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Humanitaires tués à Gaza: Israël admet une série "d'erreurs graves", affirmant avoir voulu viser "des agents du Hamas"

L'armée israélienne a reconnu vendredi qu'une série d'erreurs à divers échelons était à l'origine des frappes de missiles ayant tué sept travailleurs humanitaires à Gaza, affirmant avoir cru, à tort, viser des "agents du Hamas" à bord de trois véhicules.

Ces éléments, publiés quatre jours après la mort de l'équipe, tuée par trois frappes en l'espace de quatre minutes, n'ont cependant pas convaincu l'employeur des victimes, l'ONG américaine World Central Kitchen (WCK).

L'enquête interne de l'armée reconnaît une série d'"erreurs graves" et des "violations des procédures opérationnelles normales": "erreur d'appréciation", "erreurs dans la prise de décision", identification erronée de suspects et de véhicules, mauvaise coordination et décision de frapper sur la base d'éléments insuffisants.

L'armée a ainsi reconnu que WCK avait bien communiqué son plan de route, mais les militaires chargés des frappes n'en avaient pas connaissance.

Après avoir reçu ces premiers éléments, WCK a exigé "une enquête indépendante": l'armée israélienne "ne peut pas enquêter de manière crédible sur sa propre défaillance à Gaza", a-t-elle réagi.

Deux limogeages

Ce drame a provoqué une vague d'indignation mondiale. Vendredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a salué la reconnaissance par Israël de sa "totale responsabilité dans cette affaire. "Il est encore plus important de s'assurer que (des) mesures soient prises pour que cela ne puisse jamais se reproduire", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie britannique David Cameron a appelé à "un examen indépendant" de l'enquête israélienne. Varsovie a pour sa part réclamé "une enquête criminelle" pour "meurtre". "Ccertaines de ces 'erreurs' nous semblent encore incompréhensibles. S'agit-il d'une erreur ou d'un crime?" a dit Pawel Wronski, porte-parole des Affaires étrangères.

Lors d'un point de presse à Tel-Aviv, de hauts gradés israéliens ont indiqué que les soldats de l'unité de drones responsable des frappes ont cru voir, "à tort", un homme armé monter dans un des trois véhicules à bord desquels circulaient les sept humanitaires, conclu à la présence de plusieurs "terroristes du Hamas" dans le convoi et pris alors la décision de tirer en violation des consignes.

"Nous savons maintenant que c'était une erreur. Ce n'était pas une arme. C'était peut-être un sac", a déclaré Yoav Har-Even, le général en retraite qui dirige l'enquête interne. Les militaires "étaient convaincus qu'ils visaient des agents armés du Hamas, et non des employés de WCK", indique un communiqué de l'armée.

Les véhicules circulaient dans la nuit, après 22h00 (heure locale). De grands logos WCK ornaient le toit des véhicules, mais la caméra du drone ne pouvait pas les voir dans l'obscurité, a assuré le général Har-Even. Deux officiers impliqués dans cette bavure, un colonel de réserve et un commandant d'active, vont être limogés, selon le rapport du général.

Les travailleurs humanitaires -- trois Britanniques, un Canadien à la double nationalité, un Polonais, un Australien et un Palestinien -- ont été tués après avoir supervisé le déchargement partiel d'un navire transportant 300 tonnes d'aide alimentaire de Chypre.

Mais alors qu'ils roulaient vers le sud, un drone "a frappé une voiture, puis identifié des personnes qui en sortaient et entraient dans la deuxième voiture", a relaté le général.
"Ils ont décidé de la frapper, ce qui allait à l'encontre des procédures opérationnelles normales. Puis ils ont frappé la troisième voiture", a poursuivi l'officier.
 

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