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Des dizaines de corps ont été retrouvés le long d'une route des hauts plateaux reculés de Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans un contexte de conflits tribaux, a déclaré lundi la police.
De premiers décomptes officiels font état de 49 à 64 morts, des chiffres susceptibles d'évoluer encore. "La police continue à découvrir des restes" humains, a souligné le chef de la police de Papouasie-Nouvelle-Guinée, David Manning.
Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agit des corps de combattants tribaux tués lors d'une embuscade tendue par un clan rival, dans la nuit de samedi à dimanche.
Les faits se sont produits près de la localité de Wabag (Nord), sur les hauts plateaux à quelque 600 kilomètres au nord-ouest de la capitale Port Moresby, où des conflits ancestraux opposent notamment des tribus Sikin, Ambulin et Kaekin.
M. Manning a expliqué que des "opérations ciblées" étaient en cours pour rétablir "la loi et l'ordre" alors que des échanges de tirs persistaient dans des vallées voisines.
Des effectifs supplémentaires ont été déployés avec "l'instruction claire d'utiliser tous les moyens nécessaires pour empêcher de nouvelles violences et des représailles", a-t-il précisé.
La police a diffusé des images montrant des corps ensanglantés. Certains cadavres, aux membres sectionnés, ont été dénudés par les assaillants et ont fait l'objet d'une mise en scène macabre.
Endémiques depuis des siècles dans cette partie de l'île, les affrontements tribaux ont gagné en intensité ces dernières années avec l'afflux d'armes automatiques et de mercenaires.
Un porte-parole de la police, Samson Kua, a indiqué qu'un véritable arsenal avait été utilisé lors du massacre, comprenant des fusils SLR, AK-47, M4, AR15 et M16, ainsi que des fusils à pompe et des armes à feu de fabrication artisanale.
- "Très inquiétant" -
Le commandant par intérim de la police de la province, Patrick Peka, a déclaré que de nombreux morts semblaient être des mercenaires offrant leurs services aux tribus belligérantes.
"La police et le gouvernement ne peuvent pas faire grand-chose lorsque les chefs et les élites éduquées fournissent des armes, des munitions et font appel aux services d'hommes armés venant d'autres régions de la province", a-t-il estimé.
Le gouvernement de l'île a multiplié ces dernières années les stratégies pour endiguer les violences (répression, médiation, amnistie et d'autres méthodes), sans grand succès.
L'armée a déployé une centaine de soldats dans la région, mais cela a eu un impact limité et les services de sécurité restent insuffisants en matière d'effectif et d'armement.
Les forces de police sont pour leur part mal payées et il n'est pas rare que des armes de dotation se retrouvent aux mains des combattants.
Les violences ont souvent lieu dans des sites isolés où des clans lancent des raids ou tendent des embuscades pour se venger d'attaques antérieures.
Les exactions commises s'avèrent souvent particulièrement violentes, les victimes étant découpées à la machette, brûlées, mutilées ou torturées.
Des civils, notamment des femmes enceintes et des enfants, ont été pris pour cible par le passé.
Pour briser le cycle de violences, le député Miki Kaeok a appelé à l'instauration de l'état d'urgence. "Des centaines de vies perdues", a-t-il relevé, "il faut que ça s'arrête".
Plus largement, l'opposition au gouvernement du Premier ministre James Marape a demandé lundi le déploiement de davantage de policiers et la démission du responsable de la police du pays.
La population de Papouasie-Nouvelle-Guinée a plus que doublé depuis 1980, accentuant la pression sur les terres et les ressources tout en exacerbant les rivalités tribales.
Le 11 janvier, l'état d'urgence avait été décrété à Port Moresby après des émeutes ayant fait 16 morts.
Le Premier ministre de l'Australie voisine, Anthony Albanese, a qualifié lundi le massacre de "très inquiétant" et offert "tout le soutien possible" de son pays.