Accueil Actu

Médias: l'Agence des quartiers placée en liquidation judiciaire

Clap de fin pour l'Agence des quartiers: le média alternatif, dans la tourmente depuis plusieurs mois sur fond de salaires impayés et de crises internes, a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce d'Evry, a appris jeudi l'AFP de sources concordantes.

Le projet lancé à l'automne 2019, lourdement soutenu par des subventions publiques, à hauteur d'environ 1,8 million d'euros, était censé offrir un regard neuf sur l'actualité des quartiers populaires, en passant, selon son slogan, "du sensationnel à l'essentiel".

L'agence, dont plusieurs antennes ont ouvert en France, devait également faire office d'organe de formation au journalisme pour des jeunes issus des quartiers dits prioritaires.

Mais l'agence portée par Guillaume Villemot, un communicant proche des deux ex-ministres de la Ville Julien Denormandie et Jean-Louis Borloo, s'est rapidement retrouvée embourbée dans des problèmes de trésorerie.

Depuis plusieurs mois, elle connaissait une vague de contestation interne, révélée par une cinglante lettre ouverte des employés début mars, levant le voile sur des salaires impayés depuis parfois plus d'un an, et une situation sociale et humaine chaotique, au point que l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), qui a en partie financé le projet, a dû lancer une enquête dans la foulée.

L'entreprise, qui n'a dégagé récemment "aucun chiffre d'affaires significatif", "n'est pas en mesure de faire face aux charges courantes et notamment aux salaires du personnel (...) de telle sorte qu'il est à craindre la création d'un passif nouveau", a argumenté le tribunal de commerce d'Evry dans sa décision de liquidation judiciaire rendue mercredi et consultée par l'AFP.

Le même tribunal avait déjà placé l'Agence des quartiers en redressement, en avril, sur demande de Guillaume Villemot, qui espérait pouvoir poursuivre l'activité sous protection d'un administrateur judiciaire.

Mais, au terme d'une période d'observation, le tribunal a jugé "que le redressement de l'entreprise n'apparaît pas possible".

"Enfin, c'est terminé! La décision nous libère de cette tourmente, qui nous bloque dans nos vies, privées et professionnelles, depuis des mois", a commenté, sous couvert d'anonymat, une responsable de l'agence qui avait engagé une procédure aux prud'hommes pour tenter d'être payée.

"Le SNJ déplore cette fin, au-delà de la fin, le SNJ déplore la manière dont Guillaume Villemot a fait croire à des jeunes qu'ils allaient travailler dans ce métier, alors qu'il n'avait pas les reins assez solides", a réagi le Syndicat national des journalistes, précisant que "l'idée était bonne car il y a besoin de ce genre de passerelles".

Contacté par l'AFP, Guillaume Villemot, cofondateur du mouvement citoyen "Bleu Blanc Zèbre" avec l'écrivain Alexandre Jardin, n'a pas répondu aux sollicitations.

À lire aussi

Sélectionné pour vous