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Les habitants de 12 villages de la région d'Ath ont consommé une eau contaminée aux produits chimiques: "Je comprends parfaitement l'inquiétude"

Un scandale sanitaire suscite déjà beaucoup de commentaires. Selon une enquête de nos confrères de la RTBF, entre octobre 2021 et mars 2023, les habitants de 12 villages de la région d'Ath ont consommé une eau contaminée par des produits chimiques extrêmement persistants. Une situation qui était, apparemment, connue de la Société wallonne des eaux et de l'administration régionale. 

Un reportage de la RTBF affirme, sur base d'analyses d'eau réalisées à Chièvres, que les habitants de 12 villages de la région (Chièvres, Tongre-Saint-Martin, Tongre-Notre-Dame, Huissignies, Ladeuze, Moulbaix, Villers-Notre-Dame, Ormeignies, Tourpes, Blicquy, Chapelle-à-Oie, Ellignies-Sainte-Anne, Aubechies) ont consommé une eau contaminée aux PFAS - des produits chimiques extrêmement persistants - entre octobre 2021 et mars 2023. Quelque 12.000 habitants sont concernés. Ils ont donc consommé une eau contaminée dépassant de 5 fois la dose tolérable fixée par l'Autorité européenne de la sécurité des aliments.

"Ces analyses n'ont jamais été communiquées aux citoyens"

Cette révélation a suscité de multiples réactions et indignations. "Ces analyses n'ont jamais été communiquées aux citoyens ni même aux responsables des communes concernées", a dénoncé la ville d'Ath qui a immédiatement interpellé le cabinet de la ministre wallonne de l'Environnement et la Société wallonne des eaux (SWDE) "afin d'obtenir les informations les plus complètes possibles sur la situation et les risques éventuels encourus par les habitants, de même que sur l'efficacité réelle des filtres à charbon placés pour remédier au problème". Par mesure de précaution, cette dernière a suspendu l'utilisation de l'eau du robinet dans l'école communale d'Ormeignies qui a été approvisionnée en eau en bouteille.

Des analyses environnementales détaillées vont être réalisées

Dans la foulée de cette enquête sur la pollution aux PFAS, des analyses environnementales détaillées vont être réalisées dans les zones de Chièvres, Nimy et Feluy afin de disposer d'une vision complète et détaillée de l'enjeu et de pouvoir prendre les mesures qui s'imposent le cas échéant. Des analyses d'eaux souterraines et de sols seront notamment réalisées afin de préciser le périmètre pollué, a indiqué ce jeudi soir la ministre wallonne de l'Environnement, Céline Tellier. Dans un second temps, sur base de ces résultats environnementaux, des analyses sanguines seront proposées aux citoyens, sur base volontaire, a-t-elle ajouté.  

La ministre a rencontré, ce jeudi, la SWDE, les administrations compétentes (le SPW ARNE et l'ISSEP) et la Professeure Corinne Charlier, toxicologue au Centre hospitalier universitaire de Liège (CHU). Elle a ensuite convié les bourgmestres et échevins de l'Environnement des communes de Chièvres, Leuze-en-Hainaut, Beloeil, Ath, Mons, Écaussinnes et Seneffe à une réunion "qui a permis d'entendre les questions et inquiétudes des autorités communales et de répondre à leurs interrogations afin qu'ils soient en capacité de fournir des informations concrètes et précises à leurs concitoyens", a assuré son cabinet ce jeudi soir.  

Selon Céline Tellier, les différentes actions qui ont été prises (dilution puis filtre à charbon actif) depuis mars dernier ont permis de retrouver des valeurs de l'ordre de 19 ng/L pour la somme des 20 PFAS contrôlés dans l'eau distribuée à Chièvres, Beloeil, Ath, Leuze-en-Hainaut, Jurbise, soit des concentrations largement inférieures à la norme européenne qui entrera en vigueur en 2026 (100 ng/l). Ces valeurs sont encore moindres à Écaussinnes (7ng/L), Seneffe (0 ng/L) et Mons (0 et 15 ng/L), selon les premiers échantillons relevés.  

Il est recommandé aux citoyens d'éviter de consommer les œufs et les légumes issus de production locale

Néanmoins, en attendant les résultats des analyses environnementales, il est recommandé aux citoyens des communes de Chièvres, Leuze-en-Hainaut, Beloeil, Ath, Mons, Écaussinnes et Seneffe d'éviter de consommer les œufs et les légumes issus de production locale (potager, poules domestiques), afin de rester vigilants. Des séances publiques seront par ailleurs organisées en concertation avec le Service Public de Wallonie (SPW) et la SWDE avec les citoyens des communes qui en font la demande. Un numéro vert - le 1718 - est également activé pour répondre à toutes les questions que les citoyens pourraient se poser sur les pollutions aux PFAS en Wallonie.  

"Je comprends parfaitement l'inquiétude que suscitent les informations présentées durant l'émission de la RTBF. Les PFAS sont des substances très préoccupantes en raison de leur caractère persistant dans l'environnement, en plus de leurs effets maintenant démontrés sur la santé. La Wallonie prend cette problématique très au sérieux depuis 2021 et n'a eu de cesse d'enquêter pour mieux comprendre leur présence en Wallonie afin de protéger les citoyens. Cette enquête de longue haleine se poursuit et s'accélérera dans les prochaines semaines afin d'objectiver l'exposition réelle des citoyens aux PFAS dans les zones ciblées par le reportage, afin de disposer d'un état des lieux complet et détaillé de la situation", a commenté la ministre.  

"En parallèle, il est impératif d'agir en amont et d'arrêter, au niveau européen, les autorisations données au secteur industriel d'inonder les citoyens de ces polluants dans diverses applications", a-t-elle ajouté.

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  • Un scandale de plus... Personne ne sera coupable de quoi que ce soit, et quand bien même, personne ne sera condamné à quoi que ce soit.

    Eros Spagiattore
     Répondre