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Procès des attentats de Paris: Abdeslam gardera-t-il le silence? Ultime interrogatoire aujourd'hui

Salah Abdeslam gardera-t-il une nouvelle fois le silence ? Le principal accusé au procès du 13-Novembre est interrogé mercredi une dernière fois, sur les heures ayant suivi les attentats auxquels il a dit avoir "renoncé" et sur sa cavale de quatre mois.

L'audience a repris peu après 13h00 avec l'interrogatoire d'un des trois accusés comparaissant libres, Ali Oulkadi, qui a reconnu avoir aidé Salah Abdeslam à son retour en Belgique, le 14 novembre 2015. Après lui, la cour d'assises spéciale de Paris devrait entendre Mohamed Abrini, puis Salah Abdeslam.

Lors de son précédent interrogatoire, le 30 mars, le seul membre encore en vie des commandos jihadistes qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis avait surpris et déçu une salle comble en décidant, pour la première fois après sept mois d'audience, de faire usage de son droit de se taire.

La cour devait notamment lui demander des détails sur sa décision de faire "marche arrière" en n'actionnant pas sa ceinture d'explosifs, comme il l'avait suggéré six semaines plus tôt.

Mais elle a attendu vainement les plus amples explications promises alors. Tout juste Salah Abdeslam a-t-il consenti à réaffirmer qu'il avait "renoncé à enclencher" son gilet explosif et qu'il l'avait caché près d'une poubelle.

Son dernier interrogatoire mercredi doit se concentrer sur son emploi du temps le soir du 13 novembre 2015, alors que Paris sombre dans l'effroi et la sidération.

Un autre objectif ?

A 21h59, Salah Abdeslam abandonne sur une place du XVIIIe arrondissement de Paris la voiture avec laquelle il a convoyé les trois kamikazes du Stade de France, toujours muni de son gilet explosif.

Les détonations ont déjà secoué l'enceinte sportive, trois hommes dont le frère aîné de Salah Abdeslam, Brahim, ont mitraillé les terrasses à l'est de Paris et le massacre du Bataclan a commencé depuis douze minutes.

Salah Abdeslam envisageait-il "autre chose" ? Le communiqué de revendication de l'organisation Etat islamique (EI) mentionne une attaque dans le XVIIIe arrondissement de la capitale, et il est le seul membre des commandos à s'y être rendu.

Aurait-il pu viser le métro comme a pu le suggérer un fichier retrouvé dans un ordinateur d'une planque bruxelloise ?

Salah Abdeslam appelle ensuite plusieurs de ses "copains" à Bruxelles, Mohammed Amri puis Hamza Attou, aujourd'hui ses coaccusés, pour qu'ils viennent le ramener en Belgique.

Interrogés mardi, les deux hommes ont regretté "l'erreur" d'une vie, répétant qu'ils ne s'étaient à "aucun moment" doutés que leur "pote" de la commune bruxelloise de Molenbeek était impliqué dans les attaques.

Mohammed Amri est contacté le premier, vers 22h30. "Il me dit qu'il avait fait un sale crash (de voiture, NDLR), qu'il était en France - il a pas dit Paris je précise - et que je devais venir le chercher", a-t-il assuré dans le box.

Interpellé après quatre mois de cavale

Ce dernier refuse, mais Salah Abdeslam insiste. Quand Mohammed Amri quitte à 2h00 du matin son travail au Samu social de Bruxelles, il prend la route avec Hamza Attou.

Le seul membre encore en vie des commandos a alors rejoint Châtillon, au sud de Paris, où il patiente dans une cage d'escalier, engageant la discussion avec deux adolescents. Il est récupéré au petit matin par Mohammed Amri et Hamza Attou.

Dans la voiture, Salah Abdeslam leur dit qu'il "a menti" pour les faire venir, "que les attentats, c'est eux", qu'il est le "dixième homme" et qu'il "devait se faire sauter mais que ça n'a pas fonctionné".

Selon Mohammed Amri, il leur a aussi dit "qu'il était rentré dans un café, qu'il y avait que des jeunes et qu'il a renoncé". "Choqués" par ce qu'ils avaient entendu, ni Mohammed Amri ni Hamza Attou ne dénonceront Salah Abdeslam. Ils seront interpellés le 14 novembre 2015. L'homme qu'ils sont allés chercher ne le sera que le 18 mars 2016, après quatre mois de cavale.

Pendant leur interrogatoire mardi, Salah Abdeslam a longuement et ostensiblement discuté avec son voisin de box, se faisant rappeler à l'ordre par le président de la cour.

Au deuxième jour du procès, le 9 septembre, Salah Abdeslam avait dédouané Mohammed Amri, Hamza Attou et un troisième coaccusé, Ali Oulkadi. "Ils m'ont rendu des services alors qu'ils ne savaient rien du tout", avait lancé le Français, aujourd'hui âgé de 32 ans.

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