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Après le séisme de la dissolution, la gauche cherche l'union, le RN en quête d'élargissement

Au lendemain du coup de tonnerre de la dissolution annoncée par Emmanuel Macron, les grandes manoeuvres ont commencé lundi: le RN de Jordan Bardella, candidat à Matignon, a mis en scène ses tractations avec Marion Maréchal et la gauche cherche à s'unir malgré ses très fortes divergences internes.

La classe politique a passé lundi sa journée en conciliabules et autres rendez-vous secrets ou ultra-médiatisés, après la victoire historique de l'extrême droite aux européennes dimanche et la dissolution retentissante de l'Assemblée nationale.

La France est désormais plongée en zone de turbulences, déroulant "un scénario extraordinairement incertain" selon l'expression de Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos.

"Le profond désaveu de la majorité présidentielle et la dynamique du Rassemblement national (RN), on ne voit pas pourquoi ça s'inverserait, pourquoi ça se modèrerait énormément dans les trois semaines qui vont venir. Mais on peut avoir malgré tout des surprises", souligne-t-il auprès de l'AFP.

Trois semaines de campagne éclair s'ouvrent avant le premier tour des législatives le 30 juin puis le second le 7 juillet, à la veille des Jeux olympiques de Paris (26 juillet - 11 août).

Les candidatures devront être déposées entre le mercredi 12 juin et le dimanche 16 juin à 18H00, selon le décret publié lundi au Journal officiel. La campagne électorale pour le premier tour débutera le lundi 17 juin.

"J’ai confiance en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même et pour les générations futures", a écrit lundi sur X le chef de l'Etat.

C'est pour lui un coup de poker car le vote sanction vient d'atteindre des records. Emmenée par Jordan Bardella, la liste du Rassemblement national a triomphé avec quelque 31,37% des voix, très loin devant la candidate macroniste Valérie Hayer (14,60%) et la tête de liste du PS Raphaël Glucksmann (13,83%).

- Bardella courtise le LR -

Le président du Rassemblement national, qui se prépare pour "aller à Matignon" dixit le vice-président du parti Sébastien Chenu, s'est posé lundi en rassembleur en recevant au siège du RN Marion Maréchal sous l'oeil d'une nuée de caméras.

Mme Maréchal, tête de liste Reconquête fraîchement élue à Bruxelles (5,74%), a exprimé son "souhait ardent" d'un accord avec le RN en vue des législatives, à l'issue d'un entretien d'une heure auquel participait sa tante Marine Le Pen.

Surtout, M. Bardella, reconnaissant qu'il était "difficile de gagner seul", a "tendu la main" aux Républicains, affirmant avoir eu "des discussions" avec certains de leurs cadres.

Une manière de semer encore davantage la confusion chez des LR plus que jamais en quête d'une ligne directrice, après un nouveau score terne dimanche (7,25%). Les poids lourds du parti d'Eric Ciotti étaient en pourparlers lundi en fin d'après-midi au Sénat pour dégager une stratégie.

A gauche, les tractations entamées lundi risquent d'être ardues entre les partis de gauche qui se sont abîmés dans ces européennes par des coups de boutoirs entre socialistes et insoumis.

Une réunion a eu lieu lundi après-midi au siège des Ecologistes, à laquelle ont participé l'état-major des Insoumis, ou encore le patron des communistes Fabien Roussel, rejoints tardivement par le Premier secrétaire du PS Olivier Faure

Les socialistes, qui entendent pousser leur avantage né du bon score de Raphaël Glucksmann devant LFI (9,89%), ont aussi participé à une première rencontre dans la matinée avec EELV, le PCF, des syndicats et des membres de la société civile.

- "Front populaire" -

Au centre des tensions, la personnalité et les propos de Jean-Luc Mélenchon, sur qui le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a prévenu qu'il ne s'alignerait pas comme en 2022, affirmant qu'"il faut faire du neuf". M. Faure a aussi rejoint la proposition de l'Insoumis François Ruffin de constituer un "front populaire" pour contrer l'extrême droite.

En 2022, PS, LFI, PCF et Ecologistes avaient réussi un tour de force en faisant entrer 151 députés grâce à l'alliance Nupes qui a implosé à l'automne dernier.

La gauche est en tous cas pressée de s'unir de toutes parts, alors qu'ont fleuri les appels en ce sens de syndicats, associations féministes ou encore du monde de la culture.

Du côté du camp présidentiel, le chef de l'État, présent à Tulle et Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) lundi pour des commémorations, a promis de s'exprimer cette semaine pour indiquer "l'orientation" qu'il croit "juste pour la nation". Il reçoit aussi lundi soir à dîner les chefs des partis de la majorité.

Selon un tout premier sondage Harris Interactive - Toluna publié lundi, le RN obtiendrait 34% des intentions de vote au premier tour, contre 22% pour la gauche si elle est unie et 19% pour les macronistes.

"Il y avait un autre chemin" que celui de la dissolution, a regretté sur France 2 la présidente sortante de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, espérant néanmoins que ces nouvelles élections permettent de constituer cette fois une "majorité solide" autour du chef de l'État, grâce à des "coalitions les plus larges possibles".

En attendant, le temps est suspendu à l'Assemblée nationale. "Tout le programme est annulé. C'est un peu le coup de massue", glisse une source parlementaire. Au Sénat également, les travaux sont suspendus.

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