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Une ultime tentative parlementaire de faire abroger la mesure la plus contestée de la réforme des retraites en France a été mise en échec mercredi à l'Assemblée, fragilisant encore la contestation engagée depuis cinq mois dans la rue et au Parlement.
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a en effet annoncé qu'elle allait brandir un article constitutionnel peu utilisé pour déclarer "irrecevables" les amendements déposés par un groupe d'opposition centriste et prévoyant de rétablir l'âge de la retraite à 62 ans, au lieu des 64 ans instaurés par la réforme.
L'utilisation de cet article 40, qui proscrit toute proposition de loi créant une charge pour les finances publiques, a provoqué la colère des oppositions, qui ont dénoncé une décision prise "sous la pression de l'exécutif" (centre), "destinée à empêcher les députés de voter" (gauche radicale), ou "piétinant la Constitution" (extrême droite).
"J'applique la règle, rien que la règle", a justifié Mme Braun-Pivet, membre de la majorité présidentielle, qui activera formellement l'article 40 jeudi lors de l'examen du texte dans l'hémicycle.
De fait, il n'y aura jamais eu de vote sur les retraites à l'Assemblée depuis le début des débats en février sur cette réforme emblématique du second quinquennat Macron. En raison dans un premier temps de manœuvres procédurières de l'opposition de gauche radicale, puis avec le passage en force de l'exécutif, qui a utilisé mi-mars un article constitutionnel pour faire adopter le projet sans vote.
Cette mise en échec à l'Assemblée intervient au lendemain d'une journée de mobilisation dans la rue, la 14e depuis mi-janvier, qui a sonné comme le chant du cygne de la contestation, avec une mobilisation en nette baisse après des manifestations monstres et des grèves spectaculaires pendant plusieurs mois.