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Ukraine: Washington alerte sur une attaque russe possible "à tout moment"

Attaque de l'Ukraine possible "à tout moment", manoeuvres jugées inquiétantes au Bélarus: les Etats-Unis sonnent désormais l'alarme tous azimuts contre la Russie, avec laquelle ils assurent toutefois chercher encore une "porte de sortie diplomatique."

"Nous sommes à un stade où la Russie peut lancer à tout moment une attaque en Ukraine", a estimé la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki, parlant d'une "situation extrêmement dangereuse".

Peu de temps après, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s'est envolé pour l'Europe. A son programme: des consultations avec l'Ukraine et les Européens mais surtout, vendredi, une entrevue avec son homologue russe à Genève.

Washington s'est par ailleurs alarmé des manoeuvres russes présentes et à venir au Bélarus, pays voisin de l'Ukraine.

Le porte-parole du Pentagone a estimé que le président russe Vladimir Poutine était "clairement en train de monter un dispositif de forces lui donnant plusieurs options."

Une responsable du département d'Etat a pour sa part déclaré que des exercices militaires russo-bélarusses annoncés mardi par le Bélarus allaient "bien au-delà de la normale" et pourraient présager d'une militaire permanente de la Russie dans cet ancienne république soviétique restée intimement liée à Moscou.

La même source s'est aussi inquiétée d'un projet de réforme constitutionnelle au Bélarus qui permettrait un déploiement d'armes nucléaires russes dans ce pays frontalier de l'Ukraine mais aussi de la Pologne.

- Débrancher Swift -

Si Moscou passait à l'acte en Ukraine, "aucune option n'est exclue" côté américain, a averti Jen Psaki, interrogée à la fois sur le très stratégique gazoduc Nord Stream 2 débouchant en Allemagne, et sur une exclusion de la Russie de "Swift", un système essentiel d'échanges bancaires internationaux.

En fin de semaine dernière, Washington avait déjà accusé Moscou d'avoir dépêché en Ukraine des agents chargés de procéder à des opérations de "sabotage" afin de créer un "prétexte" pour une invasion.

Ce ton toujours plus alarmiste de la part des Etats-Unis coïncide avec une nouvelle tentative de dialogue avec la Russie.

La diplomatie américaine a ainsi confirmé que le secrétaire d'Etat Antony Blinken rencontrerait son homologue russe, Sergueï Lavrov, vendredi à Genève.

"Il est encore trop tôt pour dire si le gouvernement russe est sincèrement intéressé par la diplomatie, s'il est prêt à négocier sérieusement et de bonne foi, ou s'il utilisera ces discussions comme un prétexte pour affirmer que les échanges diplomatiques n'ont pas tenu compte des intérêts de Moscou", a commenté une source au département d'Etat sous couvert d'anonymat.

Avant cela, Antony Blinken est attendu mercredi à Kiev dans un contexte explosif, la Russie ayant déployé des dizaines de milliers de militaires à la frontière ukrainienne.

- La Russie "agresseur" -

Il y était précédé mardi par son homologue canadienne Mélanie Joly, qui a souligné la nécessité de se tenir "aux côtés de l'Ukraine" face à la Russie qui "est l'agresseur".

Le secrétaire d'Etat américain se rendra ensuite à Berlin pour des discussions avec le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne.

Londres a de son côté annoncé l'envoi d'armements, comme des missiles antichars, à l'Ukraine, alors que Kiev se plaignait justement du manque d'empressement des Occidentaux à renforcer leur aide militaire.

La Russie avait auparavant réclamé mardi des réponses "concrètes" à ses exigences avant tous nouveaux pourparlers sur l'Ukraine.

En plus d'un traité bannissant tout élargissement de l'Otan, en particulier à l'Ukraine et la Géorgie, une autre ex-république soviétique, Moscou réclame que les Américains et leurs alliés renoncent à organiser des manoeuvres et des déploiements militaires en Europe de l'Est.

Des négociations la semaine passée à Genève, Bruxelles et Vienne n'ont jusque-là permis que de constater le fossé séparant Moscou des Occidentaux.

"Nous attendons les réponses qu'on nous a promises (...) afin de poursuivre les négociations", a dit le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

- La Russie se dit menacée par l'Otan -

La Russie nie toute velléité belliqueuse en Ukraine et se dit menacée par le renforcement de l'Otan dans la région.

Mais au cours d'une conférence de presse avec son homologue allemande Annalena Baerbock, M. Lavrov a rejeté la demande occidentale de retirer les dizaines de milliers de soldats russes présents à la frontière ukrainienne, assurant que ces troupes ne menaçaient personne.

"Plus de 100.000 soldats russes, équipements et chars ont été déployés près de l'Ukraine sans raison. C'est difficile de ne pas voir cela comme une menace", a répliqué Mme Baerbock.

Ajoutant aux tensions, Moscou a commencé à envoyer un nombre indéterminé de soldats au Bélarus pour des exercices de préparation au combat aux frontières de l'UE et de l'Ukraine.

Le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine a signifié aux attachés militaires étrangers en poste dans la capitale russe que ces manoeuvres étaient destinées à "repousser une agression extérieure".

En réponse à une révolution pro-occidentale en Ukraine, la Russie a déjà annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée et est largement considérée comme étant le parrain militaire de séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, théâtre d'une guerre depuis près de huit ans.

burx-aue/ube

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