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Charles III s'apprête à recevoir la couronne d'un royaume désuni: les dirigeants écossais et gallois veulent se débarrasser de la monarchie, tandis qu'en Irlande du Nord le Sinn Fein, partisan de la réunification, est majoritaire. Et lors du couronnement, les républicains promettent de s'inviter à la fête et de manifester.
"Je me considère avant tout comme un citoyen, pas un sujet", affirmait ainsi le Premier ministre écossais Humza Yousaf en mars au journal The National durant la campagne qui devait le porter à la tête du gouvernement.
Et il a promis un chef d'Etat élu dans les cinq ans suivant l'indépendance de l'Ecosse, même si cet objectif s'éloigne avec la multiplication des déboires de son parti indépendantiste, le SNP.
Il sera néanmoins au couronnement, tout comme le Premier ministre gallois, Mark Drakeford, lui aussi républicain convaincu. Et comme, et c'est une première, la cheffe du Sinn Fein nord-irlandais Michelle O'Neill.
Au-delà, dans le Commonwealth, les fissures menacent ce vestige de l'empire britannique qui revient à Charles, souverain qui en plus du Royaume-Uni, règne sur 14 pays.
Le gouvernement australien se prépare à se défaire de la monarchie. La Barbade l'a déjà fait.
Au Royaume-Uni, les antimonarchistes veulent se saisir de l'événement pour relancer le débat sur la couronne, longtemps éclipsé par la popularité et le respect dont jouissait la reine Elizabeth II.
"C'est une opportunité énorme pour nous, je pense qu'on va en tirer le maximum", a déclaré Graham Smith, directeur général du groupe antimonarchiste Republic, qui milite pour l'instauration d'un chef d'Etat élu.
Les Républicains prévoient de manifester sur le trajet de la procession, après qu'une poignée d'entre eux ont déjà protesté lors de plusieurs déplacements du roi au cri de "Pas mon roi !" depuis l'accession de Charles au trône après la mort de sa mère Elizabeth II le 8 septembre.
Une reine qui était une "star" pour la monarchie pendant ses 70 ans de règne, reconnaît le dirigeant de Republic.
"Le terrain est bien plus fertile, les gens ont bien plus envie d'écouter et de s'impliquer", souligne Graham Smith.
La cause républicaine trouve une oreille plus ouverte notamment par l'ampleur des dépenses engagées pour le couronnement quand les Britanniques sont frappés de plein fouet par la pire crise du coût de la vie depuis des décennies.
- Guerre civile -
La proportion de Britanniques pour qui la monarchie est "très importante" n'est que de 29%, un record, selon les chiffres du National Centre for Social Research (NatCen). Une majorité défend toutefois la monarchie, mais ce soutien chute particulièrement chez les jeunes.
"La difficulté qui se présente pour la monarchie va être de prouver sa pertinence et attirer les jeunes pour conserver ce soutien", selon le directeur général de NatCen, Guy Goodwin.
Contrairement au XVIIe siècle, aucune effusion de sang n'est à attendre cette fois.
Charles Ier a conduit l'Angleterre dans la guerre civile et a fini décapité en 1649 non loin de l'abbaye de Westminster où son descendant sera couronné le 6 mai.
Charles II, lui, est resté roi d'Ecosse après l'exécution de son père avant de récupérer le trône d'Angleterre et d'Irlande après un interrègne républicain. Mais les tensions religieuses qui étaient l'un des facteurs de la guerre civile restaient forts. Le frère catholique de Charles II a été démis au profit d'héritiers protestants.
De nos jours la monarchie est plus stable, comme le souligne Anna Whitelock, professeure d'histoire de la monarchie à la City University de Londres.
"Mais oui, c'est un royaume désuni à bien des égards. Clairement il y a la possibilité d'engager un débat qui n'avait pas lieu lors du long règne de la reine", a-t-elle déclaré à l'AFP.
"Les jeunes en particulier commencent à questionner ce que fait la monarchie, ce qu'elle vaut, si elle rend des comptes. Il y a un changement, avec les manifestations et le hashtag #notmyking." ("#pasmonroi").
Le débat sur la République prendra du temps, selon l'historienne, pour qui "il n'y a aucune chance que ce Charles suive les pas macabres du premier".