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Combats acharnés entre le Hamas et l'armée israélienne dans le sud de Gaza

Les combats se sont intensifiés mercredi dans le sud de la bande de Gaza entre le Hamas et l'armée israélienne, parvenue au cœur de la grande ville de Khan Younès, les habitants et les déplacés palestiniens tentant de s'abriter des bombardements meurtriers.

Des appels internationaux se sont élevés pour exhorter à mieux protéger les civils, notamment de l'ONU et du G7, ce dernier rappelant son soutien à une solution "à deux Etats", palestinien et israélien dans le cadre d'un règlement du conflit vieux de plusieurs décennies.

A la nuit tombante, d'épais nuages de fumée noire et des flammes ont continué de s'élever de Gaza. Dans la journée, des trainées dessinées par des roquettes tirées du petit territoire palestinien vers Israël ont aussi émaillé le ciel.

Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre contre le Hamas dans le nord de Gaza, en parallèle à sa campagne de frappes aériennes dévastatrices, l'armée israélienne a étendu ses opérations au sol à l'ensemble du petit territoire palestinien surpeuplé.

Ces dernières 24 heures, les corps de plus de 200 Palestiniens tués dans les bombardements ont été transportés dans les hôpitaux, selon le ministère de la Santé du Hamas et des sources hospitalières.

"Toute la ville subit des destructions et des bombardements incessants. Beaucoup de gens arrivent du nord dans des conditions désastreuses, sans abri, à la recherche de leurs enfants", a raconté à l'AFP Hassan Al-Qadi, un habitant de Khan Younès déplacé plus au sud à Rafah, ville frontalière avec l'Egypte.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 16.248 personnes, à plus 70% des femmes, enfants et adolescents, ont été tuées depuis le 27 octobre dans la bande de Gaza par les bombardements israéliens.

Ceux-ci ont été lancés en représailles à une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, en Israël, selon les autorités.

Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

- "Lignes défensives percées" -

A Khan Younès, la plus grande ville du sud de la bande de Gaza, l'armée israélienne a affirmé en soirée avoir "percé les lignes défensives" du Hamas et atteint le centre-ville, "éliminé un certain nombre de terroristes" et détruit environ "30 entrées de tunnels".

Des sources du Hamas et du Jihad islamique, autre groupe armé à Gaza, ont indiqué à l'AFP que leurs combattants tentaient de contenir l'avancée des troupes israéliennes.

L'armée israélienne a en outre annoncé la découverte dans le nord du territoire, "au cœur de la population civile", près d'une clinique et d'une école, "d'un dépôt d'armes très important" y voyant une "preuve supplémentaire" de l'utilisation par le Hamas de "boucliers humains".

Elle a affirmé par ailleurs avoir tué à ce jour "la moitié des commandants" du Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans une vidéo diffusée par son bureau, a déclaré que les forces israéliennes "encerclaient la maison de (Yahya) Sinouar", chef du Hamas à Gaza, à Khan Younès.

"Sinouar se cache sous terre", a affirmé ensuite Daniel Hagari, un porte-parole de l'armée, en allusion aux tunnels construits par le Hamas sous Gaza.

Le gouvernement israélien a fait état de 11.500 roquettes tirées de Gaza vers Israël depuis le début du conflit, la plupart interceptées par le système de défense israélien.

- "Effondrement total" -

Face au bilan qui grimpe, au manque de vivres et aux milliers de déplacés se retrouvant totalement démunis, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a mis en garde contre un "effondrement total de l'ordre public bientôt" à Gaza.

M. Guterres a invoqué pour la première fois de son mandat une procédure rare, l'article 99 de la Charte des Nations unies, qui lui permet d'"attirer l'attention" du Conseil de sécurité sur un dossier qui "pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationale".

"Le mandat de Guterres est un danger pour la paix mondiale", lui a rétorqué sur X (ex-Twitter) le chef de la diplomatie israélienne Eli Cohen, en estimant qu'une telle activation "constitue un soutien à l'organisation terroriste Hamas".

Le gouvernement israélien a toutefois approuvé mercredi une "livraison minimale de carburant - nécessaire pour éviter un effondrement humanitaire et l'apparition d'épidémies - dans le sud de la bande de Gaza", a annoncé sur X le bureau du Premier ministre. La quantité livrée sera "déterminée au fur et à mesure" en fonction de la situation humanitaire, a-t-il ajouté.

Les pays riches du G7, réunis en visioconférence, se sont dits pour leur part en faveur d'une solution à deux Etats qui permette aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre dans une paix juste".

Mais pendant ce temps, la municipalité de Jérusalem a donné son accord final à la construction de logements pour une nouvelle colonie israélienne à Jérusalem-Est occupée et annexée, a indiqué l'ONG La Paix Maintenant. "C'est un projet très problématique pour la continuité d'un Etat palestinien entre le sud de la Cisjordanie et Jérusalem-Est", a souligné à l'AFP Hagit Ofran, une responsable de l'ONG.

- "Où voulez-vous qu'on aille?" -

L'ONU, qui a calculé que 28% du territoire de Gaza tombe désormais sous le coup des ordres d'évacuation quotidiens israéliens, juge "impossible" de mettre en place des zones sécurisées pour les civils.

A Rafah, alors même que des déplacés du nord continuent d'affluer, une frappe sur un quartier résidentiel a fait 17 morts et des dizaines de blessés, d'après le ministère de la Santé du Hamas.

Des Palestiniens ayant fui Khan Younès, à moins de 10 kilomètres, ont monté à Rafah un camp de fortune -tentes avec des toiles, des bâches en plastique, des lattes de bois. Pour leur survie: des branches ramassées ici et là pour faire du feu, de la semoule dans des gamelles pour unique nourriture.

La ville de Rafah est le seul endroit du territoire palestinien, placé depuis le 9 octobre par Israël en état de siège total, où de l'aide humanitaire est encore distribuée, en quantité limitée, selon l'ONU.

"Où est-ce que vous voulez qu'on aille, bon sang?!", s'emporte Khamis Al-Dalou. "On a quitté Khan Younès et maintenant nous sommes dans des tentes à Rafah, sans toit, sans mur".

Selon l'ONU, 1,9 million de personnes, soit environ de 85% la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées par les bombardements israéliens.

D'après le gouvernement israélien, 138 otages parmi les quelque 240 personnes enlevées en Israël le 7 octobre sont toujours retenus à Gaza, après la libération fin novembre dans le cadre d'une trêve de sept jours de 105 otages, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

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