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Le quotidien d'une jeune Bruxelloise est chamboulé depuis un an. L'adolescente souffre d'évanouissements plusieurs fois par jour. Très inquiète, sa famille tente de trouver une solution médicale. La jeune fille a consulé différents spécialistes et a réalisé de nombreux tests médicaux. D'après un cardialogue, ces syncopes seraient des malaises vagaux. De quoi s'agit-il ? Est-ce dangereux pour la santé ? Et existe-t-il un traitement ?
"Je suis un grand-père désespéré. Ma petite-fille de 14 ans souffre d’évanouissements quotidiens et il n’y a aucune solution", s’alarme Jean-Paul via le bouton orange Alertez-nous. Selon ce retraité de 71 ans, cette situation compliquée nuit fortement au bien-être familial. "J’appelle au secours à toute personne qui pourrait nous donner une piste", lance le septuagénaire originaire du Brabant wallon.
Depuis un an, Céline (prénom d'emprunt) est sujette à des syncopes plusieurs fois par jour. "Au début, c’était 6 à 7 évanouissements quotidiens. Un jour, elle a même dû être transportée à l’hôpital depuis l’école", raconte Jean-Paul.
Ses jambes se dérobent et, en quelques secondes, elle tombe par terre
D’après lui, les malaises peuvent avoir lieu à tout moment. "Cela lui est déjà arrivé dans les escaliers ou dans la rue. Ses jambes se dérobent et, en quelques secondes, elle déconnecte et tombe par terre. On a heureusement réussi à la récupérer, mais c’est risqué. Cela dure qu’une à deux secondes, puis elle revient à elle", explique le grand-père.
Pour tenter de trouver une explication et surtout un traitement éventuel, l'adolescente consulte différents spécialistes avec sa mère, la fille de Jean-Paul. "Elle a vu son médecin traitant, un diabétologue, un neurologue et même un psychologue car on pensait peut-être à du harcèlement scolaire. Ma fille et son mari ont vraiment fait un tour complet des médecins à Bruxelles pour aborder tous les problèmes possibles", assure le retraité.
On lui a fait une vidange de l’estomac et un test de diabète
Céline réalise également de nombreux tests médicaux. "On lui a fait une vidange de l’estomac et un test de diabète. On a essayé de voir si ce n’était pas aussi des perturbateurs endocriniens. Mais aucune réponse précise. C’est comme si tous ces spécialistes ne pouvaient pas déterminer quelle est sa maladie, malgré tous leurs diplômes", déplore-t-il. "Ma fille a l’impression de devoir payer 60 euros pour 30 minutes de consultation et de sortir avec toujours plein de questions sans réponses".
C’est vraiment la catastrophe
Pour Céline et ses parents, cette recherche s’apparente à un parcours du combattant. Les conséquences sur leur vie sont importantes. "Ma fille est dans tous ses états. Elle doit s’absenter de son boulot pour conduire sa fille aux rendez-vous médicaux. C’est vraiment la catastrophe. C’est à devenir fou", confie Jean-Paul. Sans parler des difficultés pour l’adolescente, confrontée à des évanouissements fréquents. "Ma petite-fille est privée de toute distraction car elle craint toujours de tomber dans les pommes. Et, à l’école, c’est aussi compliqué à gérer", souffle le grand-père inquiet.
Un cardiologue trouve une piste: "Il s’agirait d’un malaise vagal"
Lors d’une consultation, un cardiologue trouve une piste. "Selon lui, il s’agirait d’un malaise vagal. Quand la tension diminue, le cœur corrige cette baisse en poussant plus de sang dans les veines, mais visiblement, chez ma petite-fille, cela ne se fait pas. On a demandé l’avis à un deuxième cardiologue qui confirme ce diagnostic", indique Jean-Paul.
Un malaise vagal est une perte de conscience très brève due à une baisse soudaine de la pression artérielle, du rythme cardiaque et du flux sanguin cérébral. "La plupart du temps, il y a des symptômes prémonitoires, comme des nausées, une bouffée de chaleur, une vision qui se brouille et diminue. Les syncopes vagales sont très brèves, 1 à 2 secondes alors que les syncopes neurologiques peuvent durer plusieurs minutes par exemple", explique Philippe Pirenne, cardiologue au centre médical du Solbosch à Bruxelles.
Un diagnostic plausible
D’après ce spécialiste, le diagnostic posé par ses confrères pour Céline est plausible. Selon lui, lors de syncopes vagales, l’étape la plus importante est un interrogatoire lors de la consultation avec le patient. "Dans 90% des cas de syncopes vagales, le diagnostic est posé après une vingtaine de questions. On essaie de savoir quelles sont les conditions dans lesquelles les malaises surviennent. Est-ce au repos ou après un effort ? Est-ce après un changement de position ? Est-ce que la personne a consommé de l’alcool avant ou est-ce que cela arrive après un repas ? En fonction des réponses, cela nous oriente vers un diagnostic parmi les différentes syncopes possibles", détaille le cardiologue.
Visiblement, certains cas sont plus compliqués car la personne ne se souvient plus d’avoir eu des symptômes prémonitoires. "Il faut alors creuser davantage en enregistrant le rythme cardiaque pendant 24 à 48h, en espérant qu’une syncope se produise. Cela permet d’exclure une série de diagnostics. En 25 ans de carrière, j’ai eu une dizaine de syncopes incompréhensibles. Sans explications".
Quand surviennent les syncopes vagales ?
En général, les syncopes vagales surviennent quand la personne est plutôt au repos ou après un effort intense. "Des patients craignent par exemple d’avoir un malaise en roulant à 120km/h sur l’autoroute, mais à ce moment-là vous êtes particulièrement attentifs, vigilants et pas au repos. Cela n’arrive donc pas. C’est plutôt après un bon repas arrosé au restaurant, après être resté assis pendant un certain temps et, au moment où vous vous relevez, vous avez une bouffée de chaleur et vous n’arriverez pas jusqu’à la porte", note Philippe Pirenne.
Cette réponse ne semble pas rassurer Jean-Paul et sa famille qui espèrent une solution médicale. "Les médecins nous disent juste que cela va passer. Ils ne semblent pas inquiets. D’après eux, c’est monnaie courante. Surtout chez les jeunes filles au stade de la puberté. Que cela peut être lié à un coup de stress, une émotion. Mais on identifie aucune raison au niveau psychologique", assure le retraité.
Ces malaises sont ultra fréquents, surtout chez les jeunes filles
Philippe Pirenne confirme ces informations. "Les malaises vagaux sont ultra fréquents, surtout chez les jeunes filles en phase de croissance. Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres. Certains peuvent en avoir toute leur vie avec des périodes de rémission et d’autres ne plus jamais en faire. La nature est ainsi faite", souligne le cardiologue.
Et les causes possibles sont nombreuses, comme le fait de se lever brusquement ou un stress intense. "Il faut plusieurs éléments déclenchants, plusieurs facteurs qui atteignent un certain seuil pour provoquer une syncope", précise le spécialiste.
Un prototype de syncope vagal, c’est par exemple lors d’une prise de sang, la personne voit le sang, est à jeun et change de position. Ces facteurs combinés amènent alors à un malaise.
Dangereux pour la santé ?
D’après Philippe Pirenne, il n’y a effectivement pas d’inquiétude à avoir. "Ces médecins banalisent parce que la vie de cette jeune fille n’est pas en danger. Cela peut arriver 10 fois par jour. C’est surtout très embêtant pour la personne car cela peut avoir des répercussions sur sa vie. Après une syncope, la personne est vraiment fatiguée. Et dans ce cas-ci, cela peut avoir des conséquences au niveau scolaire par exemple".
Ce qui peut être dangereux, ce sont plutôt les conséquences de la chute. "Si la tête de la personne tombe sur le coin d’une table par exemple. Cela sera d’autant plus problématique si la personne est âgée et dispose de moins de réflexes", indique Philippe Pirenne.
Et un traitement est-il possible pour diminuer les risques d’évanouissement ? Céline prend actuellement un médicament prescrit par le cardiologue. "Il semble avoir un peu d’effet. Le problème s’est un peu atténué. Aujourd’hui, elle a parfois 2-3 évanouissements par jour, parfois rien. C’est incompréhensible", confie son grand-père.
Il faut boire plus de 2 litres par jour
Selon Philippe Pirenne, aucun médicament pour traiter les syncopes vagales n’est validé en Belgique. La prévention la plus efficace est une bonne hydratation. "Il faut boire plus de 2 litres par jour. Pas de café ni d’alcool, mais des liquides qui restent dans l’organisme. Essentiellement de l’eau", conseille le cardiologue.
Si Jean-Paul ne doit pas craindre de séquelles au niveau médical pour Céline, reste que cette situation est très difficile à vivre. "Je me sens vraiment impuissant. Je suis en état de stress. Nous sommes perdus", soupire le grand-père.





"malgré tous leurs diplômes" La médecine est une science, et comme toute science, il reste plein de choses à étudier, comprendre et modéliser. Il vaut mieux des médecins qui avouent ne pas savoir plutôt que des charlatans (genre magnétiseurs, naturopathes et autres) qui vont inventer avec assurance une cause basée sur de la pseudo-science ou des croyances...