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Le déficit public examiné en Conseil des ministres, début d'un parcours périlleux

La trajectoire chiffrée du déficit public d'ici à 2027 est connue depuis une semaine, mais le programme de stabilité qu'elle résume est présenté mercredi en Conseil des ministres, début d'un parcours périlleux pour les finances publiques françaises.

Le "PSTAB" pour 2024, comme le surnomment les spécialistes, définit à l'intention de Bruxelles la manière dont la France compte revenir sous 3% de PIB de déficit public en 2027, sous peine de sanctions financières.

Ce débat européen aura lieu "probablement au-delà de l'été", espère Bercy. C'est sur le plan intérieur que le gouvernement va devoir d'abord s'exposer.

Les mauvaises nouvelles budgétaires s'égrènent depuis février.

Successivement: la croissance 2024 ne sera pas de 1,4% mais de 1%, le déficit a été de 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9%, et cette année il ne sera pas de 4,4% mais de 5,1%.

Conséquence: il faudra économiser 10 milliards d'euros cette année - annonce de février - et encore 10 milliards - annonce de la semaine dernière, puis 20 milliards en 2025, au lieu des 12 initialement calculés.

Le nouveau PSTAB prévoit un redressement du déficit à 4,1% en 2025, 3,6% en 2026 et finalement 2,9% en 2027.

Parallèlement, la dette stagnerait de 112,3% du PIB cette année à 112% en 2027, mais avec un coût qui passerait de 46,3 milliards en 2024 à 72,3 milliards d'euros en 2027.

"Il s'agit maintenant de préciser le contenu" du programme, "et d'en assurer la mise en œuvre de manière crédible", a prévenu mardi le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau.

Fait rarissime, les locataires de Bercy n'ont pas prononcé un mot sur le PSTAB depuis la semaine dernière, laissant leurs directeurs de cabinet faire les annonces chiffrées à la presse.

La conséquence peut-être de tensions qui seraient apparues entre le ministre des Finances Bruno Le Maire et le chef de l'Etat, au sujet des dix nouveaux milliards à économiser.

- "Pas de désaccords" -

Le ministre, auquel sont régulièrement prêtées des ambitions pour 2027, voulait placer les économies dans une loi de finances rectificative dès ce printemps, avec risque de censure par les oppositions.

Emmanuel Macron, qui décrit le creusement du déficit comme un simple "choc conjoncturel" lié au ralentissement des pays voisins, jugeait ces débats anxiogènes.

Finalement, les économies seront incluses à l'automne dans la loi de finances de fin de gestion. M. Macron a clos l'affaire: "Il n'y a pas de désaccords dans la République française".

L'exécutif assure que le déficit n'entraînera aucune hausse d'impôt, à part peut-être pour "taxer des rentes" de grosses entreprises, comme y réfléchit un groupe de parlementaires à la demande du Premier ministre Gabriel Attal.

M. Le Maire participant mercredi aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, c'est le ministre des Comptes publics qui présente le PSTAB en Conseil des ministres.

Thomas Cazenave l'évoquera aussi à 17H00 devant la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, avec le "projet de loi relative aux résultats de la gestion" 2023, également au menu du Conseil des ministres.

Il succédera devant les députés à Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des Comptes et président du Haut Conseil des Finances publiques (HCFP), instance qui publiera mercredi son avis sur le PSTAB.

M. Moscovici est connu pour ne pas mâcher ses mots quand il est en désaccord avec les prévisions de Bercy.

Les deux ministres de Bercy débattront à nouveau du PSTAB le 29 avril à l'Assemblée nationale et le 30 au Sénat.

Entretemps, la décision de deux des trois principales agences de notation sera tombée le 26 avril.

Si Fitch, qui avait dégradé la note souveraine de la France l'an dernier, ne devrait pas la modifier, Moody's n'a pas encore dévoilé ses cartes.

La plus regardée des trois, S&P, se prononcera le 31 mai. Sans grande conséquence sur les marchés, une dégradation ferait toutefois très mauvais effet à neuf jours des élections européennes.

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