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Abandonné par son propriétaire, un âne se retrouve seul et démuni dans son enclos: "Il brait la nuit car il a faim, les autorités ne font rien"

"Nous sommes confrontés à une aberration", nous écrit Dolorès, via le bouton orange Alertez-nous. Membre d’un refuge agrée pour équidés, cette jeune femme tenait à signaler le traitement et les conditions de vie dans lesquelles vit Zoé, un âne de la région montoise. 

En effet, celui-ci, abandonné par son propriétaire, est livré à lui-même dans son enclos, sans nourriture, sans soin. Son salut, il le doit à un voisin, qui vient le nourrir plusieurs fois par jour, à travers le grillage qui sépare les deux jardins. Nous avons été à leur rencontre pour comprendre comment ils en sont arrivés là. 

"Cela dure depuis plusieurs années"

Lorsque nous arrivons sur place, l’endroit où vit cet âne, posté dans un jardin d’une avenue résidentielle, fait peine à voir. Des arbres au sol, de l’herbe pas entretenue, de la boue… Le lieu n’est clairement pas adapté à la vie d’un âne seul. Et pourtant…

"Le propriétaire est à l’hôpital, et même avant, il ne s’en occupait plus", note Dolorès, qui s’inquiète du sort de Zoé, l’âne. "La fille du propriétaire ne s’en occupe pas non plus. Il brait la nuit car il a faim, il est sous la pluie toute la journée, ses pattes sont dans un état lamentable", déplore-t-elle.

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Grâce à la bienveillance d’un voisin qui vient nourrir l’âne plusieurs fois par jour, ce dernier est encore maintenu en vie. "C’est triste, on voudrait en faire plus, mais la fille du propriétaire ne veut pas le lâcher, par orgueil, sans doute…", explique-t-il. "Il n’y a jamais personne, sans nous, il serait déjà mort. Je me suis permis d’enjamber la grille une fois pour aller le brosser, mais techniquement, je ne peux pas, alors je le nourris seulement".

Avec le temps hivernal, on s’inquiète d’autant plus pour Zoé. "Il n’y a aucun endroit pour s’abriter, l’âne vit sous la pluie, tout le temps mouillé. On voit qu’il a du mal à se déplacer à cause de ses pattes et de l’amas de mauvaises herbes ou branches. Il n’y a même pas d’herbe pour qu'il puisse se nourrir seul", détaille-t-il.

"Impossible pour nous d’agir"

Du côté de Dolorès et de son association de protection des animaux, on s’insurge du sort réservé à Zoé, mais surtout de l’inactivité des autorités compétentes. "En matière de bien-être animal, c’est honteux", affirme-t-elle. "Pour nous, c’est impossible d’agir : les autorités se renvoient la balle, il n’y a aucun appui, on nous laisse dans l’inconnu".

Ce problème, il n’est pas récent, selon Dolorès. "On a des dossiers à notre association qui datent de plusieurs années et qui n’avancent pas. Quand on veut avoir des nouvelles, c’est la croix et la bannière".

Ce sentiment d’impuissance révulse Dolorès, qui voudrait pouvoir sortir Zoé de son enfer. Seulement, elle n’en a pas le pouvoir seule. "À quoi servons-nous en tant que refuge agréé si nous ne savons pas agir en cas de négligences et maltraitances et qu'à chaque fois tout le monde se renvoie la balle ?

Un service débordé

Afin de comprendre cette situation, nous nous sommes rendus à l’Unité de bien-être animal. Cette cellule d’agents de police est spécialisée lorsqu’il s’agit de traiter les plaintes provenant de cas de maltraitance animal. 

Selon Bruno Cardinal, coordinateur de l’Unité, il y a surtout un problème de tri. "Nous recevons environ 1.500 plaintes par an dans notre service, il faut pouvoir faire le tri, voir ce qui mérite vraiment une enquête ou non, cela prend du temps", explique-t-il.

"En effet, tout le travail de cette unité de 18 personnes en tout est de vérifier, déterminer les éléments, analyser les plaintes non-fondées". Tout cela, cela prend du temps, mais Bruno Cardinal refuse de dire qu’ils n’agissent pas. "Notre service gère une cinquantaine de saisies par an. Cette année encore, nous avons sauvé plusieurs centaines d’animaux".

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Selon les chiffres proposés, plus de 200 chiens, 100 chats, 150 oiseaux, et même un singe ont été sortis d’affaire, grâce à l’intervention de l’Unité du bien-être animal.

Seulement, aller rechercher un animal en difficulté ne se fait pas d’un claquement de doigts, ce qui ralentit encore les procédures. "Pour rentrer chez les gens inspecter, nous devons avoir une autorisation de visite domiciliaire. Même avec cela, une personne peut se retrouver dans un refus d’obtempérer, et nous devons alors reprendre des procédures pour obtenir un mandat de perquisition, accompagné d’un policier".

De plus, les cas diffèrent et les priorités aussi. "Ces procédures lourdes ne se font que s’il y a une grande maltraitance animale. Lorsque c’est moins "grave", c’est encore plus dur pour nous d’agir", précise Bruno Cardinal.

Stopper les achats compulsifs 

Contacté par nos soins, le cabinet de la Ministre du Bien-être animal, Céline Tellier, a formulé une réponse écrite à nos interrogations sur le sort de Zoé.
"Concernant donc les actions pour stopper le phénomène d’abandon, nous agissons prioritairement en amont pour éviter les achats impulsifs. Nous avons ainsi pris de nombreuses mesures – dont le permis de détention - pour renforcer la sensibilisation avant l’acquisition d’un animal", nous explique-t-on.

"Concernant les refuges, nous entretenons des contacts réguliers avec les représentants de ce secteur, afin d’être informés des réalités de terrain. Les refuges sont des partenaires privilégiés de la Région Wallonne pour améliorer le bien-être des animaux et nous sommes bien conscients de la saturation de ces derniers. Nous activons tous les leviers possibles pour les aider", conclut le communiqué.
 

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