La Ducasse d'Ath est au cœur d'une tempête. Vendredi, les spectateurs présents s'attendaient à voir un Diable, qui devait, au fur et à mesure, succéder au Sauvage, dont le grimage en noir suscitait une vive polémique ces dernières années. Mais sur le cortège, c'est finalement un Sauvage qui s'est présenté, avec même un anneau nasal, ce qui n'a pas manqué de faire parler.
La décision de se diriger vers un diable plutôt qu'un sauvage était issue d'une commission citoyenne chargée de faire évoluer cette figure controversée. Elle se composait de 10 représentants du folklore, de 10 membres de la société civile et de 40 citoyens. Cette année, des nuances rouges devaient apparaître pour faire office de transition vers ce nouveau personnage. Le "Diable" devait donc normalement être grimé de rouge, et non plus de noir. Mais leur avis a été rejeté, hier soir, ce qui surprend quelque peu les autorités communales, qui sont tombées de haut en assistant aux festivités.
"Mettons cela sur le coup de la fatigue et de l'alcool, je ne sais pas dans quel état il était. Mais c'est la commission citoyenne qui aura le dernier mot. Il n'était pas prévu de faire de la provocation", avait alors déclaré Bruno Lefebvre, bourgmestre de Ath, visiblement surpris. Dans les rues, pourtant, la décision semble avoir convaincu certains riverains, interrogés par nos journalistes. "Je m'attendais à ce qu'il ne change pas, à ce qu'il revienne en arrière", "C'est ce qu'il fallait faire", nous lancent ces habitants.
Mais ce lundi, l'explication est tombée. Où étaient donc les traces rouges ? Et quid de l'anneau nasal ? Pour la couleur rouge, l'explication se trouverait dans l'utilisation de mauvaises fixations et par une transpiration, qui aurait effacé les éléments autour des yeux. "Le symbole, c'était de montrer l'image que la commission de concertation du folklore avait décidée. Le travail n'est pas terminé. Nous avons voulu faire un geste d'ouverture, de transition", affirme même Maisson, qui incarnait ce fameux personnage.
Pas une "provocation", mais une "méprise"
Ce statu quo n'est "pas une provocation", mais bien "une méprise", a confirmé ce lundi l'association en charge de ce personnage, lors d'une conférence de presse improvisée. "Nous avons ajouté du maquillage rouge autour des yeux du Diable. Malheureusement, nous avons été confrontés à des problèmes d'ordre technique. L'ajout de la couleur rouge n'a pas donné le résultat escompté à cause de la transpiration, du fond de couleur noire, ainsi que du manque de luminosité", a justifié la Barque des Pêcheurs napolitains.
Le "Sauvage" est également réapparu dimanche soir, sous les applaudissements du public, avec un anneau autour du nez, un accessoire qui renvoie à l'époque esclavagiste et qu'il avait pourtant délaissé durant la journée. "La présence de l'anneau n'était pas une provocation, mais la volonté de marquer une transition", a ajouté l'association. "Peut-être que dans l'enthousiasme du moment, nous n'avons pas été assez loin dans les éléments que nous voulions mettre en avant. Nous sommes attristés qu'il y ait eu méprise sur les intentions de notre groupe".
L'an prochain, le Diable devrait bien faire partie du folklore. Son anneau nasal devrait lui aussi disparaître ou être remplacé par un bijou nasal classique. "L'idée n'est pas de forcer la main à un changement, l'idée est qu'il n'y ait plus de conflits dans notre Ducasse. C'est un moment de partage, familial, de fête. C'était merveilleux. Évitons qu'il y ait quelque chose, dans la Ducasse, qui soit compliqué", confirme Bruno Lefebvre.
Otez ces traditions que nous ne saurions voir...