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La machine à laver de Marc tombe en panne, la réparer lui reviendrait plus cher que de la remplacer: comment l'expliquer ?

Via le bouton orange Alertez-nous, Marc s'étonne. Remplacer sa machine à laver lui coûterait moins cher que de changer son moteur défectueux. Une pratique déroutante pour celui qui se dit "citoyen du monde" et qui veille à réduire son empreinte écologique. 

Marc habite un appartement situé dans la commune de Laeken. Il y a quelques semaines, mauvaise surprise en tentant de lancer le programme de sa machine à laver. "J’ai voulu mettre une lessive en route, elle faisait du bruit et ne fonctionnait plus", se rappelle-t-il.

Cette machine, achetée 8 ans auparavant, présente tous les signes d'une panne. Il se décide donc à contacter le service après-vente de l'enseigne qui lui a vendue. La machine n'est plus sous garantie mais Marc espère ainsi obtenir un diagnostic et pouvoir remplacer rapidement la pièce responsable du dysfonctionnement. "L'ouvrier s'est glissé derrière la machine et a vu que le moteur était au bout du rouleau", explique le Bruxellois.

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Mais lors du devis, il déchante. Le moteur coûte près de 300€. À cela, il faut ajouter la main d'œuvre."Il m'a dit que remplacer le moteur serait plus cher que de racheter une machine à l’état neuf. Avec la main d’œuvre, on dépasse les montants d’une nouvelle machine. Me voilà contraint d’acheter une nouvelle machine", souffle Marc. Face à de telles pratiques, il s'interroge sur leur impact écologique, parlant alors de "surconsommation". "On parle depuis des décennies du réchauffement climatique, de la surconsommation, de l’obsolescence programmée. On devrait acheter moins de neuf et plus réparer. Mais ici, tout nous encourage à acheter du neuf quand un appareil ne fonctionne plus. Ça me pose problème en tant que citoyen du monde", nous dit-il.

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Comment expliquer que le coût de la réparation est supérieur à l'achat d'une nouvelle machine ? Nous nous sommes rendus dans une enseigne spécialisée dans l'électroménager. Son directeur du SAV, Cyrille Regardin, nous éclaire. Le devis de réparation d'un appareil dépend de trois facteurs : la main d’œuvre, la logistique et le prix des pièces détachées. Dans la situation rencontrée par notre témoin, Marc, le prix des pièces détachées semble être déterminant. "On voit que le prix des pièces détachées est souvent très élevé. Il peut représenter jusqu’à 30% du prix d’un produit neuf. Donc quand on ajoute ces trois facteurs, à la fin ça peut faire des devis qui sont assez onéreux", nous détaille Cyrille Regardin. 

Pourtant, selon ce directeur, on incite désormais à la réparation plutôt qu'au remplacement. Dans la plupart des cas, des produits jusqu’à 10 ou 12 ans peuvent être réparés. C’est souvent plus économique. C'est d'ailleurs dans ce contexte qu'a été créé le baromètre de la durabilité, un outil qui vise à noter les produits en fonction des indices de fiabilité et de réparabilité. Plus le score sera grand, plus l’appareil sera susceptible de fonctionner de façon optimale plus longtemps et la marque sera considérée comme plus durable.

C’est économique et c’est bon pour la planète.

Cette enseigne fait face à deux types de publics distincts, nous explique son directeur du service après-vente. "Le comportement dépend des types de produits et des types de consommateurs. Il y a une prise de conscience pour aller vers plus de réparations car c’est économique et c’est bon pour la planète. Mais il y a aussi pour certaines catégories de produits, type ‘les smartphones’, les gens qui sont plus intéressées de passer sur une nouvelle génération dès que le produit est un peu usagé", précise Cyrille Regardin. 

Chaque année, selon des données rapportées par la Commission européenne, les produits jetés alors qu'ils sont réparables représentent quelque 35 millions de tonnes de déchets dans l'Union Européenne. Dans le même temps, les consommateurs européens perdraient 12 milliards d'euros en achetant un bien neuf au lieu de réparer l'ancien.

Pour y remédier, la Commission européenne a adopté une proposition de directive qui encadre le "droit à la réparation". Concrètement, même au-delà de l'expiration de la période de garantie légale des produits, les producteurs de biens identifiés comme "techniquement réparables" dans la législation de l'Union Européenne seront obligés de proposer des options de réparation si c'est faisable. Pour les produits encore sous garantie, les producteurs devraient également être obligés de proposer une réparation, sauf si cela coûte plus cher qu'un remplacement de l'appareil. 

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Ce premier pas législatif n'est pourtant pas suffisant, juge Repair Together, une association qui s’inscrit plus largement dans un mouvement de transition vers une économie plus circulaire et de lutte contre l’obsolescence programmée. Selon ses membres, cette proposition de loi ne s'attaque pas au coût de la réparation. "Ce qu’il faut faire, c’est produire des appareils qui sont éco-conçus pour être démontables et réparables pour être durables et ainsi prolonger la durée de vie des appareils", remarque son coordinateur général Luc Deriez.

Car la production des appareils électriques et électroniques coûte cher. "Si on prend l’exemple d’un smartphone qui contient 50 minerais différents, il fait quatre fois le tour du monde avant d’arriver dans un magasin pour être utilisé 18 mois en moyenne. Ce n’est pas tenable", déplore le coordinateur. 

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Ensuite, une fois que la réparation des appareils sera facilitée, la deuxième étape consiste à agir au niveau du prix des pièces détachées. "Il faut absolument légiférer sur leur coût et leur disponibilité. Quand vous achetez un appareil, vous devriez avoir le droit de le réparer par vous-même ou chez qui vous voulez", conclut Luc Deriez. Selon la ministre de l'Environnement, Zakia Khattabi (Ecolo), 160 millions d'appareils électriques et électroniques font leur entrée sur le marché belge annuellement, ce qui génère 120.000 tonnes de déchets.

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Commentaires

5 commentaires

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  • Les gens achètent bon marché des produits assemblés à l'autre bout du monde et voudraient que les réparations le soient aussi? ... Pour qu'elles le soient, il est évident que la réparation doit se faire dans le pays d'assemblage, au prix de sa main-d'oeuvre et de ses pièces détachées là-bas C'est une ineptie ecologique de faire faire des allers et retours par avion ou bateaux, aux produits .. c'est pourquoi, il est bien plus écologique de les mettre à la casse

    Joseph Bozzer
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  • Taxe sur le stockage; ,taxe sur la main-d'oeuvre... Voilà ce qui explique les coûts exorbitants des réparations. Ajoutons que beaucoup de dépanneurs préfèrent conseiller un remplacement plutôt que de se lancer dans un dépannage qu'ils maîtrisent mal. Les "repair-cafés" sont une excellente initiative à développer le plus possible par des gens compétents , pensionnés par exemple.

    roger rabbit
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  • c'est pas nouveau que les pièces détachées coutent plus cher que l'appareil neuf! Faut vous réveiller ! A votre avis pourquoi on déclasse une voiture au moindre choc important, car la réparation coute plus cher que la voiture. Il doit bien exister des machines à laver dans les 10000 euros si vous voulez éviter le problème a l'avenir

    Pok
     Répondre
  • Ce n'est pas pour rien que les pièces détachées sont aussi chères. C'est pour dissuader le client de faire réparer et, dans le cas où ça ne marche pas, se gaver.

    Jean Valjean
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  • Vive la deuxième main, n'achetons plus nouveau aussi longtemps que ces pratiques existeront

    Mick Mick
     Répondre