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La principale organisation patronale britannique licencie son patron pour conduite inappropriée

La principale organisation patronale britannique, la CBI, a licencié mardi "avec effet immédiat" son patron Tony Danker pour "conduite inappropriée au travail", dans la foulée d'accusations d'agressions sexuelles visant plusieurs responsables qui causent le malaise au sein du milieu des affaires dans le pays.

Cette décision intervient à la suite d'"une enquête indépendante sur des plaintes spécifiques d'inconduite au travail à l'encontre" de M. Danker, a expliqué la CBI dans un communiqué, dans lequel elle "présente ses excuses aux victimes de cet échec organisationnel".

Le syndicat patronal a annoncé mardi que Rain Newton-Smith, ancienne économiste en chef de la CBI, qui avait été récemment nommée au sein de l'équipe dirigeante de la banque britannique Barclays, serait sa nouvelle directrice générale.

"Je veux que la CBI soit une organisation dont nous pouvons tous être fiers", a déclaré Mme Newton-Smith dans un communiqué séparé, se disant "reconnaissante et déterminée à diriger l'équipe à travers cette période difficile".

"Les allégations qui ont été faites ces dernières semaines au sujet de la CBI ont été dévastatrices", a reconnu l'organisation, précisant que trois autres de ses employés "sont maintenant suspendus dans l'attente d'une enquête plus approfondie".

Signe du malaise, la CBI a vu ces derniers jours ses partenaires habituels prendre leurs distances, certaines entreprises réévaluant leur statut de membre tandis que les instances gouvernementales ont interrompu leur collaboration.

"La CBI doit résoudre ce problème rapidement, restaurer notre confiance dans l'organisation", avait appelé la semaine dernière sur la BBC le directeur général du brasseur Adnams Brewery, Andy Wood, dont l'entreprise évalue son éventuel départ de l'organisation.

Plusieurs femmes travaillant pour la CBI affirment avoir été victimes d'agressions sexuelles, et même de viol, de la part de dirigeants de l'organisation, selon une enquête publiée début avril par le quotidien The Guardian.

Ces révélations ont été publiées moins d'un mois après l'annonce de la mise en retrait de M. Danker, lui-même visé par des allégations de "contacts non sollicités" considérés comme du "harcèlement sexuel" sur son lieu de travail.

Directeur général de la CBI depuis novembre 2020, M. Danker s'est dit, mardi sur Twitter, "choqué d'apprendre" son licenciement "au lieu d'être invité à faire valoir sa position". S'il "reconnaît avoir involontairement mis un certain nombre de collègues mal à l'aise", il assure que de nombreuses allégations le concernant "ont été déformées".

- "Culture misogyne" -

Selon les derniers témoignages recueillis par The Guardian -et qui ne concernent pas M. Danker-, plus d'une douzaine de femmes qui travaillent ou ont travaillé pour la CBI déclarent y avoir été victimes de "différentes formes de comportements sexuels déplacés de la part de responsables" de l'organisation.

L'une d'entre elles affirme avoir été violée lors d'une fête organisée à bord d'un bateau sur la Tamise en 2019, tandis qu'une autre dit avoir été agressée sexuellement pendant ce même évènement.

Toutes dénoncent une "culture misogyne" et "toxique" au sein de cette organisation qui dit représenter 190.000 entreprises de toutes tailles et de tous secteurs au Royaume-Uni.

La CBI a fait appel à un cabinet d'avocats, Fox Williams, pour enquêter. Elle est, en outre, en contact avec la police et veut coopérer pleinement à toute enquête des autorités, a-t-elle indiqué.

L'organisation patronale a annulé son dîner de gala annuel, qui était prévu en mai et auquel assistent normalement des membres les plus éminents du monde britannique des affaires, ainsi que des dirigeants de la sphère publique.

"Il est déjà clair pour nous tous qu'il y a eu de graves manquements dans la façon dont nous avons agi en tant qu'organisation", a observé mardi la CBI, qui "remercie tous ceux qui ont eu le courage de s'exprimer".

"Un examen complet de notre culture, de notre gouvernance et de nos procédures (...) pour comprendre ce qui doit être changé et amélioré" a été confié par l'organisation à l'un de ses dirigeants.

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