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Les 24 Heures du Mans, qui fêtent cette année leurs 100 ans, restent non seulement l'une des plus grandes courses automobiles du monde mais aussi une fête populaire attirant un public venu de partout.
Alors que la nuit tombe, Charles-David Rosa-Matton, 30 ans, un Canadien venu de Montréal, regarde passer les bolides à la sortie du virage de Mulsanne. Pour ne rien perdre de la course, il a branché sa tablette pour suivre toutes les péripéties tout en s'offrant un véritable son et lumière.
C'est sa deuxième visite sur le circuit sarthois, après 2021. "Il y a deux ans, on n'avait aucune idée de ce qui se passait", se souvient-il. Cette fois-ci, il a pris tout l'équipement nécessaire pour suivre la course à la minute grâce à la retransmission télévisée sur le site des 24 Heures.
"Entre la télévision et ça, c'est vraiment deux mondes", dit-il alors que le hurlement des moteurs et le claquement des vitesses qui montent à la volée déchirent la forêt environnante.
Il occupe l'un des rares endroits où le public peut encore voir passer les voitures de près. Au fil des années, les spectateurs ont été éloignés de la piste bordée de grillages et de zones de graviers.
Il n'y a plus non plus les odeurs d'huile de ricin, d'essence et de gomme brûlée qui emplissaient l'atmosphère de l'édition du cinquantenaire, la dernière à laquelle avait participé Ferrari avant de revenir au Mans cette année.
Car le retour de la légendaire marque italienne n'est pas pour rien dans le succès de cette édition du centenaire qui se joue pour la première fois à guichets fermés avec quelque 300.000 personnes.
"Nous sommes des fans de Ferrari", lancent Andrew Hill et Adrian Neal, deux sexagénaires britanniques qui n'étaient pas là il y a 50 ans.
Habillés de rouge et arborant de superbes perruques bouclées écarlates, ils se félicitent du retour au premier plan des épreuves d'endurance comme Le Mans.
"Même si elle est au sommet, il y a des problèmes avec la F1, notamment sur l'intérêt des courses et je pense que l'endurance va revenir au premier plan", assure Adrian.
- Deux jours de route -
Peter-Alexander Kavcic est lui venu de Vaxsjö en Suède pour venir voir l'un de ses amis courir en Porsche Cup, une course disputée samedi matin, en ouverture des 24 Heures.
C'est sa première visite au Mans et s'il a pu avoir un billet, tous les parkings étaient déjà pleins quelques heures à peine après l'ouverture des réservations en ligne à l'automne 2022.
Lui-même pilote amateur en Suède, ce quadragénaire est arrivé vendredi soir et repartira dès lundi matin vers la Suède, à deux jours de route.
En fin de journée samedi, le public massé dans les Esses de la Forêt et le virage du Tertre Rouge contemple avec inquiétude les nuages noirs qui s'amoncellent au-dessus du circuit long de plus de 13 kilomètres.
Mais l'orage éclate plus loin et des "olés" s'élèvent lorsque les écrans géants montrent les concurrents partant en tête à queue sur la piste détrempée.
Il en faut plus pour impressionner Claude Peltier, un natif du Mans qui a assisté à quasiment toutes les 24 Heures disputées depuis 1958, lorsqu'il avait dix ans.
"Sauf deux, en 1968 et 1969 car je faisais mon service militaire". Ces deux éditions se sont tenues en moins d'un an car les événements de mai 1968 ont décalé la course en septembre, avant un retour à juin dès 1969.
Autre édition décalée en septembre: celle de 2020, disputée de plus à huis-clos en raison du Covid. Mais Claude Peltier confie être parvenu à la suivre quand même: "J'avais une connaissance qui avait une maison au bord de la piste à Mulsanne, alors on a pu y aller".
A minuit passé, une partie du public quitte le circuit pour aller dormir. Mais quelques passionnés se retrouvent au musée des 24 Heures qui reste ouvert jusqu'à 03H00 du matin, pour admirer toutes les voitures qui y ont gagné depuis 1923.