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La tortue luth est menacée d'extinction par la pêche illégale. Chaque année, entre avril et août, elle vient pondre en Guyane. Plus de 20.000 œufs sont cachés dans le sable des plages de ce territoire français situé en Amérique du Sud. Nos journalistes ont eu la chance d'assister au spectacle fascinant de la ponte aux côtés de ceux qui se battent pour préserver l'espèce.
"C'est un individu qui doit faire dans les 400 kilos pour une taille totale qui avoisine les deux mètres. C'est la plus grande tortue marine au monde. C'est une espèce qu'on a la chance de voir ici, sur cette plage de Guyane entre le mois de mars et le mois d'août, chaque année." Cela fait 20 ans que Laurent Kelle, responsable WWF France, étudie la tortue luth. Pour lui, la plage de Rémire Montjoly, où les tortues viennent pondre, est, avant tout, un sanctuaire à préserver.
Depuis 2010, les filets des pêcheurs de crevettes intègrent un système qui libère les tortues. Mais l’espèce reste menacée d’extinction. Si le spécialiste est enthousiaste à propos des plages autour de Cayenne et Montjoly où "il y a de moins en moins de braconnage", il reste inquiet pour le reste des côtes du pays: "Malheureusement, sur les plages de l'Ouest guyanais, le braconnage reste fréquent pour approvisionner les marchés en dehors du territoire. Essentiellement au Suriname."
La pêche illégale des bateaux venant principalement du pays voisin constitue la raison principale de la baisse du nombre de pontes des tortues luth. En 20 ans, les pontes ont baissé de 95%.
"Une scène qui dure entre une et deux heures"
À la tombée de la nuit, le flot de la mer s'amplifie. La tortue luth synchronise sa ponte sur la marée montante. Hors de l’eau, elle se sait vulnérable. Pour ne pas la désorienter, il est interdit d'utiliser une lumière blanche. "C'est une scène qui va durer entre une et deux heures en moyenne. Elle va déposer entre 80 et 100 œufs dans le sable et ces œufs vont éclore dans plus ou moins deux mois", commente Laurent Kelle, présent lors de la ponte.
Avec lui, des membres de l'association Kwata, qui s'occupe de la préservation de la nature en Guyane, sont présents comme chaque soir pour s'assurer que les curieux ne perturbent pas la ponte. Les règles à respecter pour ne pas déstabiliser la tortue qui pond sont très précises. Toutefois, les incidents sont rares. La population respecte le cérémonial de cette tortue géante apparue il y a 250 millions d’années.
Selon Laurent Kelle, le risque principal est lié aux chiens errants: "On est entouré d'habitations, parfois, des chiens s'échappent de ces habitations et viennent déterrer des nids. Dans ces cas-là, évidemment, c'est une perte sèche pour la survie de cette espèce qui est très menacée."
Quand tout se passe comme prévu, la femelle qui a pondu peut retrouver son environnement familier: l'océan Atlantique. Deux ou trois ans plus tard, elle reviendra sur cette même plage pour une nouvelle saison de ponte.
