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Equateur: des juges et des hommes politiques arrêtés pour des liens avec le narcotrafic

Douze personnes, dont des magistrats et un ancien député, ont été arrêtées lundi en Equateur dans le cadre d'une "purge" de fonctionnaires soupçonnés d'être liés au trafic de drogue, a annoncé le bureau de la procureure générale.

Selon un communiqué diffusé sur X, la police a perquisitionné les domiciles et les bureaux d'un ancien parlementaire, de l'ex-présidente d'un tribunal de la province de Guayas (sud-ouest), de huit juges de ce même tribunal et de fonctionnaires de la province. L'opération a eu lieu dans cette même province côtière du Pacifique, l'une des plus touchées par le narcotrafic.

Deux armes à feu, des montres de luxe, des bijoux et des milliers de dollars en espèces ont été découverts au domicile de l'ancien député Pablo Muentes, membre du Parti social chrétien (PSC), qui figure parmi les personnes arrêtées, a précisé le bureau de la procureure générale Diana Salazar.

Ces personnes sont soupçonnées d'avoir "permis que la politique législative, la justice et le trafic de drogue travaillent main dans la main (...)", a expliqué Mme Salazar, se félicitant de cette nouvelle opération comme d'une "purge dont le pays a besoin".

Cette affaire est un exemple de la manière dont la corruption, "générée depuis les plus hautes sphères de la politique locale", a gangréné "l'administration de la justice dans l'une des provinces les plus importantes du pays".

Avec "Metastasis, nous commençons à nettoyer" les secteurs contaminés par le narcotrafic, s'est-elle félicitée, en référence à une vaste enquête menée par ses services ayant abouti à l'arrestation en décembre d'une trentaine de responsables, dont des juges, des procureurs, des policiers et des responsables des prisons, tous soupçonnés d'être impliqués dans la criminalité organisée liée au narcotrafic.

Des dizaines de juges, d'hommes politiques, de procureurs, de policiers et un ancien directeur de prison ont été accusés d'avoir accordé des faveurs à des gangsters en échange d'argent, d'or, de prostituées, d'appartements et d'autres biens luxueux.

- Etat "infiltré" -

En décembre, l'ambassadeur américain à Quito, Michael Fitzpatrick, a averti que le système judiciaire équatorien était considéré comme le "jackpot" des trafiquants de drogue qui cherchent à infiltrer l'Etat pour agir en toute impunité.

Fin février, Mme Salazar avait jugé "qu'une bonne partie de l'Etat était infiltré" par le crime organisé et le narcotrafic.

En août, peu avant le 1er tour de la présidentielle, l'un des favoris au scrutin, Fernando Villavicencio, un journaliste d'investigation qui avait révélé plusieurs scandales de corruption impliquant de hauts fonctionnaires, a été assassiné.

Pablo Muentes, l'ex-parlementaire interpellé ce lundi, "faisait partie des cinq membres du Parlement qui ont menacé la vie de mon père", a commenté sur le réseau X l'une des filles de M. Villavicencio. "Nous avons toujours voulu que ce bandit fasse l'objet d'une enquête. Maintenant commence la chute de ces criminels en col blanc", s'est-elle félicitée.

Gangréné par le trafic de cocaïne produite au Pérou et en Colombie voisine, l'Equateur a connu début janvier une explosion de violences inédite après l'évasion de l'ennemi public numéro un, alias "Fito", chef du plus puissant gang criminel du pays, toujours en cavale.

Le jeune président Daniel Noboa a depuis décrété l'état d'urgence et déclaré la guerre à une vingtaine de gangs liés aux cartels mexicains et à la mafia albanaise, désormais considérés comme "terroristes" et belligérants d'un "conflit armé interne".

Cette mesure a permis de déployer des forces militaires dans les rues et les prisons. Les forces de sécurité ont arrêté depuis plus de 7.500 personnes et saisi quelque 65 tonnes de drogue.

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