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"Un vide immense que rien ni personne ne pourra jamais combler": le décès mardi de l'avocat Georges Kiejman à l'âge de 90 ans a suscité une pluie d'hommages, à l'image de celui diffusé sur Twitter par son ex-confrère et ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.
Le ténor du barreau, homme de gauche ayant un temps été ministre de François Mitterrand, était une figure emblématique aussi bien dans les prétoires que dans les milieux politiques et médiatiques.
Parmi ses pairs, Julie Couturier, la bâtonnière de Paris, a honoré sur Twitter un "avocat hors-pair" qui "restera l'une des grandes figures du barreau pénal". La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a salué "avec émotion son parcours et son engagement pour la justice", tandis que la journaliste Maïtena Biraben s'est remémoré son "œil qui frise".
Ses détracteurs moquaient le besoin pathologique de séduire de cet avocat qui se définissait comme "L'homme qui voulait être aimé", dans son récit biographique écrit avec la journaliste Vanessa Schneider (Grasset) et paru en 2021.
Homme de gauche et de culture proche de Pierre Mendès France et François Mitterrand, Georges Kiejman a été pendant plus d'un demi-siècle une brillante figure du barreau associée à de retentissantes affaires judiciaires.
Né à Paris le 12 août 1932, il est le fils d'un artisan mort en déportation (il se disait d'ailleurs "Juif de la diaspora et berrichon"). Jeune homme pauvre, il fait ses études secondaires à Saint-Amand-Montrond (Cher).
Après son diplôme d'études supérieures de droit public, il est avocat à la cour d'appel de Paris dès 1954 et devient deuxième secrétaire de la Conférence du stage.
- Clients célèbres -
Au civil, où sa causticité le rend redoutable, il est spécialiste des affaires de propriété littéraire, d'édition, de cinéma, de presse. Il a été notamment l'avocat des éditions Gallimard de longues années comme celui de Gaston Defferre, Simone Signoret, Eugène Ionesco ou Roland Barthes.
Au pénal, il se plaisait à dire que ses clients étaient "atypiques". Georges Kiejman a ainsi défendu le militant d'extrême gauche Pierre Goldman, acquitté du double meurtre des pharmaciennes du boulevard Richard-Lenoir à l'issue de son second procès en 1976.
Il avait aussi représenté les intérêts des Etats-Unis lors du procès de Georges Ibrahim Abdallah, le chef présumé des Fractions Armées révolutionnaires libanaises (FARL), condamné à perpétuité pour les attentats proche-orientaux à Paris en 1986.
Il a défendu également les autonomes italiens, les Cahiers du cinéma, la Nouvelle Vague, Robert de Niro, le préfet Yves Bonnet, la famille de Malik Oussekine, l’étudiant tué en marge des manifestations contre les lois Devaquet en 1986, les enfants du général Oufkir détenus au Maroc, les époux Aubrac, Charlie Hebdo...
En mai 1991, ce dandy devient ministre délégué à la Communication, après un passage de six mois comme ministre délégué auprès du garde des Sceaux. Il est ministre délégué à la Coopération internationale et au Développement entre 1992 et 1993.
En 2011, cet homme de gauche avait défendu Jacques Chirac dans le procès des emplois fictifs à la Mairie de Paris.
Marié en troisièmes noces à la journaliste Laure de Broglie, dont il a trois enfants, ce séducteur a notamment vécu avec Françoise Giroud, de 15 ans son aînée, et été l'époux de l'actrice Marie-France Pisier.