Partager:
Le Premier ministre Édouard Philippe a appelé samedi à "sortir de l'isolement" les aidants familiaux, ces personnes au chevet d'un proche malade, âgé ou handicapé, méconnus de la société, refusant d'évoquer le remaniement gouvernemental attendu dans les prochains jours.
À l'occasion de la Journée nationale des aidants, le chef du gouvernement, ministre de l'Intérieur par intérim, a accompagné la ministre de la Santé Agnès Buzyn à la plateforme de répit des aidants Jeanne Garnier à Paris, et échangé avec ses membres.
Comme Françoise, qui accompagne depuis 13 ans son mari atteint d'Alzheimer, une "maladie mystérieuse encore", et fréquente plusieurs fois par mois cette structure. "Cela me permet des petites respirations", a-t-elle témoigné. "Tout ce qui se présente et que je peux faire, sans mon mari, je prends".
Selon l'association "Je t'aide", qui organise cette journée pour la 9e année consécutive, on compte en France quelque 11 millions d'aidants, dont une grande majorité de femmes. Près d'un sur deux déclare souffrir de stress, surmenage ou anxiété.
"Il faut faire en sorte que le sujet des aidants, avec toutes les difficultés que cela comporte, ne soit plus quelque chose qu'on supporte chacun de son côté", a dit Edouard Philippe, estimant qu'"on est parti pour vivre tous ça".
Selon lui, il faut aider les aidants "à sortir de l'isolement" et "accompagner ceux qui participent à la solidarité nationale".
"Les aidants rendent aussi un grand service aux finances de la nation, en assumant la charge du maintien à domicile et de l'accompagnement quotidien. Puisqu'on rend ce service, on devrait être aidés encore plus", a plaidé une autre participante, Marie-Christine.
Dans un témoignage fort, elle a évoqué "les difficultés pour faire comprendre aux autres ce que l'on vit. On peut même avoir des envies de meurtre, alors qu'on n'est pas des monstres pour autant. C'est essentiel d'en parler et de pouvoir partager ça."
Dispositifs d'aide à domicile, reconnaissance, besoins spécifiques: Agnès Buzyn a enjoint les participants à prendre part à la concertation sur le grand âge et l'autonomie, lancée au début de la semaine sur internet et devant conduire à une loi avant fin 2019.
"On a absolument besoin de votre réalité pour pouvoir avoir une loi inspirée des besoins réels", a déclaré la ministre.