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Pendant la campagne, peu voyaient en Pita Limjaroenrat un futur Premier ministre, mais les élections législatives ont renversé la donne en faveur de ce candidat télégénique, nouveau visage d'une Thaïlande qui a tourné le dos aux militaires.
Après le dépouillement de la majorité des bulletins, son parti Move Forward ("Aller de l'avant") fait la course en tête, reléguant en deuxième position le puissant parti Pheu Thai, qui faisait figure de grand favori face au camp conservateur pro-armée.
Durant la campagne électorale, Pita s'est imposé par son charisme, capitalisant sur sa jeunesse -- il a 42 ans -- et son énergie pour incarner la forte volonté de changement après neuf ans sous la tutelle du Premier ministre Prayut Chan-O-Cha (69 ans), dont l'attitude est jugée rigide.
"Ensemble, nous allons réécrire l'histoire politique de la Thaïlande. En votant pour Move Forward, la Thaïlande change", a-t-il lancé à des partisans extatiques lors de son ultime meeting à Bangkok vendredi.
Move Forward est un jeune parti né des cendres de Future Forward, qui avait fait une percée dans les urnes en 2019 avant d'être dissous, avec le même programme progressiste.
Les législatives de dimanche étaient les premières élections depuis les grandes manifestations pro-démocratie de 2020, durement réprimées par la justice, qui réclamaient des réformes profondes dans la société et même de la monarchie, sujet totalement tabou jusque-là.
Move Forward est le seul parti à proposer de revenir sur l'article de loi "112" sur le crime de lèse-majesté, l'un des plus sévères au monde.
Sujet extrêmement controversé et sensible, il a longtemps été considéré comme intouchable dans la politique thaïlandaise.
"Quoi qu'il arrive, nous ferons pression pour une réforme de la loi royale sur le lèse-majesté" a affirmé Pita aux journalistes dimanche dernier.
- Coqueluche de la jeunesse -
Coqueluche de la jeunesse, ce père de famille éduqué en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis inspire parfois à ses partisans une hystérie digne d'une popstar.
Diplômé de Harvard, il s'est lancé dans les affaires, mais a dû subitement rentrer en Thaïlande à 25 ans pour reprendre les rênes de l'entreprise familiale à la mort de son père.
Il a par la suite assuré la direction de la filiale thaïlandaise de l'application de transport et de livraison de nourriture, Grab.
En 2012, il a épousé l'actrice de télévision thaïlandaise Chutima Teepanat, avec laquelle il a une fille de sept ans et dont il est divorcé depuis 2019.
Sa fille a occupé une place importante dans la campagne, accompagnant son père sur scène après les discours, pour le plus grand plaisir des foules.
Sur ses réseaux sociaux, suivis par un million d'utilisateurs, Pita partage des images de lui et de sa fille portant des t-shirts assortis et mangeant des glaces ensemble.
Mais malgré l'ampleur de son succès dans les urnes, rien n'indique que son chemin vers le poste de chef de gouvernement sera simple.
Il doit maintenant rassembler une coalition pour contourner les sénateurs nommés par l'armée qui participent, au même titre que les députés, à l'élection du Premier ministre.