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La crise économique provoquée par la pandémie présente "des différences fondamentales" avec la Grande Dépression et la croissance devrait reprendre plus vite malgré un chômage très élevé et une profonde récession, a affirmé dimanche le patron de la Banque centrale américaine, Jerome Powell.
"Je ne crois pas du tout que ce soit un résultat probable", a dit M. Powell, lors d'une interview sur CBS à propos d'une Grande Dépression du type de celle des années 1930. Il a cité une économie florissante avant la pandémie, des banques solides et une réaction adéquate des autorités.
Pour autant, il estime qu'un pic du taux de chômage à 20 ou 25% est probable, et que la chute du PIB des Etats-Unis au deuxième trimestre aux Etats-Unis sera "facilement dans les 20, les 30%".
L'économie américaine a été très sévèrement ralentie par les mesures de confinement imposées à la majorité de la population du pays pour tenter d'enrayer l'épidémie qui a déjà fait près de 90.000 morts dans le pays et en a infecté près d'un million et demi, selon les données disponibles compilées par l'université Johns Hopkins. Les Etats-Unis comptent ainsi le plus grand nombre de décès dans le monde.
Le patron de la banque centrale a estimé qu'il était impossible "de trouver les mots pour exprimer la souffrance" infligée par la maladie, mais s'est voulu optimiste pour l'économie à plus long terme.
"Sur le long terme et même le moyen terme, je déconseillerais vraiment de parier contre l'économie américaine. Cette économie va se remettre", a lancé M. Powell. Toutefois "il faudra sans doute un peu de temps, ou même un temps certain, cela pourrait aller jusqu'à la fin de l'année prochaine, de fait on n'en sait rien".
Au total, près de 36,5 millions de personnes ont pointé au chômage depuis l'arrêt brutal de l'activité économique mi-mars, et le taux de chômage a grimpé a bondit de 3,5% en février à 14,7% en avril. Tous les indicateurs se sont effondrés, de la croissance (-4,8% en rythme annuel au 1er trimestre) à la consommation, moteur traditionnel de l'économie américaine, en passant par la production manufacturière.
Mercredi, M. Powell avait déjà affirmé ne pas croire à une reprise "en V", une chute brutale suivi d'un retour très rapide de la croissance. Et il avait appelé les élus à tout faire, même si cela s'avère coûteux, pour éviter une longue récession dont les effets délétères frapperaient une fois encore les populations les plus fragiles.
Dimanche, il a réitéré sa prédiction d'un rétablissement plus lent qu'il ne l'envisageait auparavant, mais a néanmoins jugé que l'économie pourrait redémarrer "dès le troisième trimestre".
- Statistiques de santé -
Mais au-delà des indicateurs économiques que la Banque centrale compile et essaye d'anticiper, M. Powell a souligné que l'heure était surtout à la maîtrise de la pandémie, en l'absence de vaccin ou de traitement ayant fait ses preuves thérapeutiques.
Le débat fait rage aux Etats-Unis entre les partisans d'une réouverture rapide de l'économie et ceux d'une ouverture lente et raisonnée pour tenter d'éviter une seconde vague d'infections.
"Vous savez, la chose qui compte plus que toute autre pour le moment ce sont les indicateurs de santé. C'est la diffusion du virus. Ce sont toutes ces choses qui y sont associées" comme par exemple les mesures de distanciation sociale, a expliqué M. Powell.
Pour lui c'est une condition sine qua non pour que l'économie puisse redémarrer.
M. Powell a aussi estimé dimanche que la première économie du monde ne pourrait se remettre totalement du choc provoqué par la pandémie qu'avec un vaccin.
"Si on part du principe qu'il n'y aura pas de seconde vague [d'infections par le coronavirus], je pense qu'on verra l'économie guérir progressivement pendant tout le second semestre", a déclaré M. Powell.
"Toutefois, pour que l'économie se rétablisse complètement, il faut que les gens retrouvent pleinement confiance. Il faudra peut-être attendre l'arrivée d'un vaccin", a souligné M. Powell.
L'administration Trump a retenu 14 candidats à un vaccin et promet de pouvoir fournir des centaines de millions de doses à la population américaine d'ici à janvier. Une promesse trop optimiste selon certains experts.