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Le prix augmente, mais il permet de combler les lacunes matérielles du premier smartphone de la jeune entreprise londonienne qui conçoit des écouteurs sans fil et des smartphones. Au final: un appareil résolument original, avec des performances très raisonnables, pour un prix finalement logique: 699€.
Dans le marché très compliqué des smartphones, il y a des histoires étonnantes. Alors que des entreprises avec des moyens colossaux se cassent les dents depuis des années (Sony) ou ont carrément jeté l'éponge (LG), une jeune start-up parvient à performer. Je parle de Nothing, une société basée à Londres et composée d'anciennes têtes fortes de OnePlus, notamment. En seulement 3 ans, venue de nulle part, Nothing a vendu 1,5 million d'appareils (des écouteurs entièrement sans fil et le premier Nothing Phone), compte 450 employés et vient de lever 96 millions d'euros pour poursuivre sa croissance. Ses secrets: un travail colossal sur le design et l'originalité des produits, un bon rapport qualité prix, un travail ciblé et soigné sur le marketing et l'image de marque et un réseau de distribution simplifié (quelques sites marchands, dont le sien, et dernièrement la Fnac en Belgique). Les amateurs de technologies qui aiment sortir des sentiers battus par Apple et Samsung auront remarqué des similarités évidentes avec les débuts de OnePlus, il y a une dizaine d'années.
Un Phone (2), un an plus tard, 200€ plus cher
Nothing avait dit ne pas être pressé de sortir un smartphone tous les ans, souhaitant faire évoluer ses produits. Mais tout va très vite et l'équipe a senti le besoin et l'envie de proposer un Phone (2) un an après le Phone (1), également au milieu de l'été (ce qui a un avantage: il y a de l'espace médiatique…). C'est le seul point sur lequel Nothing n'est pas très original. La justification: "On voulait du premium, le (2) est un grand pas en avant par rapport au (1): le prix suit le travail fourni, tout en restant plus abordable que la concurrence", ai-je appris lors d'un point presse pour la Belgique. Effectivement, le Phone (2) a presque tout d'un grand, sauf le prix: 699€, alors que chez Apple, Samsung et Oppo, on dépasse de plus en plus vite la barre symbolique des 1.000€. Mais la différence est assez importante avec le Phone (1), qui coûte 499€.
Du vrai premium ?
Soyons clairs: après quelques jours d'utilisation, le Phone (2) a tout ce qu'il faut pour rentrer dans la case premium sans faire exploser les prix. Nothing a trouvé, selon moi, le très bon équilibre entre performances et prix.
- La puce très haut de gamme de 2022 (Snapdragon 8+ Gen1): dans la pratique, impossible de la prendre en défaut à moins de vouloir jouer aux jeux les plus gourmands avec les graphismes poussés au maximum
- 12 GB de RAM de 256 GB de stockage: amplement suffisant pour l'écrasante majorité des utilisateurs exigeants
- Un écran OLED de 6,7" de 2.412 x 1.080 pixels, avec un taux de rafraîchissement adaptatif de 1 à 120 Hz.
- La charge assez rapide (45W, comptez 55 minutes pour passer de 0 à 100%) et sans fil (max 15W). Une batterie de 4.700 mAh.
- Deux capteurs de 50 MP à l'arrière: le principal est un très bon Sony IMX890 de 2023, qu'on retrouve notamment sur le OnePlus 11. Ce capteur est aidé par une stabilisation optique (donc mécanique), et il donne de très bons résultats, même dans la pénombre.
Ce qui lui manque pour faire jeu égal avec les meilleurs smartphones Android proposés par Samsung, Xiaomi ou Oppo (et qui atteignent les 1.200€) ? Une puce plus récente et donc (légèrement) plus performante, une charge plus rapide, une partie photo plus poussée (car il manque un capteur spécial zoom, qui peut s'avérer pratique si on a l'habitude), des matériaux plus nobles.
Je qualifierais donc le Nothing Phone (2) de Premium Cool, un premium qui ne se prendrait pas la tête, devenant plus accessible
Un petit plus : la classe…
Mais détournez les yeux de cette fiche technique ennuyeuse. La vraie qualité de Nothing, à mes yeux d'amateur de nouvelles technologiques, c'est le soin très particulier et inédit accordé au design extérieur et intérieur. Ce n'est la classe au sens 'Chic' du terme. C'est la classe au sens 'Mon smartphone ne ressemble pas à toutes les itérations d'Android ni à l'iPhone'.
Extérieur: le Glyph est bien sûr de retour. Il s'agit de cet ensemble de bandeaux lumineux (un LED blanc très froid) disposés sur le dos du smartphone, qui est une face en verre transparent. Il y a davantage de bandeaux que sur le Phone (1), et ces bandeaux gagnent en utilité. On s'en servira toujours, principalement, comme un complément à la sonnerie: le téléphone sonne, vibre et clignote de manière très originale ; et vous pouvez assigner tel type de sonnerie à tel contact. Mais il y a désormais plus: Nothing a ouvert ce Glyph aux applications tierces, et pour débuter il y a Uber. L'arc de cercle supérieur se transforme en jauge qui diminue lorsque le conducteur Uber s'approche du point de prise en charge. Selon moi, au-delà de l'aspect visuel attrayant et original (qui plait sans doute davantage aux plus jeunes générations), il y a du potentiel. On déverrouille tellement de fois son smartphone - ce qui accentue la distraction numérique - que toutes les solutions pratiques sont bonnes pour éviter ça. Si Nothing confirme son succès, d'autres applications pourraient exploiter ce Glyph.
Intérieur: on parle ici de Nothing OS 2.0. Malgré sa petite taille et sa jeunesse, l'entreprise a pris le soin de développer une nouvelle surcouche logicielle pour Android 13. Principale avancée visuelle: la personnalisation extrême des écrans d'accueil. Si vous optez pour le design noir et blanc (je vous le recommande), vous ajouterez un style épuré et très propre à votre téléphone. Et pour aller plus loin, si vous vous amusez avec les widgets Nothing et les possibilités de dossiers carrés ou ronds pour ranger vos applications, vous aurez vraiment l'impression d'être sous un système d'exploitation différent. J'ai particulièrement apprécié le fait que les icônes des dossiers sont cliquables dès l'écran d'accueil, il ne faut plus ouvrir le dossier au préalable.
Conclusions
Sans aucune discussion possible, Nothing propose à nouveau le smartphone Android le plus original et le plus rafraîchissant de ces dernières années. Tant au niveau matériel (transparence, Glyph avec LED) que logiciel (un Nothing OS 2.0 très personnalisable et original), la jeune entreprise londonienne prouve à tous les constructeurs qu'il est encore possible d'innover sur le marché du smartphone. Et contrairement au Phone (1), le Phone (2) ne fait plus de compromis sur les performances, avec un gain significatif au niveau du processeur, de l'écran et de la photo. Bien logiquement, le prix évolue (699€), mais on reste à un niveau raisonnable.