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En Hongrie, ultime appel du pape à "ouvrir les portes" aux migrants

"Ouvrons les portes": le pape François a clôturé dimanche sa visite en Hongrie par un vibrant appel à l'accueil des migrants devant des dizaines de milliers de personnes, au terme d'un séjour dans l'ombre de la guerre en Ukraine voisine.

S'il a remercié les Hongrois pour leur accueil des Ukrainiens, François a multiplié les mises en garde contre le "repli" et les "fermetures", dans une critique indirecte de la politique d'exclusion du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.

Lors d'une messe en plein air au cœur de Budapest, le jésuite argentin, âgé de 86 ans, s'est élevé contre "les portes fermées à ceux qui sont étrangers, différents, migrants, pauvres".

"Il est triste et douloureux de voir des portes fermées: les portes fermées de notre égoïsme envers ceux qui marchent chaque jour à nos côtés (...) les portes fermées de notre indifférence à ceux qui sont dans la souffrance et la pauvreté", a-t-il déploré dans son homélie.

"S'il vous plaît, ouvrons les portes!", a lancé le pape devant des responsables politiques et religieux dont M. Orban.

- "Monde de frères, non de murs" -

Pour son 41e voyage international, François a mené un délicat exercice diplomatique dans ce pays d'Europe centrale qui a bâti des clôtures à ses frontières lors de la crise des migrants en 2015 et détenu des réfugiés dans des "zones de transit", au nom de la défense de la "civilisation chrétienne".

Le souverain pontife a également réitéré ses appels à la paix en Ukraine, dénonçant la montée des nationalismes et exhortant à "retrouver l'âme européenne" face à "l'infantilisme belliqueux".

Dans l'avion le ramenant à Rome dimanche soir, il s'est redit "disposé à faire tout ce qu'il faut" pour la paix en Ukraine. "Une mission est en cours mais elle n'est pas encore publique", a-t-il ajouté sans plus de précisions.

Il s'est aussi déclaré prêt à faciliter le retour en Ukraine des enfants emmenés en Russie par les forces russes, ainsi que le lui a demandé le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal, à l'issue d'une audience cette semaine au Vatican.

"Le Saint-Siège est disposé à le faire car c'est une chose juste", a assuré François.

A la fin de la messe, il avait de nouveau prié pour "le peuple ukrainien meurtri" et "le peuple russe", appelant à "un avenir plein de berceaux, non de tombes, un monde de frères, non de murs".

Deuxième pape à visiter la Hongrie après Jean Paul II, Jorge Bergoglio avait auparavant béni, depuis sa "papamobile", les quelque 50.000 fidèles présents, non loin du Danube.

Levente Kiss, un étudiant hongrois âgé de 21 ans, a salué "l'appel du pape à soutenir les migrants, en particulier ceux qui fuient la guerre en Ukraine", alors que la Hongrie a dérogé à sa politique habituelle et accueilli depuis le début du conflit de nombreux réfugiés.

- Rencontre avec un opposant -

Viktor Orban, pour qui cette visite deux ans à peine après une escale éclair à Budapest apparaît comme un succès diplomatique, a préféré retenir le message de "paix" du pape, dans un message posté sur Facebook. Lui-même ne cesse de fustiger la "guerre indirecte" menée par l'Europe contre la Russie et réclame un cessez-le-feu.

Lors d'un rendez-vous non annoncé dans son programme, François s'est entretenu samedi soir pendant une vingtaine de minutes avec le maire de Budapest, Gergely Karácsony, farouche opposant au Premier ministre.

Il a également eu une rencontre - "cordiale" selon le Vatican - avec le métropolite Hilarion, ex-responsable des relations extérieures de l'Eglise orthodoxe russe qui était aussi présent à la messe dimanche.

Réticent envers l'invasion de l'Ukraine, ce dernier a été évincé par le patriarche Kirill, proche soutien du président russe Vladimir Poutine, alors que le conflit a gelé les relations entre l'Eglise de Moscou et le Saint-Siège.

"Hilarion est une personne intelligente avec laquelle on eut parler, et il faut préserver ce rapport", a affirmé le pape dimanche aux journalistes dans l'avion, soulignant l'importance d'avoir "la main tendue envers tous".

Malgré des douleurs au genou persistantes l'obligeant à se déplacer en fauteuil roulant, François est apparu en assez bonne forme, un mois après son hospitalisation.

Lors de sa conférence de presse, il a confié avoir eu une pneumonie "forte et aiguë" mais a assuré vouloir continuer à voyager, en évoquant ses prochains déplacements début août à Lisbonne, à Marseille en septembre ainsi qu'en Mongolie.

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