableau de bord tactile. Au-delà des difficultés que cela représente de développer un tel logiciel, sans oublier le coût du matériel à intégrer, je trouve assez risqué d'imposer le recours à un écran tactile à cette vitesse. Or c'est nécessaire pour modifier certains paramètres, notamment ceux de la boîte de vitesse (oui il y en a une, voir la photo ci-dessous) qui, elle aussi, peut se comporter différemment - mais ça devient un peu technique :

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Notez qu'il y a, heureusement, des boutons de commandes sur le guidon pour choisir le mode de conduite. Cependant, l'utilisation de Spotify ou du GPS passe par une liaison Bluetooth avec le smartphone ; dès lors, un bon socle de fixation serait, il me semble, plus efficace. 

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