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Dans un restaurant "soul food" de Pittsburgh, bingo, DJ pour la soirée électorale

Les résultats défilent sur les écrans télé, sur fond de hip hop et de bingo: dans un restaurant "soul food" de Pittsburgh en Pennsylvanie, la soirée électorale des "midterms" américaines est d'abord une fête et un moment de partage, sur fond de lutte pour les droits des minorités.

"Je veux juste m'amuser ce soir", "si les républicains gagnent ce sera un peu plus dur de s'amuser", ironise avant un éclat de rire Lasaine Latimore, une Afro-Américaine de 77 ans, longues tresses rasta grises tombant sur son tee-shirt "Black Votes Matter" ("le vote des personnes noires compte").

Elle en plaisante et veut rester "optimiste", mais cette habitante du quartier historiquement afro-américain de Hill District avance des enjeux bien concrets pour ces élections de mi-mandat, qui pourraient voir l'une ou les deux chambres basculer dans le camp des républicains de Donald Trump : "Je veux juste mon assurance santé et plus d'argent pour mes soins dentaires et mes lunettes", dit-elle, en espérant une victoire des démocrates, "parce qu'ils sont plus du côté des gens".

A la soirée électorale de "412 Justice", dans un restaurant de "soul food", la cuisine du sud noir américain, la directrice de l'association Angel Gober refuse de prendre parti ouvertement. Mais à South Side, un quartier populaire de Pittsburgh, les convives ne font pas mystère de leurs préférences électorales.

- "Accès à l'information" -

Et quand, entre deux morceaux de hip-hop, salsa ou R&B mixés par DJ Big Phill, la "MC" de la soirée, Terri Minor-Spencer, annonce que le démocrate Josh Shapiro va remporter le poste de gouverneur de Pennsylvanie face à l'ultra-conservateur et candidat anti-avortement Doug Mastriano, les cris de joie ne laissent pas de place au doute.

Dans la nuit, c'est le démocrate John Fettermann qui a arraché aux républicains un siège de sénateur déterminant pour le contrôle du Sénat à Washington.

Quand on lui demande quels sont les enjeux de l'élection, Terri Minor-Spencer reprend son souffle : ce sont "mes droits en tant que femme, les droits reproductifs, le droit de vote", énumère-t-elle.

"Si on laissait (le pouvoir) à l'autre camp", le parti républicain, "aucune personne noire n'aurait aucun droit aux soins de santé", ajoute cette militante, qui dirige une autre association de lutte contre les discriminations, West End POWER.

La soirée électorale s'annonce longue, alors, pour tromper un éventuel ennui, on joue au bingo. Sauf qu'il ne s'agit pas de tirer des chiffres, plutôt des mots ou des expressions politiques, comme "6 janvier", le jour de l'assaut des partisans de Donald Trump au Capitole, "légalisation de la marijuana" ou "millions de dollars de clips de campagne".

Pour la directrice de "412 Justice", au-delà des résultats, l'enjeu est d'encourager sa communauté à s'engager ou, du moins, à s'intéresser à la politique.

"Il y a beaucoup d'obstacles pour voter (et) il y a beaucoup de désinformation: si je suis une personne ordinaire et que je n'ai jamais voté auparavant, il est difficile de trouver des informations", explique Angel Gober. "Pour quel candidat je vote, quelles sont ses fonctions, qu'est-ce que cela signifie ? Le simple accès à l'information est déjà un défi", dit-elle.

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