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Est-ce le résultat de pressions politiques? D'un peu d'orgueil? Ou compte-t-elle vraiment sur un retrait inopiné de Donald Trump? La décision de Nikki Haley de maintenir sa candidature aux primaires républicaines malgré sa défaite en Caroline du Sud suscite nombre d'interrogations, tant la course paraît pliée d'avance.
Samedi soir, il n'a fallu qu'une poignée de secondes pour que le visage de l'ancien président américain apparaisse sur toutes les grandes télévisions du pays.
Comme il l'avait fait dans l'Iowa, le New Hampshire, les îles Vierges et le Nevada auparavant, Donald Trump a largement remporté la dernière primaire républicaine, confirmant une nouvelle fois sa mainmise sur le parti.
La défaite est d'autant plus cruelle pour Nikki Haley, sa dernière rivale, qu'elle a eu lieu dans l'Etat dont elle a été gouverneure.
- Michigan, Colorado, Utah -
Dans un discours samedi soir, la quinquagénaire a toutefois catégoriquement refusé de jeter l'éponge, assurant à ses partisans qu'elle "n'abandonnait pas le combat".
Dimanche, quand tous les commentateurs politiques faisaient état de la victoire écrasante de Donald Trump, Nikki Haley s'est donc mise en route pour le Michigan, où elle tiendra une réunion publique avant de nouvelles primaires mardi.
Toujours soutenue par d'importants donateurs, elle sillonnera ensuite le Minnesota, le Colorado et l'Utah -- trois Etats qui votent lors de la grande journée électorale du "Super Tuesday", le 5 mars.
Le plaidoyer de la candidate est simple: "Nous ne survivrons pas à quatre ans de plus du chaos de Trump." Elle promet à la place de rétablir une certaine "normalité, exhortant ses pairs à choisir "une nouvelle génération de dirigeants".
Les électeurs républicains font la sourde oreille.
Selon les sondages, Donald Trump est censé rafler chacun des prochains Etats en jeu, s'appuyant sur une base de fidèles extrêmement solide. Les perspectives politiques de Nikki Haley ne sont, pour l'heure, réjouissantes nulle part.
Alors pourquoi reste-t-elle encore dans la course?
- L'"espoir" des procès Trump -
"Son seul espoir est de se maintenir suffisamment longtemps pour que les procédures judiciaires viennent saper la candidature (de Trump)", explique le politologue Julian Zelizer à l'AFP.
Un scénario qui ne relève pas complètement de la fantaisie: le premier procès de l'ancien président débute dans un mois jour pour jour à New York, avant une série de rendez-vous judiciaires prévus dans la capitale Washington et en Floride.
L'hypothèse selon laquelle Donald Trump pourrait être condamné avant la présidentielle de novembre est de plus en plus crédible.
Or, nombre de sondages montrent que le soutien à la candidature de l'ancien dirigeant s'effriterait considérablement s'il venait être reconnu coupable dans un de ses procès.
Autre possibilité? "Un pépin de santé" du républicain de 77 ans, évoque le professeur de sciences politique Larry Sabato.
Si l'ex-homme d'affaires n'a pas fait état de graves pathologies, le risque de mortalité ou d'accident sérieux augmente forcément avec les années.
Tout cela relève évidemment de la spéculation. Mais même en cas de retrait surprise du septuagénaire, la désignation de Nikki Haley comme candidate de son parti à l'élection présidentielle ne serait pas automatique.
Sans entrer dans trop de détails techniques, le choix du poulain républicain pourrait revenir à des responsables du parti, qui sont nombreux à haïr Nikki Haley, estimant qu'elle a trahi Donald Trump en se présentant à l'élection de 2024.
Les partisans de l'ancien président sont bien plus ouverts à l'idée d'une candidature de son ancienne ambassadrice à l'ONU lors de prochains scrutins.
"Elle est très jeune, et très qualifiée", salue Sandie Ellis, une électrice de Donald Trump, croisée par l'AFP en Caroline du Sud. La sexagénaire gardera "absolument" Nikki Haley à l'esprit. Mais plutôt en 2028.