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Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a plaidé lundi en faveur d'une normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite, à la veille d'un déplacement hautement symbolique dans le royaume saoudien.
"Les Etats-Unis ont un vrai intérêt de sécurité nationale à promouvoir une normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite", a-t-il déclaré dans un discours devant le lobby pro-Israël AIPAC à Washington.
"Nous pouvons et devons jouer un rôle à part entière pour faire avancer cette cause", a affirmé le secrétaire d'Etat américain, ajoutant cependant n'avoir "aucune illusion sur le fait que cela puisse se faire rapidement ou facilement".
Mais il a insisté sur le fait qu'il y travaillerait lors de son déplacement cette semaine en Arabie saoudite.
M. Blinken doit se rendre mardi à Jeddah, le port saoudien où la famille royale saoudienne prend ses quartiers d'été, ainsi qu'à Ryad mercredi et jeudi, où il participera notamment à une réunion du Conseil de coopération du Golfe et de la coalition internationale luttant contre le groupe Etat islamique.
Un entretien avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, qui règne de facto sur l'Arabie saoudite, n'a pas été confirmé mais paraissait hautement probable.
Dans son discours lundi, M. Blinken a réaffirmé le soutien "inébranlable" des Etats-Unis en faveur de l'allié israélien, à qui Washington fournit chaque année plusieurs milliards de dollars d'aide militaire, et répété que l'administration Biden considérait l'Iran comme la principale menace pour la sécurité de l'Etat hébreu.
"Si l'Iran rejette la voie de la diplomatie, alors, comme le président (Joe) Biden l'a clairement indiqué à de nombreuses reprises, nous n'écartons aucune possibilité pour que l'Iran n'obtienne pas d'armes nucléaires", a-t-il assuré en dénonçant les activités "agressives de l'Iran dans la région et au-delà".
"L'Iran ne doit pas être autorisé à acquérir une arme nucléaire et nous ne le permettrons pas", a-t-il dit.
M. Blinken a encore réaffirmé le soutien des Etats-Unis à une solution à "deux Etats" israélien et palestinien, seule à même de résoudre le conflit dans la région qui connaît un nouveau cycle de violences.
Il a appelé les deux parties "à la désescalade" et "à s'abstenir de mesures unilatérales qui augmentent les tensions", mais aussi à l'amélioration de la vie quotidienne des Palestiniens.
- Relations tendues -
"La violence doit cesser", a-t-il dit devant l'American Israël Public Affairs Committee, considéré comme le principal lobby pro-Israël aux Etats-Unis.
Par ailleurs, a encore souligné M. Blinken, les efforts de normalisation entre des pays arabes et Israël "ne doivent pas se substituer à des progrès entre Israéliens et Palestiniens et ne doivent pas se faire à leurs dépens".
Plusieurs pays arabes du Golfe, dont les Emirats et Bahreïn, ont normalisé leurs relations avec Israël, dans le cadre des accords dit d'Abraham, sous l'impulsion de l'ancien président américain Donald Trump. Le Maroc leur a ensuite emboîté le pas.
L'administration Biden poursuit cet effort depuis deux ans.
Ces accords ont rompu avec des décennies de consensus arabe conditionnant l'établissement de relations avec Israël avec la résolution de la question palestinienne.
Une normalisation avec l'Arabie saoudite serait un électrochoc géopolitique régional et au-delà, d'autant plus que Ryad et Téhéran ont récemment entamé un rapprochement sous les auspices de la Chine.
Le déplacement de M. Blinken en Arabie saoudite a pour but affiché de renforcer des relations souvent tendues avec cet allié clé en raison de la situation des droits humains et de l'enjeu pétrolier.
"Nous avons énormément de travail devant nous. Nous nous concentrons sur un programme d'action qui va de l'avant", a indiqué vendredi à des journalistes un haut diplomate américain, Daniel Benaim, résumant ainsi l'état d'esprit qui prévaut à Washington malgré les nombreuses divergences avec le royaume saoudien.
Les deux pays sont par ailleurs médiateurs dans le conflit au Soudan.
Les efforts de paix au Yémen dévasté par des années de guerre et où prévaut une accalmie fragile, devraient eux aussi figurer en bonne place des discussions de M. Blinken.
Le voyage intervient quelques semaines après celui du conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, et près d'un an après celui du président Joe Biden à l'été 2022 qui avait connu un succès mitigé.